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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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souleva le couvercle et contempla les fines aiguilles d’argent.
    — … dans dix minutes. Merci, Jody.
     
    Posé sur la tablette, un dossier de couleur jaune bâillait légèrement. L’angle d’une feuille, frappée du logo d’une agence de renseignements, attira le regard de Miller. Il n’avait pas encore ouvert ce dossier, mais il savait ce qu’il contenait. Des cartes d’une des régions les plus chaudes du monde : le Golan.
    Depuis des décennies, Israël et la Syrie se battaient pour ce bout de terre, ce plateau aride que les deux puissances revendiquaient à coups de raids aériens pour les uns, d’attentats sanglants pour les autres. Sans compter les déclarations péremptoires des deux côtés qui ne servaient qu’à envenimer les choses. Miller secoua la tête. Pourquoi un tel entêtement ? Certes, il y avait des raisons géostratégiques, des conflits historiques, mais rien, dans le fond, qui ne justifiât que l’on s’entretue durant des années pour ce carré de sable battu par les vents. Et pourtant, depuis des décennies, la moindre incursion, la plus petite escarmouche, manquait chaque fois d’embraser tout le Moyen-Orient.
    Résoudre le problème du Golan était devenu une des clés de la paix dans cette région et peu à peu l’une des priorités de l’administration américaine. Émissaires, envoyés spéciaux, militaires s’étaient pressés dans les capitales arabes pour tenter de renouer les fils d’un dialogue impossible. Contacts secrets, tables rondes, invitations à Camp David, tout avait été tenté. En vain : Syriens et Israéliens campaient obstinément sur leurs positions. À tel point que quand la Turquie avait informé Washington qu’une première étape de négociation venait d’être formalisée, le département des Affaires étrangères américain avait failli classer l’information. D’autant que ce n’était pas la première fois qu’Ankara tentait de réunir les deux parties et, à chaque reprise, les négociations n’avaient pas dépassé le stade des déclarations de principe. Sauf que, cette fois…
    On frappa discrètement à la porte.
    — Entrez, Harold.
    Le jeune homme posa un ordinateur portable sur la tablette.
    — Faites-moi un topo sur les dernières informations de nos amis turcs.
    Tess desserra le col de sa chemise et s’éclaircit la voix.
    — D’après nos renseignements, les négociations auraient avancé beaucoup plus vite que prévu. Les deux parties seraient prêtes à d’importantes concessions. Comme vous le savez, Damas et Jérusalem doivent de plus en plus compter avec leurs opinions publiques. Les deux dirigeants ont absolument besoin d’un succès diplomatique majeur.
    — Quelles seraient les conditions du deal ?
    — Inespérées, monsieur ! Jérusalem, qui occupe le Golan, est prêt à le restituer et Damas à signer un traité de paix en échange.
    John Miller ne réagit pas. Il se contenta de tapoter du doigt l’accoudoir gauche. Pure maîtrise.
    — Et qu’est-ce qui bloque ?
    La question désarçonna Harold.
    — Ce qui bloque, monsieur ?
    — Tout juste, monsieur Tess. À ce niveau de réussite diplomatique, il y a toujours un caillou dans le rouage. Un caillou encore invisible, mais qui demain va bloquer toute la machine.
    Harold se passa une main sur le front.
    — Je ne sais pas, monsieur, je croyais que…
    — … que la Syrie et Israël étaient subitement tombés d’accord ? Que Jérusalem allait quitter dès demain le Golan ? Que Damas avait déjà sorti un Montblanc pour signer le traité ?
    Une grimace de désarroi tordit le visage d’Harold Tess. Miller daigna sourire.
    — Vous allez voir que dans les heures qui viennent Israéliens et Syriens vont, comme par hasard, se découvrir un point de désaccord. Un point crucial qui, bien sûr, fera capoter la négociation. Sinon, pourquoi croyez-vous que nos amis turcs feraient appel à nous ?
    D’un coup Harold comprit.
    — Vous voulez dire qu’en fait ni Damas ni Jérusalem n’ont vraiment l’intention de faire la paix ?
    — Je vous le confirme. Ils cherchent simplement à bluffer leur propre opinion publique. Soulever l’espoir, gagner en popularité et, demain, faire retomber sur l’autre la responsabilité de l’échec de la paix.
    — Mais alors, si nous le savons, pourquoi nous…
    — Parce qu’il y a un détail que Syriens et Israéliens ignorent, c’est que nous savons parfaitement quel est le caillou qui

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