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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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soleil qui tapait de plus en plus durement au fur et à mesure que la matinée progressait.
    À un certain moment, Camille fut alertée par de nombreux bruits de branches brisées à proximité et elle leva immédiatement la tête pour voir où se trouvait chacun des quatre enfants. À peine venait-elle de réaliser la signification de ces bruits qu’elle vit sortir du bois, entre elle et Duncan, une biche affolée poursuivie par une meute d’une demi-douzaine de coyotes.
    — Attention, les enfants ! cria-t-elle aux siens.
    Son cri sembla figer sur place les coyotes alors que la biche poursuivait sa course éperdue. Duncan s’empara d’une branche qui était à ses pieds et s’élança sans réfléchir vers les coyotes pour les faire fuir.
    — Duncan, fais pas ça ! lui ordonna Camille en cherchant désespérément autour d’elle ce qui pourrait faire office d’arme.
    Les bêtes, se sentant menacées, avaient fait volte-face en montrant les dents et en grondant, ne sachant trop si elles devaient se lancer à la poursuite de leur proie en train de s’échapper ou se défendre. Patrick et Ann avancèrent à leur tour, armés de branches qu’ils avaient ramassées par terre. Leur mère les rejoignit quelques secondes plus tard après avoir ordonné à Rose de ne pas bouger. Elle s’était emparée de deux grosses pierres qu’elle lança à la tête des bêtes menaçantes. Au même instant, Ann et ses deux frères se mirent à crier en brandissant leurs branches. Les coyotes prirent la fuite sans demander leur reste et rentrèrent dans la forêt.
    — Est-ce que c’était des chiens ? demanda Rose d’une voix tremblante en s’approchant de sa mère adoptive.
    — Non, des coyotes, répondit Camille.
    La fillette avait une peur maladive des chiens depuis qu’elle avait été mordue l’année précédente par un chien errant.
    — Bon, je pense qu’on a assez de bleuets, déclara Camille aux siens. On va rentrer. On va en avoir pour une partie de l’après-midi à trier ce qu’on a et à les faire cuire.
    À leur retour à la maison, ils trouvèrent Liam assis sur la galerie en compagnie de son oncle Paddy en train de lire le journal. Quand Camille apprit à son mari qu’ils avaient dû mettre en fuite une demi-douzaine de coyotes, celui-ci eut du mal à la croire.
    — Baptême, je pense que j’en ai pas vu un depuis au moins trois ans. Après les récoltes, je vais m’en occuper, promit-il.
    Camille lança un coup d’œil vers Paddy, mais ce dernier feignit de l’ignorer.
    Le vendredi précédent, elle avait dû encore élever la voix pour le forcer à payer sa pension hebdomadaire. Le retraité habitait maintenant depuis huit mois chez les Connolly et, malgré sa fortune, il n’avait jamais fait preuve de la moindre générosité, même s’il ne pouvait ignorer que ses hôtes avaient peine à nourrir leurs enfants.
    Durant les cinq premiers mois, l’homme d’affaires montréalais s’était installé avec un sans-gêne extraordinaire chez Liam en clamant haut et fort qu’il serait son unique héritier. Il s’était d’ailleurs servi de cette raison pour n’offrir aucun dédommagement à ses hôtes. Au mois d’avril précédent, il avait vendu ses cinq derniers immeubles et était revenu à Saint-Bernard-Abbé, au plus grand déplaisir de Camille qui ne pouvait endurer au quotidien ce célibataire égoïste, prétentieux et paresseux.
    Quand Paddy Connolly avait pompeusement appris à son neveu qu’il avait confié toute sa fortune au notaire Valiquette pour la faire fructifier, Camille avait décidé d’exiger que son pensionnaire désagréable lui paie au moins un petit montant hebdomadaire. Depuis, le retraité rechignait chaque semaine à laisser sur la table de cuisine le dollar et demi exigé.
    Cet après-midi-là, la cuisine des Connolly embauma les confitures de bleuets qui mijotaient sur le poêle. La maîtresse de maison en profita aussi pour confectionner avec Ann quatre belles tartes.

    Le lendemain après-midi, Xavier rencontra son beau-frère Rémi à la sortie du magasin général de Télesphore Dionne. Il l’attira à l’écart un instant pour lui apprendre qu’il préparait une petite surprise à Samuel Ellis pour le soir même.
    — En quel honneur ? lui demanda Rémi, intrigué.
    — Juste pour lui apprendre que les Bleus se souviennent encore de la bagosse au séné que les Rouges nous ont fait boire l’été passé. À cause d’eux autres, on a

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