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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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richesse et leur nombre ont beaucoup diminué ces dernières années.
    — Je ne voulais pas me montrer peu charitable, Votre Excellence, mais…
    — Vous m’en voyez satisfait. Je suis certain que vous prenez en pitié le désarroi dans lequel ils vivent.
    — Assurément, Votre Excellence, répondit le confesseur.
    Leur joie de quitter Terrassa fut de courte durée. La route qui les attendait était aussi décourageante que celle qu’ils avaient déjà parcourue. Leurs vêtements étaient encore humides de l’orage de la veille, et Andreu éternuait.
    — Selon vous, jusqu’où pourrons-nous aller aujourd’hui ? demanda Berenguer.
    — Castellvi est à une distance raisonnable, déclara le capitaine.
    — C’est très loin de Tarragone.
    — Nous n’avons pas marché hier autant que nous le désirions, Votre Excellence. Il y a eu l’orage, et puis…
    — Oui, capitaine, je comprends fort bien cela. Bon, si nous ne pouvons aller plus loin, un de mes parents qui vit près de Castellvi nous accueillera, mais il lui sera difficile d’offrir l’hospitalité à tant de gens. Il vaudrait mieux poursuivre jusqu’à Lloselles, où nous pourrons loger au château. Ils ont également plus de place et ne sont pas aussi pauvres que mon malheureux cousin.
    — À condition d’arriver ce soir à Lloselles.
    — Nous devons essayer, dit avec force l’évêque. À Castellvi, je suppose que nous pourrions tous dormir dans la grande salle. Ce serait plus propre et plus calme qu’à l’auberge.
    — Il nous faudra aussi une pièce pour les femmes, et une chambre pour Sor Agnete.
    — Je suis persuadé que mon cousin pourra arranger cela.
    Vu que, sans aucun doute, l’évêque dormait dans la meilleure chambre partout où il s’arrêtait tandis que son hôte et son hôtesse se trouvaient relégués dans quelque recoin obscur du quartier des domestiques, Berenguer pouvait se permettre d’être philosophe en matière de promiscuité.
    — Je ferai de mon mieux, l’assura le capitaine. Mais la route n’est pas facile, et la distance à parcourir dans la montagne est considérable.
     
    Le soleil creva les nuages. Le vent qui les tourmentait et les faisait frissonner séchait peu à peu leurs habits. Mais, plus ils s’éloignaient de Terrassa, plus les montagnes leur semblaient imposantes. Assombries de pins touffus, leurs crêtes se serraient les unes contre les autres comme les dents d’un peigne. Même le plus lent des marcheurs se pressait comme si c’était là un territoire ennemi qu’il convient de traverser en toute hâte. Le monde ne s’ouvrit autour d’eux que lorsqu’ils entamèrent la descente et retrouvèrent la vallée du Llobregat.
    — Nous ne pouvons pas encore faire halte, annonça le capitaine en contemplant sa petite troupe désemparée. Mais comme ils sont nombreux à avoir faim, nous allons tout de même prendre le temps de leur distribuer du pain et du fromage.
    — Ne vous asseyez pas, dit le marmiton quand il passa parmi les serviteurs du couvent, porteur d’un grand panier plein de morceaux de pain et de belles tranches de fromage. Nous mangerons en route.
    — Le pain est rassis, marmonna l’un des palefreniers.
    — Pense plutôt que tu as de la chance de ne pas le trouver vert de moisissure, lui lança le sergent. Le monastère nous a donné le pain qu’il pouvait.
    — Nous nous arrêterons pour nous reposer une fois franchi le fleuve, déclara Berenguer en jetant un regard sombre à ceux qui se plaignaient.
    Les pins furent remplacés par des arbres feuillus et des arbustes, les rochers des montagnes par des terres plus hospitalières. Un des gardes avait été envoyé en avant pour une mission connue des seuls capitaine et sergent, mais la rumeur circula qu’il cherchait un lieu pour la nuit. Le moral s’améliora.
    — Nous n’allons quand même pas nous arrêter ici pour la nuit, dit Raquel quand ils furent en vue du fleuve. Nous venons tout juste de nous mettre en route.
    — Non, je ne le pense pas, répondit Gilabert.
    Il avait regagné le chariot et sa jambe blessée était allongée devant lui. Yusuf chevauchait l’étalon noir.
    — La distance à parcourir est encore considérable avant que d’atteindre ces montagnes.
    — Mais nous venons de les franchir…
    — Il y en a d’autres, expliqua Gilabert avec un sourire. Mais je suis sûr qu’elles ne peuvent vous effrayer, maîtresse Raquel. Vous devez avoir l’habitude des

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