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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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les frappait de plein fouet, immobilisant quasiment les bêtes et les gens.
    — Votre Excellence, dit le capitaine, il est inutile de tenter de poursuivre. Ces arbres nous offriront quelque abri, et nous pourrons en profiter pour manger.
    Berenguer céda devant les forces combinées de la tempête et de ses hommes.
    Il fut quasiment impossible de faire du feu. Les cuisiniers distribuaient des fruits, du fromage et du pain, mais tous souffraient trop du froid, de l’humidité et de la fatigue pour apprécier une nourriture aussi froide et humide qu’eux-mêmes. Renforcés par trois soldats de Barcelone, les gardes postés au périmètre du bosquet s’étaient installés le plus haut possible, fouettés par le vent et la pluie, à l’exception de celui qui était chargé de surveiller Sor Agnete. Le souvenir de l’attaque était trop cuisant, et le capitaine n’autorisait personne à demeurer seul. Ils étaient donc tous serrés les uns contre les autres, amis et ennemis, serviteurs et maîtres, jeunes et vieux.
    L’orage se déchaîna au point de transformer la route en rivière. Il s’abattait sur les mules et les chevaux qui s’étaient regroupés pour se protéger un peu. Quand il se calma enfin, ce fut aux bêtes que le capitaine s’intéressa en premier lieu, et tous ceux qui le purent arrachèrent des poignées de paille fraîche aux chariots afin de les bouchonner. Puis les voyageurs essorèrent de leur mieux leurs vêtements et repartirent en direction de l’ouest.
    Ce fut un groupe misérable et trempé qui arriva en fin d’après-midi dans les élégants quartiers d’habitation de la chartreuse de Terrassa. Les moines découvrirent avec effroi cet homme dégoulinant qui était l’évêque de Gérone. Ils étaient anéantis. Ils pouvaient loger Son Excellence, certes, mais il ne restait plus assez de place au couvent pour accueillir ne fût-ce que deux ou trois membres de sa suite.
    — Si l’escorte de Votre Excellence pouvait se rendre au prieuré de Santa Maria de Terrassa, de l’autre côté de la rivière, dit l’abbé, je suis certain que le prieur ferait pour eux tout ce qui est en son pouvoir.
    — Nous irons tous, et je vous remercie pour votre aide, répondit Berenguer.
    — Il ferait ce qui est en son pouvoir ? reprit Bernat. C’est plutôt de mauvais augure.
     
    À Santa Maria, après un frugal repas, les bols à soupe et les assiettes avaient été débarrassés. Malgré ses protestations, Gilabert avait été conduit dans une chambre à part et livré aux bons soins de Naomi et de Raquel. L’évêque et son secrétaire s’étaient enfermés avec le prieur. Le reste du groupe, quelque peu réchauffé et ragaillardi par la soupe chaude et le gobelet de vin fournis par les bons frères, s’attardait à bavarder.
    — J’ai été surpris de voir Don Gonsalvo nous dépasser, dit Bernat. J’avais cru comprendre qu’il envisageait de demeurer un peu à Barcelone.
    — Qui est ce Don Gonsalvo ? s’enhardit à demander Judith.
    Jusqu’en cet instant, elle était restée assise près de son mari, à la table du souper, et s’était contentée de lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Mais la nature ne l’avait pas conçue pour garder le silence quand la conversation était intéressante. Au grand amusement de son mari, elle commençait à traiter les prêtres comme s’ils étaient des femmes à titre honoraire, des personnes sûres avec qui l’on pouvait bavarder sans crainte.
    — C’est un propriétaire terrien qui vit plus à l’ouest ou au sud, me semble-t-il, maîtresse Judith, lui expliqua Bernat.
    — C’est ce que j’en avais conclu, fit-elle d’un ton acerbe.
    Bernat s’inclina comme pour s’excuser.
    — C’est exact, maîtresse Judith, puisqu’il voyage sur notre route. Je ne puis vous dire rien de plus sur son compte, si ce n’est que nous avons dîné ensemble au palais épiscopal de Barcelone. Je l’avoue, maîtresse Judith, je n’ai pas apprécié sa compagnie à table. Il parle sans fin à propos de n’importe quoi, et d’une voix forte et désagréable.
    — Nous avons eu le privilège de connaître son opinion sur des sujets aussi divers que le mariage des filles et les procès, ajouta Francesc avec sécheresse. Ce fut un repas des plus instructifs.
    — Justement, n’est-ce pas un procès qui le retenait à Barcelone ? reprit Bernat.
    — Non, lui répondit le confesseur des religieuses. Vous vous trompez, mon père. Il

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