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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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incroyable secret qui a fait trembler le Vatican et ils l’ont payé. Cardou veut dire corps de Dieu en occitan. J’ai publié un ouvrage à ce sujet qui a fait grand bruit. Il est honteux que le ministère de la Culture ait refusé de financer mes travaux pour percer la montagne.
    Le marquis regarda Marcas avec un sourire complice, mais laissa parler les convives. Un homme à la voix fluette tapa avec le dos de sa cuillère sur son verre à vin pour prendre la parole.
    — John n’est pas loin de la vérité mais son explication est inexacte. Le Prieuré de Sion, la plus vénérable des sociétés secrètes, est à l’origine de tout et a confié à Saunière le soin de retrouver non pas le corps du Christ, mais sa véritable descendance : les rois mérovingiens qui sont les vrais souverains légitimes de la France.
    De Perenna frappa de nouveau du poing sur la table.
    — Bien dit, mon ami ! Tu pourrais préciser à notre hôte que tu es le nouveau grand maître du Prieuré, association loi 1901 déposée en sous-préfecture.
    — Je suis modeste, vous le savez bien, monsieur le marquis, dit le petit homme d’un ton faussement contrit.
    Cécile regardait Marcas avec malice comme si elle était contente de lui avoir joué un bon tour.
    — Le Prieuré de Sion n’est qu’une fumisterie, tempêta un homme au cou de taureau. Bérenger Saunière a retrouvé l’Évangile secret des cathares : la véritable parole du Christ. D’ailleurs, on a retrouvé la trace de parfaits qui ont fui dans la région après le bûcher de Montségur.
    Pendant l’heure qui suivit, les uns et les autres s’étripèrent avec joie sur leurs récentes découvertes et les derniers livres publiés sur le sujet. Quatre cent quatre-vingts aux dires d’un des convives, lui-même instituteur et auteur d’un fascicule sur l’enfouissement du Graal sous l’église de Rennes. Six cent cinquante-deux, lui rétorqua un jeune universitaire de Montpellier qui finissait un mémoire sur l’hypothèse d’un trafic de messes, taillé en pièces par un partisan d’un complot rosicrucien.
    Arrivé au dessert, Antoine se massait la tempe, il s’était attendu à tout sauf à ça. Il avait un début de migraine à écouter toutes ces théories abracadabrantes même s’il en avait lu une partie. Il consulta discrètement l’horloge de son portable. Le frère Obèse lui avait laissé trois messages. Il fallait qu’il le rappelle. Un bon prétexte pour quitter cette réunion de fous.
    Le marquis leva la main pour demander le silence et s’adressa à Antoine. Il se mit à jouer avec la pelle à tarte.
    — Cher monsieur qui, j’en suis sûr, devez nous prendre pour des frappadingues, je crois que vous aviez des questions à poser sur cette affaire. Nous vous écoutons. Peut-être que l’un d’entre nous pourra vous éclairer ?
    Marcas sursauta. Il leva les yeux vers l’assemblée devenue subitement muette. Il jeta un œil désespéré à Cécile qui croisa les bras et le laissa se débrouiller. Il se lança :
    — À propos du tableau de Poussin. Les …
    —  Bergers d’Arcadie  ! s’exclamèrent en chœur les convives.
    —  Et in Arcadia ego , tonna de Perenna d’un air joyeux. Traduction : « Et va te faire mettre chez les bergers grecs en Arcadie, ego gogo ! »
    Toute l’assemblée éclata de rire.
    Marcas se demanda s’il n’avait pas été invité pour un dîner de cons, où la place d’honneur lui était réservée. Cécile chuchota quelque chose à l’oreille de Perenna hilare, qui reprit ses esprits. Il hocha la tête en regardant un Marcas devenu écarlate.
    — Messieurs les chevaliers de l’absolu saunierien, vous allez nous excuser. Il est déjà tard et je dois m’entretenir avec nos deux amis… Merci d’être venus, et au mois prochain pour le pique-nique annuel dans les ruines du Bézu. N’oubliez pas d’apporter quelques bonnes bouteilles.
    Un à un, les convives quittèrent la pièce en multipliant les accolades et les remerciements. Dix minutes après, le trio se retrouva assis dans des fauteuils confortables sur une terrasse qui donnait sur la vallée. Le commissaire avait accepté un cigare, un Cohiba sorti spécialement pour l’occasion. La domestique apporta un plateau d’argent sur lequel étaient posés une bouteille d’armagnac et trois petits verres. Elle les remplit et s’effaça. Antoine brisa le silence :
    — Vous vous êtes tous bien foutus de moi.
    Le vieux marquis à la

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