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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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allongé, les yeux clos, et secoua la tête.
    — Pauvre garçon, soupira-t-il. Bonjour, Votre Excellence.
    — Bonjour, Don Gonsalvo. Nous ne nous attendions pas à vous trouver sur cette route. Voilà un heureux hasard.
    — C’est exact, répondit le propriétaire terrien, radieux. J’espère que vous faites un agréable voyage.
    — Bien morne, en fait. Jusqu’à votre arrivée, naturellement.
    — Les meilleurs voyages le sont toujours, n’est-ce pas ?
    Il parla plus bas.
    — Je vois que le malheureux jeune homme recueilli sur la route de Gérone est toujours avec vous. À moins que ce ne soient ses restes que vous ramenez à sa famille, ajouta-t-il d’une voix douloureuse.
    — Oh, non ! lui répondit Berenguer. Il est bien vivant. En fait, il a même chevauché à mes côtés dans la plaine. Malheureusement, cet exercice l’a épuisé, et notre médecin a insisté pour qu’il se repose.
    — Il a chevauché ? Il n’est donc pas sur son lit de mort, dit Gonsalvo dont l’expression changea quelque peu. Excellent.
    — Ah, fit Berenguer, pour cela, nous sommes entre les mains du Seigneur, n’est-ce pas ? Habituellement, tout au moins…
    Sur cette remarque énigmatique, Berenguer s’inclina d’un air magistral. Gonsalvo éperonna son cheval et partit au galop.
     
    La route grimpait pour redescendre, grimpait à nouveau et redescendait encore, à travers des forêts de plus en plus épaisses, et ses méandres les entraînaient en direction du nord et de l’ouest.
    — Mais Tarragone est au sud, se plaignit le marmiton. Nous avons pris la mauvaise route. On a le soleil dans le dos. Nous nous sommes perdus.
    — Tais-toi, lui dit son collègue. Nous ne sommes pas perdus.
    — Tu préférerais peut-être franchir la rivière à la nage et escalader les montagnes ? tonna le cuisinier en chef. Parce que nous autres, nous aimons mieux passer par la route et emprunter des ponts.
    — Oui, messire, murmura le marmiton, intimidé mais toujours persuadé qu’ils s’étaient trompés.
     
    Comme ils approchaient de Sabadell, l’ordre habituel du convoi se modifia quelque peu. Francesc Monterranes eut pitié du confesseur des religieuses et vint chevaucher à côté de lui, écoutant patiemment le récit de ses difficultés avec les sœurs. Raquel rejoignit sa mère près du chariot des passagers, et Bernat fut amené à conduire la mule du médecin. Ce dernier ne tarda pas à tuer le temps en bavardant avec le secrétaire de l’évêque.
    À Sabadell, ils retrouvèrent la route qui venait de Gérone.
    — Tant d’heures de marche, dit Naomi à sa maîtresse. Et nous voilà où nous aurions dû arriver il y a plusieurs jours. Tout ça pour qu’un évêque aille rendre ses visites.
    Elle se souvint alors de l’endroit où ils avaient recueilli son patient, et elle rougit, car elle prenait grand plaisir à s’occuper de lui.
    — Tu n’as pratiquement pas marché, Naomi, dit Judith. D’ici à ce que tes membres soient tout engourdis…
    Il avait été convenu entre ceux qui allaient à pied que, dès leur arrivée en ville, ils s’arrêteraient, se reposeraient, feraient un solide repas, boiraient tout leur saoul et repartiraient plus tard – bien plus tard –, une fois restaurés. Mais ils passaient devant des tavernes et des auberges, percevaient les rires joyeux et la conversation bruyante de ceux qui pouvaient jouir de leurs plaisirs, et poursuivaient leur chemin. Berenguer était intraitable. Ils ne pouvaient se permettre de perdre davantage de temps.
    Une humeur sombre régnait sur le petit groupe. À un moment donné, l’évêque demanda une chanson, et Felip tira sans grand enthousiasme son rebec et son archet avant de se mettre à jouer. Andreu chanta un refrain, puis s’excusa en prétextant qu’il avait de la poussière dans la gorge. Il sortit sa petite flûte et exécuta un ou deux airs mélancoliques. Comme par un accord tacite, la musique fut écartée.
    — Qu’ont-ils donc tous ? s’impatienta Berenguer.
    — Ils souffrent de la fatigue et de la faim et savent que bien d’autres journées de voyage nous attendent, répondit Bernat.
    — Nous ne pouvons nous arrêter. Pas encore, tout au moins.
    La brise qui caressait leurs visages s’était changée en un vent assez vif. Les nuages amassés à l’horizon avaient brusquement envahi le ciel et masqué le soleil. Quelques gouttes de pluie se transformèrent en déluge. Le vent hurlait dans la vallée et

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