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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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vingt-cinq piastres… Quand j’en ai parlé à monsieur Dionne, il a trouvé ça ben trop cher.
    Constant Aubé quitta le banc sur lequel il était assis et alla se planter devant une fenêtre de la cuisine. De toute évidence, il réfléchissait à ce qu’il venait d’entendre. Après quelques instants, il se tourna vers le frère de Bernadette.
    — Écoute, lui ordonna-t-il. Je viens d’hériter de mon frère Édouard qui avait la moitié du commerce de bois avec mon frère Anselme. Qu’est-ce que tu dirais si je te prêtais l’argent qu’il te faut pour acheter la terre de Bélanger ?
    — T’es ben généreux, dit Hubert, tenté par l’offre, mais je voudrais pas me mettre à dos Télesphore Dionne. La fromagerie c’est son idée, et c’est son cousin qui m’a tout montré. Je fréquente sa fille. S’il se fâche contre moi, il peut ben dire à Angélique de plus me recevoir…
    — C’est sérieux entre vous deux ? demanda Constant.
    — Oui, même si je sens que sa mère m’aime pas trop.
    Le silence retomba sur la pièce et les deux hommes purent entendre pétiller les bûches d’érable en train de brûler dans le poêle. Finalement, l’hôte reprit la parole.
    — Il y a peut-être un moyen de s’entendre. Je pourrais te prêter la moitié de la somme. Dans ces conditions, Dionne pourrait pas dire que la fromagerie lui coûte trop cher et tu serais son associé de moitié dans l’affaire. Je suis certain qu’on pourrait faire descendre Bélanger à trois cent dix ou même à trois cents piastres. À part ça, il y a rien qui t’oblige à dire à Dionne que l’argent vient de moi. À bien y penser, ça le regarde pas pantoute. Comme ça, tu vas savoir tout de suite s’il a vraiment l’intention de t’aider à avoir une fromagerie. S’il refuse, il pourra pas dire que tu lui as joué dans le dos et s’il accepte, c’est que ça va faire son affaire.
    Les yeux de Hubert s’étaient soudainement illuminés.
    — En plus, il est entendu que je te demanderai pas une cenne d’intérêts. Tu pourras même me rembourser quand tu voudras. Qu’est-ce que t’en penses ?
    — Ça a pas d’allure, cette affaire-là, se défendit mollement Hubert. C’est pas normal que tu me prêtes autant d’argent sans me demander au moins des intérêts, voyons donc !
    — Laisse faire, déclara le meunier. J’ai le droit de faire ce que je veux avec mon argent.
    — J’en parle à soir au père d’Angélique et demain, je vais venir te dire ce qu’il en pense, dit Hubert, tout excité par cette offre aussi inattendue que généreuse.
    Ce soir-là, le jeune homme ne put s’empêcher de parler de la proposition de l’amoureux de sa sœur à Donat au moment où ils finissaient le train.
    — Ouais ! c’est un pensez-y-ben, fit son frère aîné en s’emparant du fanal suspendu à un clou au mur de l’étable. As-tu pensé à ce que tu vas faire si Télesphore Dionne refuse quand même ?
    Il vit le visage de son frère cadet s’assombrir tout à coup. Il était possible qu’il doive refuser l’offre du meunier pour ne pas se mettre à dos les parents de la belle Angélique. Cet air inquiet ne le quitta pas un seul instant durant le souper.
    — Bonne chance ! lui souhaita Donat au moment où il quittait la maison pour aller veiller chez le marchand général.
    Hubert se contenta de hocher la tête et sortit.
    — Pourquoi tu lui as souhaité bonne chance ? s’informa Bernadette, curieuse.
    — Il doit parler à Télesphore Dionne à soir.
    — Dis-moi pas qu’il a décidé de faire sa grande demande à soir ? intervint Marie, en train de ranger de la nourriture dans le garde-manger.
    — Non, c’est une question d’argent, répondit vaguement Donat.
    — D’argent ?
    Son fils se sentit alors obligé d’expliquer aux trois femmes occupées à différentes tâches dans la cuisine que Constant Aubé avait offert au cadet de la famille de financer une partie de l’achat de la terre de Tancrède Bélanger pour lui permettre d’établir sa fromagerie. Selon Hubert, il était prêt à prêter l’argent sans demander ni intérêts ni parts dans la fromagerie.
    — Il y a encore rien de fait, précisa-t-il. Il faut que Dionne accepte parce que Hubert dit que c’est lui qui a eu l’idée et qu’il veut pas se le mettre à dos. Si j’ai bien compris, il tient surtout à continuer à fréquenter son Angélique.
    Après avoir immobilisé sa sleigh près de la

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