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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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au salon où elle s’installa sur une chaise, près du cercueil, ayant décidé sans consulter personne à quel rythme le chapelet devait être récité.
    — On va avoir tout un problème pour coucher mon oncle Armand et ma tante Amanda à soir, se plaignit Eugénie à ses belles-sœurs. On va manquer de place.
    De fait, chez les Lafond comme chez les Connolly, il était impossible d’héberger ces visiteurs. Toutes les chambres étaient occupées.
    — Je les inviterais ben chez nous, intervint Hubert. J’ai de la place, mais il y a pas de meubles dans les chambres en haut. Léon dort sur une paillasse et moi, j’ai juste un lit.
    — Attendez, j’ai une idée, fit Bernadette qui n’avait encore rien dit.
    La jeune femme alla retrouver Constant en train de parler avec Cléomène Paquette, Antonius Côté et Conrad Boudreau, son voisin immédiat, de l’autre côté de la route. Elle lui parla du problème d’hébergement.
    — Ils n’ont qu’à venir coucher à la maison, dit-il sans la moindre hésitation. J’ai deux chambres libres.

    Les deux jours suivants furent pratiquement identiques au premier. Durant la journée, il y avait une petite vague de visiteurs au milieu de l’après-midi, et le soir leur nombre grossissait sensiblement. Quand le curé Fleurant n’était pas présent pour diriger la prière, sœur Marie du Rosaire s’en chargeait avec ostentation.
    Lorsque le matin des funérailles arriva, plus d’un membre de la famille, surtout les femmes, avait l’impression d’avoir passé toute sa vie à faire la cuisine et le ménage de la maison.
    Le vendredi matin, Anatole Blanchette stationna son long traîneau noir devant la porte de la façade de la maison des Beauchemin quelques minutes avant neuf heures. Il était le seul paroissien de Saint-Bernard-Abbé à posséder ce type de véhicule. Le temps était singulièrement doux ce matin-là quand l’homme pénétra dans la maison où tous les membres de la famille s’étaient déjà regroupés pour faire un dernier adieu à celle qui avait dirigé cette demeure pendant plus de quarante ans.
    À l’entrée du gros homme dans le salon, le silence tomba sur la maison et les enfants furent regroupés dans la cuisine d’été, sous la garde d’Ann et de Célina. Mathilde Beauchemin s’agenouilla près du cercueil, aussitôt imitée par toutes les personnes présentes et on récita une dernière dizaine de chapelet. Ensuite, Camille, à titre d’aînée de la famille, pria tout le monde de se retirer dans la pièce voisine alors que Constant et Rémi arrivaient dans le salon avec le couvercle du cercueil qui fut vissé rapidement.
    Après ce travail, les trois fils de la disparue, aidés par Armand Beauchemin, sortirent la bière de la maison et allèrent la déposer sur le long traîneau.
    Chacun s’empressa pendant ce temps d’aller chercher son manteau.
    Hubert attira sa sœur Camille un peu à l’écart pour lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Celle-ci se borna à hocher la tête avec un pauvre sourire. Le jeune homme alla ensuite trouver Célina occupée à calmer les enfants dans l’autre pièce.
    — D’après Camille, Ann est capable de se débrouiller toute seule avec les enfants. Si ça te tente, tu peux venir avec moi aux funérailles de ma mère.
    — Qu’est-ce qu’Eugénie va dire de ça ? demanda l’orpheline, hésitante.
    — Ma belle-sœur a rien à dire. C’est pas ta patronne, ajouta-t-il abruptement. Viens-tu ?
    — J’arrive, accepta-t-elle.
    La veille, il y avait eu une scène assez pénible entre Emma, Camille, Bernadette et leur belle-sœur. L’épuisement des derniers jours n’avait probablement pas été étranger à la courte dispute. Depuis le début de la matinée, Eugénie, toujours aussi geignarde, n’avait cessé de donner des ordres à l’orpheline, incapable de voir qu’elle ne suffisait pas à la tâche. Si la femme de Donat s’était elle-même dépensée sans compter, personne n’aurait rien trouvé à y redire, mais comme à son habitude elle en faisait le moins possible.
    — Lâche-la un peu, bondance ! avait fini par s’écrier Emma. Elle a juste deux mains après tout !
    — On la nourrit et on l’héberge pour qu’elle se rende utile, avait lâché Eugénie d’une voix acide.
    — Il y a tout de même des limites à ambitionner sur le monde, était intervenue Camille. Elle fait presque tout à ta place depuis que m’man est partie.
    — On l’a

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