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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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a bien précisé que ce procès se déroulait devant une autre juridiction.
    — Mais c’est tout de même pour cela qu’il est resté en ville.
    — Je l’ai écouté avec beaucoup d’attention, et il n’a nullement expliqué…
    — En tout cas, c’est par pur hasard que nous l’avons revu, trancha Felip avant que les esprits ne s’échauffent. Le hasard est chose bien étrange, non ? Qu’un propriétaire terrien désagréable et que nul ne connaît puisse dîner un jour au palais épiscopal et pas le lendemain, puis qu’il choisisse ce jour précis pour quitter la ville à l’improviste, voilà qui ne peut relever que du hasard.
    — Assurément, dit Andreu. Le vent du destin nous porte là où il le veut.
    Il sourit.
    — Aujourd’hui, il nous a réunis sur la même route. C’est curieux de voir que ce genre de choses se produit souvent. Moi-même, je suis un jour entré dans une taverne innommable, dans quelque misérable village perdu dans les montagnes. Ce site se trouvait à dix rudes journées de marche de chez moi et était habité par huit familles revêches et cinq fois plus de chèvres. Je m’assieds à la première place libre et, juste à côté de moi, qui vois-je ? Un homme qui avait été mon condisciple.
    — Effectivement, dit le confesseur. Moi aussi, il m’est arrivé…
    Et la conversation fut nourrie d’innombrables récits de coïncidences.
    Le confesseur semblait n’avoir vécu jusqu’ici que de rencontres fortuites avec des gens déjà connus. Il venait d’achever sa troisième anecdote quand Yusuf attira l’attention de tous.
    — Pardonnez-moi, señores, mais je me demande si c’est bien de hasard qu’il s’agit. En nous dépassant, Don Gonsalvo a prétendu ne pas connaître Gilabert. Pourtant, à Barcelone, il parlait de lui à un ami comme s’il le connaissait depuis toujours.
    — Peut-être s’agit-il d’un autre Gilabert, émit Isaac. Ils doivent être plusieurs à porter ce nom.
    — C’est vrai, seigneur, dit Yusuf. Je n’y avais pas songé.
    — Sinon, fit remarquer Felip, ce serait bien étrange, je vous le concède. Mais l’heure tourne. Irons-nous voir si Gilabert a besoin de quelque chose ? demanda-t-il en se tournant vers Andreu. Ensuite, je chercherai mon lit. Je vous souhaite à tous une bonne nuit.
    D’un commun accord, les voyageurs se levèrent pour regagner leurs chambres.
    — Comment se porte le genou de Votre Excellence ? demanda Isaac. Je ne voudrais pas que la douleur nuise à votre repos.
    — Il ne me gêne aucunement. Connaissiez-vous déjà l’histoire de Yusuf ?
    — Non, Votre Excellence. Yusuf ?
    — Oui, seigneur ? dit le garçon d’une petite voix. Je n’aurais pas dû parler ainsi, je le sais. Mais j’avais oublié cette conversation jusqu’à cet instant, et elle m’est revenue.
    — Ne te tourmente pas. Tu n’as nui à personne, le rassura l’évêque.
    — Il y avait encore autre chose, seigneur.
    — Quoi donc ?
    — Don Gonsalvo a demandé ce qu’était devenu l’argent qu’il avait confié à Norbert. À titre de don ou de paiement, je ne m’en souviens plus.
    — Voilà qui est fort intéressant, conclut Berenguer. Ce Gonsalvo mérite qu’on le surveille de près.

CHAPITRE IV
    Les montagnes
     
    Le lendemain matin, le fracas des cloches réveilla les voyageurs bien avant prime. L’un après l’autre, ils quittèrent péniblement leurs minces matelas afin d’affronter cette nouvelle journée. Des bancs de nuages annonciateurs de pluie et de vent flottaient au-dessus du prieuré. Nul n’était effleuré par la tentation de paresser dans l’air glacial du dortoir bondé ou des cellules au mobilier austère. Une fois debout, chacun s’activait.
    Le déjeuner fut long à venir. Quand il arriva, ce fut pour se révéler froid et spartiate. Dès qu’ils eurent terminé, Berenguer fit ses adieux, et son escorte se hâta de quitter les froids locaux des moines pour la chaleur relative de la route.
    — Je n’aimerais pas être moine, dit le confesseur des religieuses.
    L’homme avait le don d’exprimer tout haut ce que les autres avaient le tact de garder pour eux.
    — Les sœurs ne vivent pas de manière somptueuse, poursuivit-il, mais, par une froide matinée, leur réfectoire est toujours chauffé, et la nourriture bonne et abondante.
    Berenguer fronça les sourcils.
    — Nous avons largement puisé dans leurs ressources. Et ils nous ont offert ce qu’ils avaient. Leur

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