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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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prenaient plaisir à se plaindre mais, en vérité, les collines ne les effrayaient nullement. Pourtant, leur rythme diminuait quelque peu. Ils avaient déjà parcouru près de huit lieues, et les jeunes garçons d’écurie fermaient à demi les yeux et titubaient de fatigue.
    Le capitaine finit par décider une halte en un lieu relativement plat, tout près d’une borne milliaire.
    — Nous prendrons cinq minutes de repos, dit-il.
    — Le château de Lloselles est-il encore loin ? lui demanda Berenguer.
    — Au moins quatre lieues, Votre Excellence. De chemins comme celui-ci. Ils font de leur mieux, mais ce ne sont pas des soldats aguerris. Nous devrons les laisser souffler toutes les lieues. Cela nous prendra quatre heures, et il y a le risque de se faire surprendre par le crépuscule. Demain, ce sera exactement la même chose, sauf que nous redescendrons, ce qui est encore plus douloureux pour des jambes déjà lasses.
    — Et Castellvi ?
    — Peut-être deux lieues. Nous ferions cela en deux heures, fatigués comme nous le sommes.
    — Dans ce cas, nous ferons étape à Castellvi. Il est, non loin du château, un petit castel qui appartient à un parent de ma mère. Mon cousin nous y accueillera.
    — Je connais l’endroit. Ne conviendrait-il pas de les prévenir ?
    — Assurément. Envoyez Enrique en avant-courrier.
     
    Au castel blotti dans la forêt de Castellvi de Rosanes, l’épouse du châtelain fit la révérence devant le noble évêque.
    — Vous êtes le bienvenu, Votre Excellence. Nous ne pouvons vous offrir qu’un pauvre asile, je le crains, mais nous partagerons ce que nous possédons.
    Cette humilité n’était pas feinte et n’était rien de plus que la vérité. La robe et le surcot qu’elle avait passés à la hâte – ses plus beaux habits, sans aucun doute – étaient en fort piteux état, au même titre que le mobilier de la grande salle. Mais un feu généreux brûlait dans l’âtre, et la pièce était sèche et chaude même si le petit château tapi dans l’ombre était encore imprégné des froidures de l’hiver.
    L’évêque était parfaitement conscient du sacrifice imposé par l’entretien d’une telle compagnie et, au même instant, les palefreniers pénétraient dans les cuisines porteurs de beaux jambons fumés, d’un tonnelet de vin, de deux gros fromages, d’un sac de farine et d’un panier empli de choses diverses – riz, épices et fruits secs.
    — Pourquoi ils distribuent toutes nos réserves ? demanda un garçon d’écurie horrifié à l’idée de manquer.
    — Pourquoi crois-tu qu’il a apporté tout ça ? lui répondit le second du cuisinier. Tu pensais peut-être que l’évêque allait tout manger ? On ne peut pas rémunérer un chevalier sans le sou parce qu’il vous a logé, on n’est pas à l’auberge, et on ne peut pas non plus lui donner de l’or comme si l’on faisait étape dans un monastère. C’est pourquoi on lui apporte des mets de choix venus de la ville.
    — Mais…
    — Ne t’inquiète pas. Nous nous procurerons ce qui nous manque à Vilafranca. La nourriture excellente y abonde.
     
    Soulagés de se retrouver dans les murs solides de ce petit château, les voyageurs oublièrent leur fatigue et leurs membres endoloris. Ils s’assirent gaiement pour partager un souper constitué d’une soupe de gibier à l’oignon et à l’ail ainsi que d’un agneau rôti, que tous mangèrent avec bel appétit. Le châtelain parla chasse avec Gilabert. Celui-ci conversa intelligemment et avec beaucoup de révérence à l’égard de son hôte, mais il mangea peu.
    — Vous sentez-vous bien, señor ? demanda le châtelain en lui proposant une nouvelle coupe de vin. Vous semblez pâle et très las. Et je ne puis m’empêcher de remarquer que vous-même et l’un de vos compagnons ici présents êtes tous deux privés de l’usage d’un bras.
    — Je me sens très bien, répondit Gilabert, livide mais souriant. Il y a peu de jours, je désespérais de la vie à cause de mes blessures. Être vivant et assis à une table, c’est cela, se sentir bien. Le médecin de Son Excellence et son habile fille m’ont tiré d’une mort certaine.
    — Vous avez été assaillis sur la route ?
    — Effectivement, répondit avec sincérité le capitaine tout en esquivant adroitement le sujet de l’agression dont avait été victime Gilabert. Je suis heureux de dire que nos attaquants ont eu plus de pertes que nous, mais nous

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