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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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colère.
    — Comment oses-tu prétendre être mon frère ?
    Antoine fit un signe à ses adjoints derrière la vitre pour qu’ils ouvrent. Il lui jeta un dernier regard.
    — Des types comme toi déshonorent notre tablier. Je n’ai aucun lien avec une crapule de ta sorte. Ça va me faire du bien de te voir chuter sur le parvis du temple.
    Il sortit et croisa M e Lieberman qui se tenait dans la pièce voisine. Dans le petit monde du barreau parisien, l’avocat jouissait d’une réputation enviable. On le citait comme exemple. Jeune avocat pénaliste promis à un bel avenir, il avait tout quitté pour vivre quelques années dans un kibboutz, près de la frontière syrienne. Là, il avait monté une exploitation viticole sous les tirs de mortiers. Une expérience d’exception qui lui avait valu de séduire et d’épouser, quelques années plus tard, une riche héritière du Bordelais. Le couple installé à Paris habitait place des Vosges où se tenait aussi son cabinet. M e Lieberman avait la réputation de n’accepter que des affaires qui le mettaient en position de risque. Il y avait du gladiateur dans cet avocat qui montait au prétoire comme on pénètre dans l’arène. D’ailleurs les jurys ne s’y trompaient guère, écoutant, fascinés, cet homme qui se défendait toujours comme s’il était l’unique accusé du procès. La police, elle, était moins sous le charme, car dans les couloirs du Quai des Orfèvres, une autre réputation le précédait : on murmurait que beaucoup d’accords négociés qui avaient évité des mises en examen embarrassantes étaient l’œuvre aussi discrète qu’efficace de l’avocat.
    Marcas le laissa entrer avec un sourire ironique.
    — Il est à vous, maître.
    — Vous vous moquez de moi. Je veux le voir dans une pièce insonorisée. De toute façon, la procédure est caduque.
    Le commissaire fit un signe à ses adjoints.
    — À vos ordres. On vous laisse ensemble. Les micros sont coupés.
    L’avocat les regarda sortir dans le couloir et fit un signe à son client qui vint s’installer dans la pièce.
    — Mon cher ami, venez. Ils ne peuvent pas vous garder. Figurez-vous que cet idiot de procureur a…
    — Je sais, coupa Della Rocca. C’est vous qui allez m’écouter, maître.
    Un quart d’heure plus tard, M e Lieberman sortit de l’entretien avec son client, le visage impassible. Un à un il fixa les inspecteurs qui entouraient Antoine et d’une voix posée annonça :
    — Mon client a une proposition à vous faire.
    — Que demande-t-il en échange ? répliqua le commissaire.
    — M. Della Rocca est un homme estimé sur la place de Paris. Il tient à sa réputation. Et je ne doute pas qu’il mette à profit sa liberté pour prouver sa bonne foi. Je suis certain que, dans cette malheureuse affaire, sa confiance a été honteusement abusée.
    — Je suis sûr, maître, que vous ferez tout votre possible pour prouver que votre client est, bien entendu, une innocente victime.
    Tassard venait de rentrer. Il hocha la tête : le juge avait accepté le deal. Antoine reprit :
    — J’attends votre proposition.
    L’avocat se pencha sur le bureau.
    — Mon client a une révélation à faire.
    Antoine saisit négligemment la déposition et demanda d’une voix neutre :
    — De quel genre ?
    Les yeux de Lieberman commencèrent à pétiller.
    — Ça, ça dépend de vous.

7
     
    Temple de Jérusalem
    An 33
     
    Caïphe n’était pas certain d’avoir convaincu le procurateur. Il craignait même de l’avoir brusqué en réclamant l’arrestation immédiate de Jésus pour cause de blasphème. Selon Ponce Pilate, tous les prophètes se valaient. Ce n’étaient que des fous, obsédés par une idée fixe, et il en apparaissait tous les jours sur les routes de Galilée et de Judée. Ce Romain ne comprenait rien à la mentalité juive. Pire, il la méprisait. Il suffisait de voir son regard quand Caïphe lui parlait. Le dédain suintait de ses pupilles. Comme un venin intarissable.
    S’il pouvait, il nous massacrerait tous. Il est pareil à tous les peuples qui entouraient Israël et qui ne pouvaient supporter que Dieu les ait choisis, eux, les Hébreux. Une haine qui ne s’éteindrait jamais.
    Le grand prêtre avait un air résolument sombre quand il rentra dans son palais. D’un geste, il indiqua à ses domestiques qu’il souhaitait rester seul, puis se ravisa :
    — Qu’on appelle Enoch ! Je veux le voir à l’instant.
    Un serviteur

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