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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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fait venir pour travailler, pas pour se pavaner au milieu de la place, avait rétorqué Eugénie, l’air mauvais.
    Célina, gênée d’être l’objet de cette scène, s’était éloignée.
    — Je te ferai remarquer, Eugénie, que ma tante Mathilde nous l’a laissée surtout pour aider ma mère, était intervenue Bernadette à son tour.
    — Je veux bien le croire, mais à cette heure que ta mère est plus là, c’est moi la maîtresse de maison et elle va faire ce que je lui dis de faire.
    Cette dernière déclaration incita les trois sœurs à se regarder, surprises.
    — La maîtresse de quelle maison ? fit Emma en élevant un peu la voix. Si tu parles d’ici dedans, je te ferai remarquer qu’il y a rien qui dit que m’man l’a laissée à Donat. On est là, nous autres aussi. À ce que je sache, m’man s’est jamais donnée à Donat. Il va falloir attendre la lecture du testament pour savoir, ajouta-t-elle, en dissimulant mal sa colère.
    Eugénie pâlit soudain, car ce qu’on venait de lui dire ne lui avait jamais effleuré l’esprit.
    — Bon, c’est pas encore le temps de ce genre de discussion, avait tranché sœur Marie du Rosaire qui les avait écoutées sans dire un mot. En plus, il est possible que nous repartions pour Sorel avec Célina après le service.
    Vaincue, la femme de Donat s’était tue, mais la querelle avait fait l’objet de plus d’un commentaire depuis, et Eugénie avait fait bien attention de ne pas se montrer trop cassante avec l’orpheline, comme si elle essayait de rentrer dans ses bonnes grâces. Ce matin-là, quand elle la vit endosser son manteau aux côtés de Hubert, elle n’osa donc rien dire.
    Le convoi funèbre était formé d’une quinzaine de sleighs et de berlots qui vinrent s’arrêter devant la chapelle où de nombreux paroissiens attendaient l’arrivée du corps. L’élégante catherine conduite par Eudore Valiquette fut le dernier véhicule à prendre place au bout du défilé. Le cercueil fut porté à l’intérieur où le curé Fleurant, vêtu de ses habits sacerdotaux noirs, attendait la dépouille de sa paroissienne.
    La chapelle était pleine aux deux tiers de fidèles. Le prêtre anima une cérémonie empreinte de simplicité en insistant davantage sur les joies de se revoir un jour que sur les déchirements de la séparation. La famille Beauchemin, regroupée à l’avant, apprécia énormément ce soutien.
    À la fin de la messe, la plupart des participants accompagnèrent le prêtre jusqu’au charnier où le cercueil allait être entreposé jusqu’au dégel de la terre.
    À la sortie du cimetière, les filles de Marie Beauchemin invitèrent les gens à venir prendre une petite bouchée à la maison, mais tous refusèrent poliment, comprenant que le moment était venu de laisser les membres de la famille se retrouver entre eux. Armand et Amanda Beauchemin furent les premiers à prendre congé et retournèrent à Sainte-Monique.
    De retour à la maison paternelle, Emma, Catherine et Camille refusèrent, elles aussi, de rester dîner en prétextant qu’il était temps de rentrer chez elles et de rattraper tout le travail qui n’avait pas été fait durant les derniers jours. Pour sa part, Eugénie se réjouit de se retrouver enfin maîtresse de la grande maison de pierre et elle fit des vœux pour que les religieuses rentrent à Sorel dans l’après-midi. Pourtant, elle aurait dû songer que si telle avait été l’intention de Mathilde Beauchemin, elle serait montée avec sa compagne dans la sleigh de son frère Armand qui était allé la chercher à l’orphelinat.
    — On va rester toutes les trois avec vous autres jusqu’à demain après-midi, déclara avec autorité la religieuse, alors que Célina dressait déjà le couvert.
    — Toutes les trois ? demanda Eugénie, surprise, en installant Alexis dans une chaise berçante.
    — Je pense que Célina va revenir avec nous autres, déclara, péremptoire, la grande et forte femme. À cette heure, t’as plus à t’occuper de ta belle-mère. T’as juste ton petit et ton ordinaire à faire, t’as vraiment plus besoin d’elle.
    — J’ai entendu Emma dire hier qu’elle serait ben contente d’avoir Célina avec elle pour prendre soin des enfants, intervint Hubert, assis au bout de la longue table.
    — Elle m’en a pas parlé, déclara la religieuse.
    — Je suis certain qu’elle va vous le dire, répliqua le fromager.
    — Seigneur ! s’exclama sa tante, on

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