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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Emma lors de son arrivée.
    — Ça paraît que le printemps approche, déclara le notaire à Donat pendant qu’on le débarrassait de son manteau. On voit maintenant au moins la moitié des piquets de clôture. Ça fond pas mal l’après-midi quand le soleil chauffe un peu.
    — En tout cas, on est prêts pour les sucres, répondit le jeune homme. On a fini hier d’accrocher les chaudières aux arbres et ça a commencé à couler.
    — Et, comme tous les ans à cette période de l’année, les chemins commencent à être défoncés, ajouta le notaire.
    — C’est pas mieux dans les champs, intervint Xavier. On a toutes les misères du monde à sortir le bois qu’on a bûché cet hiver.
    — En passant, reprit l’homme de loi de Sainte-Monique, ton fromage est le meilleur que j’aie jamais mangé, dit le visiteur en se tournant vers Hubert qui en rougit de fierté. Je te dis que si je veux en avoir, il faut que je me lève de bonne heure pour aller l’acheter au magasin général, il disparaît vite.
    Pendant cette courte conversation, chacun prit place autour de la grande table, dans la cuisine.
    — Je vois que les conjoints sont absents, dit le notaire en regardant autour de lui. Ils auraient pu assister à la lecture du testament, ajouta-t-il en posant son lorgnon sur son nez après avoir ouvert son porte-document en cuir.
    En fait, Eugénie était l’unique conjointe présente dans la maison et elle s’était installée dans le salon, près de la porte, de manière à tout entendre de ce qui se dirait dans la pièce voisine.
    L’homme de loi se racla la gorge et déplia un court document devant lui.
    — Le testament de votre mère est daté du 15 janvier dernier, précisa-t-il. Je vous le lis.
    «  Moi, Marie Camirand, veuve de Baptiste Beauchemin, saine de corps et d’esprit, laisse tous mes biens à mon fils Donat. Il aura cependant la charge d’assurer la subsistance de mes deux seuls enfants non mariés, soit Bernadette et Hubert, jusqu’à ce qu’ils se marient.
    J’aimerais que Donat remette à chacun de ses frères et sœurs une de mes courtepointes en souvenir et qu’il fasse chanter cinq messes pour le salut de mon âme.  »
    Donat devina qu’un large sourire devait illuminer le visage de sa femme après qu’elle eut entendu le contenu du testament de sa belle-mère. Les membres de la famille savaient depuis longtemps qu’elle rêvait du jour où elle règnerait sur la grande maison en pierre.
    Il n’y eut aucune contestation. Tous trouvaient que la décision de leur mère était tout à fait justifiée puisque Donat avait toujours travaillé sur la terre paternelle et en avait pris charge dès que son père avait été dans l’incapacité de l’exploiter.
    Le notaire Letendre replia le testament, heureux de constater qu’aucune dispute familiale ne s’élevait. Il prit rapidement congé.
    — Qu’est-ce que vous diriez si on se partageait tout de suite les courtepointes de m’man ? suggéra Bernadette, les larmes aux yeux.
    Les femmes ainsi que Xavier et Hubert se dirigèrent ensemble vers le gros coffre placé au pied du lit de la grande chambre du rez-de-chaussée. On choisit une courtepointe, en étant bien conscient de tout le travail que chacune représentait. Évidemment, on se rendit vite compte qu’Eugénie n’avait pas tardé à reprendre possession de la chambre qu’elle avait si longtemps désirée.
    Donat, un peu mal à l’aise d’hériter de tout, parlait peu, mais il était clair que ses frères et sœurs acceptaient la situation.
    — On est enfin chez nous, déclara Eugénie quand elle se retrouva seule avec son mari.
    — Ouais, fit-il, l’air sombre. J’espère juste que personne s’est senti volé par le testament de ma mère.
    — Ce qu’elle nous a laissé, on l’a pas volé, répliqua- t-elle.
    — Je le sais, dit-il, mais je veux que mes frères et mes sœurs se sentent encore chez eux quand ils vont mettre les pieds ici dedans.
    Sa femme sembla avoir le goût de faire une remarque désagréable, mais elle eut cette fois la sagesse de se taire.

    Quelques jours avant la semaine sainte, Bernadette vit arriver sans plaisir Charlemagne Ménard qui ne lui avait pas rendu visite depuis le début du mois de janvier, lors de l’accrochage avec le curé Fleurant.
    Le visage fermé, l’inspecteur se présenta à la porte de son école et, sans se donner la peine de manifester une politesse excessive à son endroit, se mit à

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