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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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pas et je trouve que ce serait pas humain de le faire geler dans la sleigh à m’attendre une partie de la journée.
    Le nouveau curé de la paroisse s’informa de la santé de chacun des habitants de la maison et prouva qu’il avait pris la peine de bien s’informer sur la famille Beauchemin en disant quelques mots sur son rôle dans le développement de Saint-Bernard-Abbé et en adressant à ses membres quelques paroles de consolation pour les malheurs qui les avaient frappés durant les derniers mois.
    — Je suis passé chez votre fils Xavier pas plus tard qu’hier, dit-il à Marie. Je trouve que ce jeune couple a bien du mérite d’avoir adopté une enfant.
    Il n’y avait apparemment aucun sous-entendu dans cette remarque, ce qui plut à Marie.
    — J’ai aussi visité votre fille Emma, au bout du rang. Voilà un autre bel exemple de mère de famille chrétienne, ajouta Félix Fleurant avec un large sourire.
    — Et il vous reste à visiter mon aînée, ma fille Camille, ajouta Marie.
    — Celle-là, si j’ai bonne mémoire, c’est celle qui a épousé un veuf avec quatre enfants, reprit le prêtre.
    — En plein ça, monsieur le curé.
    — Si je me trompe pas, il vous reste seulement deux enfants qui sont pas mariés, poursuivit le curé de Saint-Bernard-Abbé en regardant les trois hommes présents dans la pièce.
    — Il y a Bernadette qui fait la classe dans la petite école en face du magasin général.
    — Une bonne maîtresse, fit le prêtre qui avait visité l’école pour vérifier l’enseignement du catéchisme.
    — Et il y a aussi mon fils Hubert qui fréquente la petite Dionne, la fille de Télesphore Dionne, le propriétaire du magasin général.
    Marie saisit le regard inquisiteur du pasteur en direction de Constant, mais celui-ci la devança.
    — Moi, monsieur le curé, je suis Constant Aubé, le meunier et le cordonnier de Saint-Bernard. Je reste de l’autre côté de la route.
    — Ah bon ! fit Félix Fleurant. Quand j’ai frappé à ta porte tout à l’heure, personne a répondu.
    — Mon homme engagé devait être aux bâtiments, l’excusa Constant. Je suis ici depuis le début de la semaine à me faire soigner par madame Beauchemin, expliqua-t-il. Je suis tellement bien traité que j’ai de la misère à partir.
    — T’es chanceux d’être tombé sur une bonne chrétienne, déclara Félix Fleurant en souriant.
    Après avoir rappelé sans insister la dîme à acquitter, le prêtre bénit les personnes présentes dans la pièce avant d’endosser son manteau et de quitter la maison, en route vers les voisins.
    Ce midi-là, le curé de Saint-Bernard-Abbé remarqua les traits tirés de sa cuisinière pendant qu’elle déposait devant lui un bol de soupe aux pois.
    — Dites-moi, madame Mousseau, êtes-vous fatiguée ? s’enquit le gros prêtre.
    — Un peu, monsieur le curé, admit la veuve.
    — Dites-moi, j’ai pas pensé à vous demander quel jour de la semaine vous vous reposez, dit-il.
    — Je travaille sept jours par semaine, monsieur le curé.
    — C’est pas normal, madame, que vous ayez pas au moins une journée par semaine pour respirer un peu. Vous avez de la famille dans Saint-Bernard ?
    — Ma fille et mon gendre qui restent dans le rang Saint-Paul.
    — Qu’est-ce que vous diriez de prendre vos dimanches ? suggéra le prêtre. Vous pourriez aller chez votre fille après la messe et revenir après le souper.
    — Voyons, monsieur le curé, protesta Bérengère Mousseau, ça a pas d’allure. Qui va vous faire à manger le dimanche ?
    — Vous avez juste à regarder ma bedaine pour vous rendre compte que je suis pas homme à me laisser mourir de faim. Je suis bien capable de me préparer à dîner et à souper.
    — Je peux vous préparer les repas du dimanche la veille, si vous le voulez, proposa la veuve, enchantée que le nouveau curé la libère le dimanche.
    — Il en est pas question. Si vous faites ça, je mangerai pas ce que vous aurez préparé, affirma Félix Fleurant avec un bon gros rire. Bon, c’est réglé, à partir de demain vous êtes libre le dimanche
    C’est ainsi que dès le lendemain, la servante du curé commença à profiter d’un jour de repas hebdomadaire. Cette visite de sa belle-mère ne fit peut-être pas un grand plaisir à son gendre, mais sa fille apprécia de passer une journée chaque semaine en compagnie de sa mère.
    À la fin des premiers jours de décembre, trois chutes de neige

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