Au bord de la rivière T4 - Constant
père, en attente de sa décision.
— Va donc la voir après le dîner pour savoir si elle te prêterait un fusil, laissa tomber Liam.
Quand Patrick revint en portant fièrement un vieux fusil prêté par Marie Beauchemin, l’affaire était entendue.
À la fin de cet après-midi-là, Duncan vit partir son père et son frère en compagnie de Rex avec envie. Quand ils revinrent, près de deux heures plus tard, ils rapportaient quatre gros canards qu’ils déposèrent avec fierté sur la table de cuisine.
— Tenez, v’là de quoi vous occuper, déclara Liam à sa femme et à Ann.
— Bon, là, je suis en train de me dire que j’aurais été plus fine de fermer ma boîte plutôt que de t’encourager à aller chasser. On va être poignées, nous autres, pour plumer et vider des canards pendant une semaine ou deux.
— Viens pas te plaindre, toi, la rembarra son mari. Tu voulais de la viande, on t’en apporte. En plus, tu vas avoir toutes les plumes nécessaires pour rembourrer les oreillers au printemps.
Là-dessus, la porte de la maison s’ouvrit sur un Duncan venant annoncer que les vaches attendaient dans l’étable.
— Ça a été plus long sans Rex, fit-il remarquer avec une certaine rancœur.
— C’est drôle comme ce chien-là est devenu indispensable tout à coup et ça fait même pas une journée qu’il est ici dedans, répliqua son père.
Après le repas du soir et les leçons de Duncan, Patrick s’assit près de son frère pour dresser le plan de la niche qu’il faudrait construire sans trop tarder pour l’animal. Liam vint jeter un coup d’œil sur le dessin assez grossier tracé par ses deux fils et leur conseilla de construire une niche de quatre pieds par quatre en tenant compte de la taille imposante de la bête. Il indiqua quel bois ils pourraient utiliser.
— Ça peut attendre une semaine, le temps qu’on chasse. Je vous donnerai un coup de main, promit-il finalement.
En fait, la chasse dura une dizaine de jours et, grâce à Rex, elle fut si fructueuse que Camille put offrir quelques canards à sa mère, à Emma et même à Catherine, pourtant abondamment fournie par Xavier et Antonin.
— Il est temps que ça finisse, déclara Camille à Ann. Juste voir un canard à vider me soulève le cœur. On a beau en manger presque chaque jour, il en reste encore une demi-douzaine dans la chaudière dans le puits.
Chapitre 15
La fin des élections
Deux jours après l’adoption du chien par les Connolly, le vendredi soir, Donat Beauchemin dut faire sa toilette pour aller participer à une réunion du conseil de fabrique au presbytère.
— Torrieu ! se plaignit-il en tentant difficilement de boutonner son col de chemise, il me semble qu’on aurait pu la sauter celle-là. Monsieur le curé est même pas encore revenu de Trois-Rivières. Je me demande bien ce que l’abbé Farly peut avoir à nous dire, ajouta-t-il.
Aucune des trois femmes présentes dans la cuisine ne lui répondit. Quand son homme engagé vint le prévenir que le boghei était attelé, le jeune cultivateur mit son manteau et quitta la maison en promettant à Eugénie, qui préparait Alexis pour la nuit, de ne pas rentrer tard.
Il immobilisa peu après sa voiture à côté de celles de Thomas Hyland et du notaire Valiquette en train de fumer paisiblement une dernière pipe avant de pénétrer dans le presbytère. Samuel Ellis était debout auprès d’eux et avait dû être transporté par son ami le maire.
Donat étendit une couverture sur le dos de son cheval et s’approcha du trio.
— À ce que je vois, il manque juste le père Meilleur, dit-il.
— Il arrive, fit Ellis en désignant de la main la voiture qui montait la côte du rang Sainte-Ursule.
Quand le conseil se retrouva au complet, on alla sonner à la porte du presbytère. La ménagère, tenant une lampe à huile à la main, vint leur ouvrir et prit soin de voir à ce que chacun essuie ses chaussures sur le paillasson avant de leur livrer passage. L’abbé Conrad Farly vint au-devant des visiteurs, toutes dents dehors, et les invita à passer dans la petite salle de réunion. Sans perdre un instant, il salua les cinq hommes et les pria de se joindre à lui pour une courte prière avant de leur offrir de prendre un siège.
— J’ai reçu une lettre de monsieur le curé avant-hier, annonça d’entrée de jeu le remplaçant du curé Désilets. Il a terminé sa retraite annuelle et monseigneur lui a permis d’aller
Weitere Kostenlose Bücher