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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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agents, passage à la Knesset, puis au musée des Antiquités, dans la salle des faux. Ça devrait vous amuser. Puis le lendemain, visite d’un kibboutz Beth Alpha et cérémonie protocolaire dans la soirée pour la remise du dessin de Poussin à sa propriétaire. Cela vous convient ?
    Antoine replia ses jambes et renifla. Il avait toujours été allergique aux voyages organisés. Bien sûr, il ne s’était pas fait d’illusions sur sa participation à l’opération Deparovitch, mais de là à jouer les simples touristes, aux frais de l’État d’Israël, il y avait certaines limites.
    — Mon cher collègue, je suis très honoré, mais si vous pouviez oublier les visites touristiques… D’autant que, ce soir, comme vous le savez déjà, je risque de me coucher très tard. Pour le reste, je serai ravi de rencontrer mes homologues et d’assister à la cérémonie de remise officielle…
    Steiner allait répondre quand le pilote lui tendit un casque directement branché sur la radio de bord. Une discussion s’engagea en hébreu pendant qu’Antoine se penchait vers le hublot pour tenter d’apercevoir les premiers faubourgs de Jérusalem.
    Brusquement Steiner lui saisit la main. Une ride profonde barrait son front juste au-dessus des sourcils.
    — Commissaire, vous connaissez un certain Lieberman en France ?
    Antoine sursauta. L’avocat de Della Rocca, le receleur du Carré des Antiquaires.
    — Il veut vous parler.
    Marcas tendit la main vers le casque. Steiner plissa les lèvres.
    — Je crois qu’il a une mauvaise nouvelle…

20
     
    New York
    Hôtel Astoria
    21 juin 2009
     
    Dans le fumoir, loin des rires qui résonnaient sous les lustres de la grande salle, se tenait le conseil d’administration de l’American Faith Society. Huit hommes d’âge mûr en smoking strict qui contemplaient en silence l’entrée des invités sur un écran plasma.
    — On a une idée du chiffre des dons de l’an passé ?
    — Soixante-dix-neuf millions de dollars. Tous ont été investis dans des programmes humanitaires et de recherche à travers le monde. Messieurs, si je vous ai réunis exceptionnellement, ce soir, alors que notre fête annuelle bat son plein, c’est qu’un événement imprévu est arrivé.
    — Un signe ?
    — Un signe majeur.
    Chacun des membres du conseil tourna un regard de surprise en direction du président.
    — Avant de satisfaire votre curiosité et, vu la gravité des événements, je crois utile de rappeler à tous l’engagement qui est le nôtre et, pour cela, d’évoquer les circonstances qui nous ont fait devenir membres de notre confrérie. Chacun, ici, a une histoire différente, mais tous, nous avons vécu la même expérience qui a changé à jamais notre vie et modifié pour toujours notre regard sur le monde. Ted, tu es le plus jeune d’entre nous. C’est à toi de parler.
    Ted se leva. Il passa sa main dans ses cheveux ébouriffés comme pour trouver une contenance, puis il entama son récit. Lentement.
    — Hum… On dirait une séance des Alcooliques Anonymes…
    Un rire discret salua ses paroles.
    — Vas-y, Ted, l’encouragea Miller.
    — C’était il y a quinze ans. À l’époque je ne fréquentais plus ma famille. Mon père dirigeait une société d’armement qui travaillait pour la Défense nationale. J’avais milité contre le Vietnam et il était hors de question pour moi de m’associer à cette activité. D’ailleurs, je ne voyais plus mes parents. Ils me versaient une rente suffisante pour vivre à ma guise et je n’en demandais pas plus. Je n’avais qu’une obligation : leur fournir un numéro de téléphone quand je partais en virée. Au cas où…
    Ted se repassa la main dans les cheveux.
    — Et ce soir-là, à Tijuana, le téléphone a sonné. Mon père, venait de faire un AVC. Il était conscient encore, mais le diagnostic vital était engagé. Une question de jours. Ma mère pleurait au téléphone.
    — Tu as fait quoi, alors ? demanda son voisin.
    — J’ai pris une douche, réglé la note de l’hôtel et sauté dans la décapotable. Ah oui ! J’ai aussi jeté l’herbe dans les chiottes. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Quand je suis arrivé au Memorial Hospital de San Diego, il respirait avec difficulté et ses yeux suaient l’angoisse. Pour la première fois, j’ai eu peur. Peur de la mort. Je l’avais toujours déçu. Et là, face à son lit de mort, je me voyais tel que j’étais vraiment. Un

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