Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
Vom Netzwerk:
chevelure argentée lui tapota l’avant-bras.
    — N’y voyez pas malice. On est pire entre nous.
    — Quant à leurs différentes théories, le malheureux Bérenger Saunière doit se retourner dans sa tombe.
    De Perenna secoua la tête d’un air faussement attristé.
    — Ne vous plaignez pas ! On vous a épargné le mage du Bugarach, persuadé que des ovnis se posent ici régulièrement et qu’ils ont enlevé le curé. Ou encore, la grande prêtresse qui croit que la topographie des lieux correspond à l’immense vagin de Vénus.
    — On se retrouve à l’asile pour moins que ça !
    Le marquis fit délicatement tomber les premières cendres de son cigare.
    — Chacun de mes invités de ce soir a passé des années dans les bibliothèques pour arpenter la campagne environnante, persuadé de tenir une piste. Ils ne trouveront probablement rien, mais peu importe, leur vie est infiniment plus riche que le commun des mortels. Ils possèdent en eux une part de mystère. Le moindre signe gravé dans la pierre, le plus petit détail dans le Chemin de croix de l’église, la citation latine obscure, tout prend sens. Ne nous jugez pas avec vos yeux d’ignorant. Nous sommes de pauvres chevaliers perdus dans la quête de merveilleux.
    Marcas avala une bouffée aux délicats arômes de vanille. D’un coup, il se sentit comme apaisé.
    — Reconnaissez néanmoins qu’il y a de quoi être surpris. Pourquoi ont-ils ri quand j’ai parlé du tableau de Poussin ?
    —  Les Bergers d’Arcadie font partie de la mythologie locale depuis des décennies. Vous trouverez ça dans la plupart des enquêtes publiées sur le sujet. Selon une tradition invérifiable, le bon curé en avait une reproduction dans son bureau. La plupart des hypothèses tablent sur une énigme cachée dans ce tableau et qui conduirait à une cache secrète. Bah, rien de neuf sous le soleil du Razès.
    Marcas se leva, irrité. Il en avait assez de jouer. Il haussa la voix :
    — Écoutez, marquis. Je ne suis pas ici pour faire du tourisme ésotérique. Trois de mes collègues et une vieille dame ont été assassinés à cause d’une esquisse du tableau. Quelqu’un prend suffisamment au sérieux vos histoires débiles pour tuer sans merci. Et il se trouve que ce ou ces malades mentaux sont désormais en possession du dessin.
    Le marquis s’était figé. Sa main tremblait. Il posa son verre sur le plateau.
    — Vous avez retrouvé le dessin ?
    Marcas se tourna vers Cécile.
    — Tu ne lui as rien dit ?
    — Non, je pensais que tu lui en parlerais.
    De Perenna s’était levé, blême de stupeur.
    — Ce n’est pas possible. Vous avez vu ce dessin ? Répondez ! dit-il en attrapant Antoine par le col, complètement exalté. Vous ne comprenez pas… ce dessin, c’était la théorie de…
    Le marquis s’abattit sur sa chaise, incapable de continuer.
    Cécile l’interrompit d’une voix blanche :
    — … la théorie de Gilles Carlino, c’est ça ?

46
     
    New York
    Manhattan
    24 juin 2009
     
    Les pages n’étaient même pas jaunies par le temps. La blancheur du papier éclatait comme au premier jour de la fabrication du livre. Les enluminures rouge et or de la couverture jetaient des reflets de feu.
    John Miller caressa machinalement les bords cerclés de fer de l’ouvrage.
    Chaque grand maître de la confrérie de Judas se le transmettait depuis des siècles. Le nom de chacun était dans la liste inscrite sur les deux premières pages de l’ouvrage. John Miller y avait écrit le sien comme l’avaient fait avant lui ses prédécesseurs.
    Lorsqu’il parcourait ces lignes, il éprouvait un vertige. La liste des noms des maîtres de la confrérie traversait les siècles et les pays. Le premier dirigeant de l’ordre, un marchand nommé Zebdias, avait été le successeur direct de Judas, l’un de ses proches. Devenu disciple du Christ par calcul, il avait suivi Paul à travers la Grèce, après sa conversion. Il n’avait dirigé l’ordre que pendant trois ans, incapable de venger son maître. Sa meurtrière, Marie Madeleine, s’était enfuie vers la Gaule, où l’on avait perdu sa trace. Ses successeurs avaient continué leur quête qui allait bien au-delà de l’acte de vengeance.
    John Miller passa son doigt sur le nom du quatrième maître. Jean de Patmos, l’auteur du seul livre sur l’Apocalypse reconnu par l’Église. Celui qui avait été choisi pour donner la vision officielle des derniers temps. Jean, retiré

Weitere Kostenlose Bücher