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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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avec Liam à qui elle tenait à parler. Malheureusement, à peine venait-elle de rassembler ses arguments pour exposer son idée que Paddy Connolly vint occuper la chaise berçante libre près de son neveu en allumant l’un de ses cigares nauséabonds.
    — Ça va faire drôle de voir la maison se vider dans quelques jours quand les enfants vont retourner à l’école, commença-t-elle.
    — Pas Patrick, en tout cas, prit soin de préciser Liam.
    — Non, lui, il va rester pour t’aider. Il a plus besoin d’y aller, s’empressa-t-elle de dire.
    — J’espère que tu me dis pas ça parce qu’il va falloir de l’argent pour les envoyer là ? demanda-t-il, soupçonneux.
    — Pantoute, j’ai déjà vérifié leur linge, tout est correct et ils ont des bons souliers.
    — Bon, c’est bien.
    — As-tu pensé à Ann ? demanda-t-elle à son mari en lui montrant leur fille assise dans la balançoire, près de la maison, aux côtés de sa petite sœur Rose.
    — Qu’est-ce qu’elle a, elle ? fit-il, soudain méfiant.
    — Je pense qu’elle aimerait retourner à l’école cette année, avoua-t-elle en baissant un peu la voix.
    — Tu m’as dit qu’elle sait lire et écrire. C’est pas ce que tu voulais ?
    — Oui, et elle est bonne, à part ça, reconnut-elle.
    — C’est ben assez, dit-il sèchement.
    — Elle voudrait avoir son diplôme, insista Camille.
    — Pourquoi ?
    — Une femme qui en sait trop devient vite pas endurable, intervint le vieil oncle, toujours aussi pompeux. Il y a rien de pire qu’une femme trop instruite, il y a pas moyen de la faire obéir.
    — Mon oncle, vous en savez rien, le rembarra sèchement sa nièce par alliance. Vous avez jamais été marié.
    — Ça empêche pas que je sais de quoi je parle, insista le retraité en la fusillant du regard.
    — C’est ce que vous dites, mais en attendant, si ça vous dérange pas trop, on va régler ça juste entre nous, Liam et moi.
    — Tu m’as pas répondu, reprit son mari. Pourquoi elle veut ce diplôme-là ?
    — Parce qu’elle voudrait devenir maîtresse d’école plus tard.
    — Devenir une péteuse qui nous regarderait de haut, dit-il en ricanant.
    — Voyons, Liam, tu la connais aussi bien que moi. Ann sera jamais comme ça.
    — En attendant, c’est non, fit-il sur un ton définitif. Il est pas question qu’elle aille traîner à rien faire à l’école avec tout l’ouvrage qu’il va y avoir à faire ici dedans.
    — C’est ça, mon neveu, approuva Paddy.
    Ce commentaire lui attira un tel regard meurtrier de Camille qu’il choisit de ne pas poursuivre. Elle sentait avoir fait une grave erreur en parlant de faire d’Ann une institutrice. Elle aurait dû se limiter au diplôme de septième année.
    — Mais Liam…
    — J’ai dit non et je ne changerai pas d’avis.
    Camille décida de ne pas insister, craignant surtout d’autres interférences intempestives de son pensionnaire. Cependant, elle se promit de revenir à la charge quand ils se retrouveraient seuls dans leur chambre à coucher.
    Deux heures plus tard, la soirée devint plus fraîche et on décida de rentrer. Paddy monta directement à sa chambre et les enfants se regroupèrent à genoux autour de leur mère, au milieu de la cuisine, pour réciter la prière du soir. Camille pria pour que sa prochaine démarche auprès de son mari aboutisse. Ensuite, les enfants montèrent se mettre au lit à l’étage pendant que leur père remontait le mécanisme de l’horloge et que Camille se préparait pour la nuit.
    Quand Liam vint la rejoindre, elle avait laissé la lampe à huile allumée. Elle attendit qu’il se soit étendu à ses côtés et qu’il ait soufflé la lampe avant de se lover contre lui, geste plutôt inhabituel de sa part. Son ventre de femme enceinte de sept mois la gênait tout de même un peu.
    — Il va falloir penser ajouter une couverte bientôt, lui dit-elle, ça commence à pas être chaud.
    — Veux-tu que je ferme la fenêtre ?
    — Non, je suis bien contre toi, répondit-elle. Comment t’aimes ça voir ton oncle se mêler de nos affaires ? fit-elle.
    — Il est vieux, se contenta de répondre Liam.
    — Il est surtout détestable, reprit Camille. Ce qu’on veut faire de nos enfants le regarde pas pantoute, il me semble.
    — C’est vrai, reconnut son mari un peu à contrecœur.
    Après neuf mois de mariage, Liam Connolly n’était pas encore habitué à voir sa jeune femme considérer ses

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