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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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maison des Dionne, Hubert demeura un long moment assis dans le véhicule à répéter à mi-voix les arguments qu’il désirait mettre de l’avant pour persuader le marchand général d’accepter la proposition de Constant Aubé. Finalement, il allait se décider à descendre pour frapper à la porte de la maison des Dionne quand la porte s’ouvrit sur une Angélique un peu inquiète.
    — As-tu un problème ? lui cria-t-elle en serrant contre elle son châle de laine verte.
    — Non, j’arrive, répondit-il en s’empressant de descendre et d’étaler une grosse couverture sur le dos de son cheval.
    À son entrée dans la maison, Hubert salua les parents de l’institutrice et s’informa poliment de leur santé avant de suivre la jeune fille dans le salon.
    Télesphore et Alexandrine Dionne feignaient de ne pas se rendre compte que l’attachement était en train de devenir plus profond entre les deux jeunes gens, ce qu’ils ne désiraient nullement. La longue absence de Hubert durant son stage avait en fait renforcé les liens entre eux, contrairement à l’attente des parents d’Angélique. Le fils de Baptiste Beauchemin ne cachait que difficilement son intention de demander la main de leur fille unique au printemps. Il n’était pas certain que cette demande serait repoussée par la belle Angélique, même si elle savait bien que deux obstacles de taille s’opposaient à ce projet.
    Sa mère continuait à avoir des visées beaucoup plus hautes pour sa fille instruite, tandis que son père reprochait à son amoureux de ne pas avoir un sou vaillant et doutait qu’il puisse faire vivre sa fille convenablement. L’un et l’autre acceptaient que Hubert Beauchemin vienne veiller au salon en sa compagnie… mais en espérant l’apparition d’un prétendant plus reluisant.
    Cependant, ce soir-là, le jeune homme mit tant d’enthousiasme à expliquer à son amoureuse l’offre de Constant Aubé que celle-ci ne put faire autrement que de partager son emballement.
    — J’ai pas l’intention de dire à ton père d’où vient l’argent, précisa-t-il. J’aimerais autant que tu lui en parles pas.
    — Sois sans crainte, le rassura-t-elle.
    — Y as-tu pensé ? demanda-t-il à Angélique. Quand je vais demander ta main à ton père, j’aurais déjà notre maison et notre fromagerie… Il me semble qu’il pourra pas dire non.
    Un air de doute se peignit sur les traits de la jeune fille.
    — Irais-tu le prévenir que j’aimerais lui parler ? se décida-t-il finalement à dire, la gorge soudainement sèche.
    — Je trouve que tu vas bien vite en affaires, lui fit-elle remarquer sans participer à son enthousiasme. Tu devrais peut-être pas demander déjà ma main à mon père…
    — Non, je veux pas faire ça à soir, se défendit Hubert. Je veux juste lui parler de mon idée de m’associer avec lui pour la fromagerie.
    Rassurée, Angélique quitta le salon et entra dans la cuisine pour informer son père que son amoureux voulait lui parler.
    — J’espère que c’est pas pour ce que je pense, laissa tomber Télesphore, la mine sévère en regardant sa fille. J’aime autant te dire tout de suite que ma réponse va être non.
    Sa femme approuva d’un hochement de tête. Le propriétaire du magasin général se leva lourdement de sa chaise berçante et suivit sa fille dans la pièce voisine.
    — Il paraît que tu veux me parler ? demanda Télesphore Dionne au fils de Baptiste Beauchemin.
    — Oui, monsieur Dionne, je voulais vous parler de la fromagerie.
    — De la fromagerie ? demanda le marchand, étonné, s’attendant à un tout autre sujet de conversation.
    — Oui, est-ce que vous changeriez d’idée si je mettais cent cinquante piastres dans notre affaire ? J’ai pensé que si on achetait la terre et le roulant de Tancrède Bélanger, on pourrait peut-être le faire baisser à trois cents piastres…
    — Où est-ce que t’as trouvé tout cet argent-là ? fit Dionne, en le dévisageant, l’air soupçonneux.
    Le visage de Hubert se ferma.
    — C’est pas bien important, monsieur Dionne, répondit-il d’une voix neutre. J’ai l’argent et je suis prêt à le mettre dans la fromagerie.
    Le propriétaire du magasin général se gratta la tête, la mine perplexe.
    — Tu vas me laisser une couple de jours pour penser à mon affaire. Je te donnerai ma réponse samedi prochain.
    Sur ces mots, il quitta le salon et alla informer sa femme dans la pièce voisine. Déçu

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