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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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qu’il venait de dévaler. Sors pas, il y a du fumier partout sur la galerie et dans l’escalier. Je viens de tomber en bas de la galerie.
    — T’es-tu fait mal ? s’inquiéta-t-elle.
    — Pose donc pas de question niaiseuse, répliqua-t-il dans le noir.
    — D’après toi, qui a fait ça ?
    — Je le sais pas. Si je le savais, je l’étranglerais, le bâtard !
    — Il me semble que tout ça serait pas arrivé si t’avais allumé un fanal pour aller aux toilettes, lui fit-elle remarquer.
    — J’ai pas besoin de fanal pour aller aux toilettes. Je sais où est-ce qu’elles sont, répliqua-t-il rageusement.
    — En attendant, tu vas me faire le plaisir d’aller te décrotter au puits et, après, de rentrer dans la maison par la porte d’en avant. Laisse ton linge sale dehors. Je vais te sortir une jaquette propre.
    Samuel Ellis alla se laver à l’eau froide du puits en ronchonnant, laissa sur place son vêtement de nuit souillé et rentra, nu, dans la maison.
    — C’est fin encore de se promener tout nu dehors, dit-il avec mauvaise humeur à sa femme qui lui tendit une jaquette propre.
    — C’est moins pire qu’en plein jour, laissa-t-elle tomber avant de le précéder dans leur chambre. En tout cas, tu me feras pas croire que c’est pas encore une affaire d’élection, cette histoire-là, dit-elle à son mari avant de souffler la lampe.
    — Laisse faire ! lui ordonna-t-il. Les enfants de chienne de Bleus l’emporteront pas au paradis, promit-il.
    L’homme ne retrouva le sommeil qu’aux petites heures du matin, cherchant désespérément à imaginer une vengeance proportionnelle à l’affront qu’on venait de lui faire. Il se rendormit si tard qu’il ne se réveilla que bien après le chant du coq de sa basse-cour.
    — Lève-toi, Sam, lui commanda Bridget en finissant de fixer son chapeau sur sa tête. T’es en retard à matin. Moi, je pars préparer les repas de la journée de monsieur le curé. Je suis pas en avance. En plus, il vient de commencer à mouiller. Je suis obligée de passer par la porte d’en avant. T’iras voir en arrière, dans la cour, il y a une surprise pour toi, ajouta-t-elle sèchement.
    Il se leva péniblement sans dire un mot en traînant les pieds. La chambre était éclairée par un petit jour gris.
    — J’espère qu’il mouillera pas comme ça toute la journée, dit-il en suivant sa femme hors de la chambre. Il manquerait plus qu’il y ait presque personne pour venir écouter notre candidat à soir.
    Bridget quitta la maison par la porte de la façade qui ouvrait sur le salon, le laissant avec ses inquiétudes. Pour sa part, il se rendit à la porte moustiquaire de la cuisine pour découvrir non seulement que la galerie et l’escalier avaient été ornés de fumier, mais encore que les malfaisants en avaient laissé un tas assez conséquent au milieu de la cour, là où les partisans libéraux devaient se rassembler le soir même pour écouter leur candidat.
    — Les maudits pendards ! jura-t-il, rouge de colère.
    Il s’habilla rapidement et quitta, lui aussi, sa maison par la porte de la façade. Il alla chercher ses vaches dans le champ et il soigna ses animaux en soliloquant. On allait lui payer ça, et avec les intérêts, à part ça. Quand il eut fini son train, il s’arma d’une pelle et de vieilles poches de jute pour nettoyer la galerie et l’escalier, comptant sur la pluie devenue plus forte depuis quelques minutes pour finir de laver l’endroit. Il déjeuna rapidement tout en se demandant s’il devait faire appel à quelques libéraux convaincus comme Thomas Hyland ou John White pour venir l’aider à nettoyer la cour et faire disparaître les dernières traces du mauvais coup.
    Finalement, il y renonça, de peur que cela lui cause une perte irréparable de prestige. Pendant près de deux heures, sous la pluie, il nettoya sa cour du mieux qu’il put et couvrit les endroits souillés avec de la terre, s’assurant qu’aucune odeur désagréable ne restait. À son retour à la fin de la matinée, Bridget retrouva tout en ordre et son mari en train d’atteler leur cheval.
    — Si tu t’en venais me chercher au presbytère, il est trop tard, lui fit-elle remarquer avec humeur.
    — Je m’en allais pas te chercher, répliqua-t-il, je m’en allais chez Dionne. Veux-tu que je te rapporte une cruche de mélasse ? Il en reste presque plus.
    — Fais donc ça.
    — J’espère que t’es pas allée raconter à monsieur

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