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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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d’avoir ton diplôme de septième année ?
    — Ça me donnerait pas grand-chose de plus.
    — T’as jamais pensé que, plus tard, tu pourrais devenir maîtresse d’école, comme ma sœur Bernadette ? poursuivit Camille. Il me semble que tu serais bonne. L’année passée, tu m’as montré à lire et à écrire et t’avais pas l’air d’haïr ça, non ? insista Camille.
    — J’y ai jamais pensé, admit l’adolescente sans manifester grand enthousiasme.
    — T’aimerais pas ça être une vraie demoiselle ? Au lieu de travailler comme une esclave du matin au soir dans la maison, tu montrerais des choses intéressantes aux enfants. Moi, si j’avais eu cette chance-là, tu peux être certaine que j’aurais sauté dessus.
    — C’est bien beau, Camille, mais je sais même pas si je suis capable d’avoir mon diplôme de septième année, fit la jeune fille.
    — Ma sœur m’a dit que t’avais pas mal de talent. Je suis certaine que tu pourrais l’avoir cette année, si tu voulais.
    — Et p’pa, qu’est-ce qu’il va en dire ?
    — Laisse faire ton père. J’en fais mon affaire, déclara Camille sur un ton résolu. Si tu me dis que t’es prête à retourner à l’école, je vais m’arranger pour que tu y ailles.
    Cet après-midi-là, Camille laissa sa fille plier seule les vêtements qui avaient séché sur la corde à linge pour aller rendre une courte visite à sa mère qu’elle trouva en train de peler des pommes en compagnie de Bernadette dans la cuisine d’été.
    — Où est passée Eugénie ? demanda-t-elle en pénétrant dans la pièce.
    — Encore couchée, répondit Marie sur un ton qui en disait long sur ce qu’elle pensait de sa bru. Et toi, comment tu vas ?
    — Je suis capable de faire mon ordinaire.
    — Fais tout de même pas d’imprudence, la mit en garde sa mère.
    — Je fais bien attention, m’man.
    — As-tu fait de la compote toi aussi ? fit Bernadette.
    — Une douzaine de gros pots, lui répondit sa sœur.
    Il y eut un bref silence dans la pièce avant que Camille reprenne la parole.
    — Je voudrais te poser une question, Bedette, dit-elle.
    — Quoi ? lui demanda sa sœur, intriguée.
    — D’après toi, est-ce qu’Ann serait capable d’avoir son diplôme de septième année cette année ?
    La jeune institutrice réfléchit un instant avant de répondre :
    — Je suppose qu’en travaillant fort, elle y arriverait.
    — Si tu penses à la renvoyer à l’école, intervint Marie, je suis pas certaine que ce soit une bien bonne idée. Tu dois avoir ton petit dans un mois et demi et tu vas avoir besoin d’elle à la maison.
    — Je suis capable de me débrouiller, m’man, protesta sa fille aînée.
    — Pas avec quatre enfants, un mari et un pensionnaire à nourrir et à entretenir. Tu sais pas jusqu’à quel point un petit ça va prendre de ton temps. En plus, il faut que quelqu’un t’aide pour tes relevailles. Moi, je suis bien prête à aller t’aider, mais avec Eugénie faible comme elle est, je pourrai pas rester une dizaine de jours.
    Camille s’était rembrunie en écoutant sa mère et elle faisait confiance à son expérience. Elle garda le silence quelques instants avant de demander à sa sœur :
    — Penses-tu que ma fille pourrait quand même avoir son diplôme si elle n’allait à l’école qu’à partir du mois de janvier ?
    — Là, ce serait pas mal plus difficile, avoua Bernadette. Oublie pas qu’elle a fait juste un an d’école. On peut tout de même pas lui demander la lune.
    — Serais-tu prête à lui donner des devoirs à faire à la maison, le temps que j’aurai besoin d’elle ?
    — Je pourrais essayer, consentit un peu à contrecœur la jeune institutrice, mais il va falloir que j’en parle à l’inspecteur quand il va passer à l’école.
    — Veux-tu bien me dire pourquoi tu tiens absolument à ce qu’elle ait ce diplôme-là ? s’enquit Marie.
    — Je pense qu’elle haïrait pas devenir maîtresse d’école, m’man.
    — Mais on est déjà deux dans la paroisse, rétorqua Bernadette.
    — Je veux bien le croire, mais il y a rien qui dit que dans deux ou trois ans, il y en aura pas une de vous deux qui sera pas mariée.
    Une heure plus tard, Camille rentra chez elle à pied, sur la route poussiéreuse du rang Saint-Jean. Elle aida Ann à la préparation du souper constitué d’un bouilli de légumes. Après le repas, elle fit en sorte de se retrouver seule sur la galerie

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