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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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anglaise qu’il possédait.
    — Il en veut pas et il vous le ramène, ajouta John.
    Mabel White se lança dans une longue tirade à laquelle Liam et son fils ne comprirent pas un mot. Ils durent attendre qu’elle rentre dans la maison sans plus de cérémonie et sans saluer les visiteurs.
    — Aimable comme une porte de prison, laissa tomber John White en faisant signe aux Connolly de descendre de voiture avec le chien.
    — Qu’est-ce qu’elle a dit avant de rentrer ? lui demanda Liam, intrigué.
    — Elle a dit que son mari allait bien tuer Rex à coups de bâton quand il va l’apercevoir. Il est tanné d’avoir des plaintes de tout un chacun que son chien traîne partout. Je te l’ai dit, il a pas bon caractère. Ça me surprendrait même pas qu’il se serve de son fusil pour s’en débarrasser à soir, ajouta le petit homme au moment où ils approchaient de la porte de l’écurie.
    En entendant ces paroles, Liam tourna la tête vers son fils et vit de grosses larmes de désespoir couler sur ses joues et, même s’il en fut étrangement ému, il n’eut pas le temps de dire un mot parce que la porte du bâtiment venait de livrer passage au frère de John White, qui lui ressemblait comme un jumeau.
    Malgré l’obscurité qui tombait déjà en cette fraîche soirée d’octobre, le fermier reconnut son chien fugueur et ses traits se durcirent. John lui expliqua que les Connolly l’avaient trouvé près de leurs vaches, sur leur terre, et qu’ils ne voulaient pas de chien. Ils le rapportaient.
    Sean White salua Liam d’un bref «  Good evening  » et jeta un ordre bref à Rex. Le chien se mit à geindre et se serra plus étroitement contre la jambe de Duncan, comme s’il sentait le sort que son maître lui réservait.
    —  Here ! hurla de plus belle Sean, les traits crispés par la rage. A moment, bastard !
    Sur ces mots, le petit homme se dirigea à pas précipités vers sa remise d’où il sortit un instant plus tard armé de son fusil.
    — Comme je te l’avais dit, fit John, il va le tuer devant nous autres pour s’en débarrasser une fois pour toutes. Il veut plus avoir de problèmes. Il dit qu’il a assez d’un chien et qu’il a pas besoin de celui-là pantoute.
    Au moment où Sean White s’approchait, menaçant, Liam tourna la tête vers son fils qui, le teint blafard, serrait Rex contre lui.
    — Bon, ça va faire, déclara-t-il soudain à John. Dis à ton frère que s’il le veut, il peut me laisser son chien. On le maltraitera pas chez nous. S’il décide un jour de partir, on verra ce qu’il y aura à faire.
    Son voisin leva une main apaisante vers son frère qui arrivait, armé et un peu essoufflé. Il lui expliqua la proposition de Liam. Sean le regarda un court instant ainsi que son fils et le chien. Il finit par acquiescer de la tête, toute rage apparemment disparue. Il dit quelques mots en anglais à son frère avant de raccompagner ses visiteurs au boghei.
    — Fais monter le chien avec toi en arrière, ordonna sèchement Liam à son fils.
    Ce ne fut qu’à ce moment que l’adolescent comprit la portée de cet ordre et son visage fut transfiguré par une joie qu’il fut incapable de dissimuler. Son cœur battait la chamade lorsqu’il fit monter son chien qu’il serra encore plus étroitement contre lui dès qu’il eut pris place à ses côtés.
    Sean White parla durant deux ou trois minutes à son frère avant de saluer les visiteurs et de rentrer chez lui. Liam remit la voiture en marche et s’empressa de demander à son voisin si son frère était satisfait qu’il reparte avec son chien.
    — Je pense qu’il était surtout pas mal soulagé de pas avoir à le tuer devant ton gars, admit l’Irlandais. Il m’a dit de te dire que Rex était peut-être le meilleur des trois chiens de la portée, même meilleur chien de garde que le mien. S’il avait pas eu la manie de prendre tout le temps le chemin, il l’aurait gardé et t’aurait proposé de prendre l’autre. Il a dit aussi qu’il pouvait être pas mal obéissant, qu’il mangeait n’importe quoi et qu’il avait peur de rien.
    — Tout ça, c’est bon à savoir, laissa tomber Liam, toujours aussi peu enthousiaste à l’idée d’avoir un chien de ferme. On verra ben.
    De retour dans le rang Saint-Jean, le conducteur laissa son voisin chez lui avant de reprendre la route jusqu’à sa ferme quelques arpents plus loin, sans desserrer les dents. Sur la banquette arrière, son fils se

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