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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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charge au début de la guerre certaines constructions destinées à l’armée de terre et à l’aviation, j’avais mis sur pied une organisation qui s’était considérablement développée. Elle était certes sans commune mesure avec celle que je devais créer quelques mois plus tard, et les 26 000 ouvriers qui travaillaient, à la fin de 1941, pour nos programmes militaires représentaient un effectif insignifiant mais, à ce moment-là, j’étais fier de pouvoir apporter ma modeste contribution à l’effort de guerre ; par la même occasion je mettais ma conscience à l’aise en ne travaillant pas uniquement pour les programmes civils de Hitler. Notre programme le plus important fut le « programme Ju 88 » de la Luftwaffe, qui devait permettre d’accroître la production du nouveau bimoteur à long rayon d’action utilisé pour les bombardements en piqué. En huit mois, trois grandes usines furent terminées à Brno, Graz et Vienne, chacune d’elles plus grande que l’usine Volkswagen ; on utilisa pour la première fois des éléments préfabriqués en béton. Cependant, dès l’automne 1941, la pénurie de carburant freina nos travaux. Même pour nos programmes prioritaires, nos attributions de carburant furent réduites en septembre 1941 à un tiers et le 1 e   r  janvier 1942 à un sixième de nos besoins  11   ; cela montre bien à quel point Hitler avait présumé de ses forces en se lançant dans la campagne de Russie.
    En outre, j’avais été chargé de la réparation des dégâts causés à Berlin par les bombardements et de la construction d’abris antiaériens. Je ne soupçonnais pas que je me préparais déjà à mon activité de ministre de l’Armement. De cette façon, œuvrant à l’échelon inférieur, je pus non seulement me rendre compte que la marche de la production était perturbée par les modifications arbitraires des programmes et des priorités, mais aussi découvrir de l’intérieur les rapports de forces et les incompétences existant au sein du gouvernement.
    Ainsi le général Thomas, ayant fait au cours d’une réunion chez Göring à laquelle je participai des réserves sur les exigences excessives du gouvernement en matière économique, cet officier, qui jouissait de la considération générale, se fit rabrouer par Göring : « Cela vous regarde ? C’est mon affaire, mon affaire à moi. Ou bien est-ce vous, le responsable du plan de quatre ans ? Vous n’avez absolument rien à me dire, car c’est à moi seul que le Führer a confié le soin de régler toutes ces questions. » Dans ces cas-là, Thomas ne pouvait espérer aucun soutien de la part de son chef, le général Keitel, qui était trop heureux quand Göring ne s’en prenait pas à lui. En conséquence le plan économique si bien étudié du bureau chargé de l’armement au haut commandement de la Wehrmacht ne fut pas appliqué ; mais en cette matière Göring lui non plus n’a rien entrepris, je m’en aperçus dès cette époque-là. Quand il prenait une initiative il en résultait, le plus souvent, une confusion extrême, car il ne se donnait jamais la peine d’étudier les problèmes et se décidait la plupart du temps sur des coups de tête.
    Quelques mois plus tard, le 27 juin 1941, je participai, en ma qualité de délégué aux constructions militaires, à une conférence avec Milch et Todt. Hitler avait déjà la conviction que les Russes étaient définitivement battus, aussi avait-il ordonné d’exécuter d’urgence le programme d’armement de l’aviation nécessaire à la préparation de sa prochaine opération, l’écrasement de l’Angleterre 12  . Comme il était de son devoir, Milch insistait pour que soit respecté l’ordre des priorités fixé par Hitler, ce qui, au vu de la situation militaire, faisait le désespoir du D r  Todt. Car lui aussi était chargé d’une mission : accroître le plus rapidement possible l’armement de l’armée de terre ; il lui manquait toutefois une ordonnance de Hitler qui aurait conféré à sa mission l’urgence nécessaire 13  . A la fin de la réunion, Todt exprima son impuissance en ces termes : « Le mieux, monsieur le Feldmarschall, serait que vous me preniez dans votre ministère et que je devienne votre collaborateur. »
    A l’automne 1941, je me rendis aux usines Junkers à Dessau, pour y rencontrer le directeur général Koppenberg et coordonner notre programme de constructions avec son plan de

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