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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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été malades comme des chiens. Il est temps qu’ils payent.
    — Je veux ben le croire, répliqua Rémy, mais il y a rien qui prouve qu’Ellis était le responsable.
    — Voyons donc, Rémi, tu sais ben que comme organisateur des Rouges, il l’était.
    — En as-tu parlé à Donat, au moins ?
    — Pantoute, ça va être une surprise pour lui aussi.
    — Qu’est-ce que t’as l’intention de lui faire ?
    — Je te le dis pas, mais tu vas en entendre parler pas mal, lui promit Xavier en riant, avant de le quitter.
    Ce soir-là, Xavier refusa de dévoiler à sa femme ce qu’il préparait, se limitant à lui dire qu’il voulait jouer un mauvais tour aux Rouges. Après le souper, il entraîna Antonin avec lui derrière la grange et ils chargèrent un plein tombereau de fumier qu’ils laissèrent sur place avant de rentrer dans la maison.
    La soirée était idéale pour favoriser les plans du farceur puisque le ciel s’était progressivement ennuagé. Vers onze heures, Xavier et son employé quittèrent en silence la maison, enveloppèrent les pattes de Prince de vieux chiffons pour qu’il ne fasse pas de bruit et l’attelèrent au tombereau. Les deux hommes n’allumèrent pas de fanal à l’avant de la voiture. Ils parcoururent une bonne partie du rang Sainte-Ursule plongé dans l’obscurité. Chaque fois qu’ils passaient devant une maison, ils la scrutaient pour s’assurer que ses habitants étaient déjà au lit. Ils finirent par arriver à la ferme de Samuel Ellis. Ils descendirent silencieusement du tombereau et Xavier saisit le mors de Prince pour le faire avancer doucement au milieu de la cour.
    Un coup d’œil aux fenêtres de la maison avait déjà appris aux deux intrus que les occupants dormaient.
    — On fait ça vite, chuchota Xavier à son compagnon.
    Ils s’emparèrent de leurs pelles et se mirent à déverser le fumier au milieu de la cour. Quelques minutes leur suffirent. Au moment où Antonin déposait sa pelle dans le tombereau, Xavier lui dit en ricanant :
    — Attends, on n’a pas fini !
    Le jeune homme prit une grosse pelletée de fumier et alla l’étendre devant la porte, sur la galerie. Il revint précipitamment pour en prendre une autre dont il répandit le contenu sur les trois marches de l’escalier.
    — Grouille, Antonin ! On s’en va, ordonna-t-il ensuite à son employé en reprenant en main le mors de Prince pour lui faire faire demi-tour et l’entraîner vers la route toute proche.
    Fiers de leur mauvais coup, les deux hommes rentrèrent à la maison, dételèrent leur bête et allèrent se coucher en se frottant les mains d’une joie anticipée.
    Quelques heures après le départ des deux plaisantins, Samuel Ellis se réveilla. Depuis plusieurs années, sa vessie exigeait d’être soulagée au milieu de la nuit. L’Irlandais se leva sans faire de bruit et sortit de sa chambre à coucher. Il traversa la cuisine dans l’obscurité, chaussa rapidement ses bottines et poussa la porte pour sortir de la maison avec l’intention d’aller aux toilettes extérieures installées près de la remise.
    C’était une nuit d’encre et le mari de Bridget Ellis était à demi endormi. Malgré tout, il fronça le nez en sortant sur la galerie, se demandant brusquement d’où venait cette odeur écœurante de fumier qui prenait à la gorge. Samuel n’eut pas le temps de réaliser qu’il venait de poser le pied dans du fumier. Il sentit soudain qu’il perdait l’équilibre, chercha vainement à se rattraper au garde-fou de la galerie et dévala sur les fesses les trois marches de l’escalier.
    —  Shitt ! shitt ! shitt ! jura-t-il à pleine voix en se rendant compte qu’il était assis dans une flaque de fumier odorant. Jésus-Christ ! Comment ça se fait que…
    L’homme à la tête rousse hirsute, fou de rage, se releva péniblement en jurant à pleine voix comme un damné. Il se dirigea en clopinant vers les toilettes sèches à l’aveuglette, vouant les responsables de ce qui venait de lui arriver aux gémonies. Quand il revint tant bien que mal après s’être enfin soulagé, il retrouva sa femme debout derrière la porte moustiquaire de la cuisine.
    — Veux-tu bien me dire d’où vient cette senteur de fumier ? lui demanda-t-elle, mécontente d’avoir été réveillée en sursaut par les cris de son mari.
    — Comment tu veux que je le sache ? répliqua-t-il de mauvaise humeur en demeurant debout à quelques pieds de l’escalier

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