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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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ventre rebondi.
     
    Quand John reposa sa nuque sur le dossier du fauteuil, ses yeux brillaient. Il tapota doucement le bois de l’accoudoir. L’opération réussirait. Coûte que coûte. Le rythme de ses doigts s’accélérait. En quelques secondes, il se repassa le film des événements tel qu’il l’avait conçu, six mois auparavant. À l’époque, ce n’était encore qu’un scénario, une ébauche née peu à peu dans son esprit. Et voilà que la fiction devenait réalité. Il venait en secret d’écrire la première page d’une épopée qui s’inscrirait en lettres de sang dans l’histoire de l’humanité. La chaleur lui monta au visage. Il se ressaisit et croisa les mains sous son menton. Sa mission n’était pourtant pas terminée, il lui fallait maintenant convaincre le conseil d’administration de l’Association.
    On frappa discrètement à la porte. La voix d’Harold glissa dans l’entrebâillement.
    — Vos invités, monsieur.
    Le président se leva, coupa le portable et rectifia son nœud papillon dans la glace murale.
    Un couple d’âge mur venait d’arriver. Un grésillement se déclencha dans l’oreillette. John produisit son sourire le plus efficace.
    — Maud, quelle joie de vous voir parmi nous ! Et votre fille Betsy, toujours à Harvard ?
    Le visage de la femme rayonnait déjà quand John se tourna vers son mari.
    — Alors, Ted, comment se porte Wall Street ?

19
     
    Israël
    Tel Aviv
    Aéroport Ben Gourion
    21 juin 2009
     
    Un vent chaud balayait le tarmac. Sitôt accomplies les formalités de la douane, Marcas avait été pris en charge par son alter ego israélien et conduit dans un parking bordé de barbelés où l’attendait une jeep de l’armée. Devant l’air surpris du Français, le commandant Steiner avait haussé les épaules en signe de fatalité.
    — C’est la guerre, avait cru entendre Antoine tandis que la jeep s’élançait dans le vrombissement incessant des réacteurs.
    Steiner pointa le doigt vers un hélicoptère stationné près d’un baraquement aux fenêtres grillagées. Il cria quelque chose, mais Antoine n’arrivait pas à entendre. Le conducteur de la jeep accéléra, longea une piste déserte pour déboucher face à une barrière de sécurité gardée par deux femmes soldats, coiffées d’un béret vert. Le long de la piste, une batterie antiaérienne dardait vers le ciel une rangée de missiles au fuselage gris. Après un contrôle minutieux des passes, l’une des gardes ouvrit l’accès tandis que l’autre gardait le doigt sur la détente de sa mitraillette Uzzi.
    — C’est pire qu’un tuilage à l’entrée de votre confrérie, hein ? lâcha Steiner.
    Le commissaire lui lança un regard qui hésitait entre surprise et colère. Déjà qu’il n’appréciait que modérément cette atmosphère d’état de siège, si en plus il lui fallait subir une remarque ironique sur sa qualité de frère, son séjour risquait d’être plus court que prévu. Steiner ne s’y trompa pas qui se reprit aussitôt :
    — Simple plaisanterie, cher Marcas, n’y voyez aucune offense. Ici, nous vivons comme si la fin du monde était pour demain, cela rend notre humour toujours un peu limite . Mais, que voulez-vous, si nous, Juifs, ne pouvons pas rire de tout, alors…
    La phrase resta en suspens. Un Airbus A350 d’Olympic venait de s’engager sur une piste d’envol, les réacteurs en plein rugissement, prêt à catapulter l’appareil dans les airs. La jeep stoppa. Les quatre pales de l’hélicoptère se mirent à tournoyer à leur approche. Marcas descendit et s’engouffra dans la carlingue. Cela faisait des années qu’il n’était pas monté dans un hélicoptère. Si sa mémoire était bonne, c’était pour une opération conjointe avec la gendarmerie en Corse, le temps d’une mission à Ajaccio. Le feulement des pales et le ronronnement du rotor emplissaient l’espace. Il s’assit sur un siège et boucla la ceinture de sécurité. Le conducteur les salua d’un bref signe de tête avant de refermer la porte coulissante. D’un coup Antoine sentit l’engin se soulever comme un ascenseur à propulsion rapide.
    Il se colla contre le hublot pour avoir une vue d’ensemble de l’aéroport mais l’engin avait obliqué vers la droite et il n’aperçut qu’une étendue de terre ocre et caillouteuse. Steiner se pencha vers lui pour échapper au bruit assourdissant du moteur. La cinquantaine naissante, le policier était grand, le

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