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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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aussi traité avec loyauté : « Conduisez-vous avec lui comme des gentlemen ! » dit-il, employantun mot qu’on entendait rarement dans sa bouche. En quoi consistait ma mission, il ne l’expliqua pas clairement, et j’aimais autant qu’il en fût ainsi.
    Jamais encore Hitler n’avait intronisé un ministre de cette façon. Débuter ainsi aurait constitué, même dans un régime moins autoritaire, un atout appréciable. Dans l’État de Hitler, les conséquences furent stupéfiantes, même pour moi : longtemps je pus me mouvoir en quelque sorte dans un espace vide, dégagé de tout obstacle, et je pus faire pratiquement tout ce que je voulais.
    Funk accompagna Hitler avec moi dans ses appartements de la Chancellerie du Reich et, chemin faisant, il me promit de façon touchante de mettre à ma disposition tous les moyens en son pouvoir et de tout faire pour m’aider. Promesse qu’il devait effectivement tenir, sauf en quelques occasions peu importantes.
    Bormann et moi nous demeurâmes encore quelques minutes à bavarder avec Hitler dans le salon. Avant de se retirer, Hitler m’engagea une nouvelle fois à travailler le plus possible avec l’industrie, car c’était là que se trouvaient les meilleures ressources à exploiter. Cette idée n’était pas pour moi une nouveauté, car Hitler avait déjà souvent insisté sur le fait que le meilleur moyen de réaliser une grande œuvre, était de faire appel directement à l’économie, car la bureaucratie ministérielle, pour laquelle il professait un profond mépris, ne faisait qu’entraver l’initiative de l’économie. Je profitai de cette bonne occasion pour l’assurer devant Bormann que j’avais bien l’intention de recourir avant tout aux techniciens de l’industrie pour mener à bien la mission qui m’incombait ; j’ajoutai que, pour cela, il était nécessaire que les industriels ne fussent pas jugés en fonction de leur appartenance au parti ; car beaucoup d’entre eux, ce n’était pas un secret, n’étaient pas membres du parti. Hitler approuva et engagea Bormann à respecter ce souhait ; c’est ainsi que, jusqu’à l’attentat du 20 juillet 1944 tout au moins, mon ministère fut à l’abri des tracasseries de la chancellerie du parti, sur laquelle régnait Bormann.
    Le soir même, Milch et moi nous eûmes une franche explication : nous décidâmes de mettre fin à la concurrence qui avait opposé l’aviation d’une part et d’autre part l’armée de terre et la marine dans les questions d’armement, et Milch me promit de collaborer étroitement avec moi. De fait, durant les premiers mois, ses conseils me furent indispensables ; ainsi naquit bientôt entre nous une cordiale amitié, qui s’est maintenue jusqu’aujourd’hui.

15.
    Improvisation organisée
    Il me restait cinq jours avant la conférence qui devait avoir lieu au ministère, d’ici là je devais avoir formulé mes intentions. Aussi étonnant que cela puisse paraître, j’avais une idée précise des principes essentiels que je voulais appliquer. Avec l’assurance d’un somnambule qui s’avance les yeux fermés, j’orientai d’emblée ma recherche vers le seul système qui pût conduire la production d’armements au succès. Il est vrai que j’avais travaillé deux ans pour l’armement à l’échelon inférieur et que j’avais pu ainsi détecter, dans l’organisation existante, « un grand nombre d’erreurs fondamentales que je n’aurais pu découvrir au niveau le plus élevé 1   ».
    Je mis au point un organigramme où les lignes verticales comprenaient les différents produits finis, tels que chars, avions et sous-marins, c’est-à-dire l’armement des trois armes. Ces colonnes verticales étaient entourées de nombreux anneaux, dont chacun était censé représenter une catégorie de fournitures nécessaires à la fabrication de tous les canons, chars, avions et autres armes. Dans mon esprit, ces anneaux englobaient, par exemple, la production des pièces forgées, ou des roulements à billes, ou de l’équipement électronique. Habitué, en bon architecte, à penser en trois dimensions, je dessinai mon nouveau plan d’organisation en perspective.
    C’est dans l’ancienne salle de conférence de l’Académie des beaux-arts que se réunirent pour la seconde fois, le 18 février, les dirigeants de l’économie de guerre et de l’armement. Je pris la parole pendant une heure ; mes auditeurs accueillirent mon plan

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