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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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qu’on aurait pu craindre qu’elle lui arrache la tête.
    — Ça, c’est juste un avant-goût de ce qui t’attend à la maison, mon effronté ! le prévint-elle, l’air mauvais. Si tu t’excuses pas tout de suite à ta maîtresse, j’en ai une autre pour toi… et c’est rien à côté de ce que ton père va te faire pour te montrer à vivre !
    Octave Jutras s’empressa de bredouiller de vagues excuses que sa mère le força, sur un ton menaçant, à répéter de façon claire. Avant de quitter l’école, celle-ci exigea de la jeune enseignante de n’accepter aucune indiscipline de la part de son fils et d’utiliser le martinet, s’il le fallait.
    Durant l’après-midi, Bernadette fit venir Émilienne à son bureau, à l’avant de la classe, pour lui demander pourquoi elle n’avait pas transmis à ses parents la raison de leur convocation à l’école.
    — Mon frère m’a dit qu’il me battrait si je le disais, avoua la petite fille, au bord des larmes. J’ai eu peur.
    Après cet événement, Bernadette n’avait plus la tête à l’enseignement. Elle en venait même à se demander si elle avait bien fait de convoquer la mère du jeune Octave. Certes, il n’était pas question qu’un élève lui manque de respect, mais la simple pensée du traitement que monsieur Jutras allait réserver à son élève lui brisait le cœur.

    Le deuxième dimanche du mois de décembre, Donat recruta Constant Aubé et son frère Hubert pour la guignolée. Il leur confia le rang Saint-Jean et il se chargea du rang Saint-Paul avec Hormidas Meilleur alors que Thomas Hyland et Samuel Ellis collectaient les denrées dans le rang Sainte-Ursule. Eudore Valiquette aurait dû normalement organiser la guignolée, mais des affaires le retenaient à Montréal depuis une semaine et le curé Fleurant s’en était donc chargé. Plusieurs femmes et jeunes filles de la paroisse avaient accepté avec bonne humeur son invitation à venir préparer des paniers de Noël dans la sacristie de la paroisse.
    Malgré le froid intense qui régnait depuis une dizaine de jours sur la région, la collecte alla bon train et les paroissiens de Saint-Bernard-Abbé se montrèrent généreux. Les pots de confiture et de ketchup s’entassaient dans la sacristie près des morceaux de viande et des vêtements.
    À la fin de l’après-midi, Constant invita Hubert Beauchemin à venir se réchauffer chez lui. Ce dernier accepta. En pénétrant chez son voisin, il ne put que remarquer que la maison du jeune meunier était identique au presbytère, ce qui n’avait rien d’étonnant puisque le conseil de fabrique, par souci d’économie, avait décidé de prendre le plan de la maison du meunier le printemps précédent quand il avait fallu construire le presbytère.
    — Théodore a entretenu le poêle, annonça Constant à son invité. On va enfin se réchauffer. Qu’est-ce que je te sers ? Du caribou, du thé ?
    — Une tasse de thé va faire l’affaire, déclara Hubert en retirant son manteau qu’il suspendit à l’un des crochets fixés derrière la porte.
    À l’arrivée des deux hommes, l’employé choisit de se retirer dans sa chambre, les laissant seuls. Constant et Hubert prirent place de chaque côté de la table en pin devant une tasse de thé bouillant.
    — Bernadette m’a dit que t’étais devenu fromager, fit le meunier.
    — Pour ce que c’est utile, dit Hubert, l’air dépité. Comme tu peux le voir, je passe mes journées à bûcher avec mon frère.
    — Je veux pas me mêler de ce qui me regarde pas, mais qu’est-ce qui se passe ? demanda Constant, intrigué. Tu t’étais pas entendu avec Télesphore Dionne ?
    — Oui, mais il a changé d’idée quand je suis revenu à la fin de l’automne. Là, on dirait qu’il est plus pressé pantoute de construire une fromagerie. Il trouve que ça coûterait trop cher. Il m’a demandé de lui laisser le temps d’y repenser jusqu’au printemps.
    — Où est-ce qu’il voulait faire construire ?
    — Il a parlé d’acheter une partie du terrain d’Évariste Bourgeois et de faire bâtir entre son magasin et la forge, répondit Hubert.
    — C’est pas bête comme idée, reconnut Constant.
    — Donat m’a suggéré autre chose, reprit Hubert. Il m’a dit que Tancrède Bélanger souffre tellement de ses rhumatismes qu’il est prêt à vendre sa terre pour aller rester chez son garçon à Saint-Zéphirin. Mais il demande pas mal cher : trois cent

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