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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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conséquence de ma nomination au poste de ministre fut l’arrivée au quartier général du Führer d’un conseiller ministériel, adjoint personnel de Todt, l’Oberregierungsrat Konrad Haasemann, qui venait de Berlin par avion. De tous les collaborateurs de Todt, ce n’était pas lui le plus influent ni le plus haut placé, et j’interprétai cette délégation comme une tentative de mettre mon autorité à l’épreuve ; d’où mon irritation. Haasemann s’empressa de me signaler que je pouvais grâce à lui avoir des renseignements sur les qualités de mes futurs collaborateurs ; je lui répondis brièvement que j’avais l’intention de me faire une opinion par moi-même. Le soir même, je pris un train de nuit pour Berlin. Ma préférence pour l’avion m’avait momentanément passé.
    Le lendemain matin, alors que nous traversions la banlieue de la capitale du Reich avec toutes ses usines et ses voies ferrées, je fus saisi par la crainte de ne pas être à la hauteur de cette tâche immense et toute nouvelle qui venait de m’être confiée. Le doute m’envahit, je désespérai soudain de pouvoir m’acquitter de ces nouvelles fonctions, de venir à bout des problèmes techniques, de répondre par mes qualités personnelles aux exigences de ce poste de ministre. Au moment où le train entra dans la « gare de Silésie », je me sentis mal et fus pris de violents battements de cœur.
    Dans cette guerre, en effet, il y avait un poste clé et c’est justement moi qui allais l’occuper, moi qui étais plutôt timide avec les gens que je ne connaissais pas, moi qui manquais d’assurance pour paraître dans les meetings et qui, même dans les réunions de travail, éprouvais des difficultés à exprimer mes idées avec netteté et précision. Quelle serait la réaction des généraux de l’armée, quand ils m’auraient pour interlocuteur, moi le civil et l’artiste catalogué ? Incontestablement, le problème de mon autorité et de mon impact personnel me tracassait pour le moment tout autant que les questions d’ordre technique.
    J’allais être confronté avec un problème assez délicat, relatif à l’organisation de mes services : je me rendais compte que les anciens collaborateurs de Todt allaient me considérer comme un intrus. Certes, ils me connaissaient et savaient que j’avais entretenu avec leur patron des relations amicales, mais ils me connaissaient aussi comme un solliciteur qui avait eu souvent recours à eux pour obtenir des contingents. De plus, ils étaient très attachés à la personne du D r  Todt, et cela depuis des années.
    Dès mon arrivée, je rendis visite à tous mes collaborateurs les plus importants dans leur bureau, pour leur épargner l’obligation de se présenter à moi. Je donnai également des instructions pour que rien ne soit modifié dans le bureau du D r  Todt tant que dureraient mes fonctions de ministre, bien qu’il ne fût pas aménagé à mon goût  7  .
    C’est à moi qu’il incomba de présider, le matin du 11 février 1942, la réception solennelle de la dépouille mortelle de Todt. Cette cérémonie me bouleversa, tout comme les obsèques qui eurent lieu le lendemain à la Chancellerie du Reich, dans cette salle des mosaïques que j’avais moi-même conçue ; Hitler était ému aux larmes. Pendant la cérémonie toute simple qui se déroula au cimetière, Dorsch, l’un des proches collaborateurs de Todt, me fit une solennelle profession de loyauté. Deux ans plus tard, quand je tombai gravement malade, il devait tremper dans une machination que Göring avait ourdie contre moi.
     
    Mon travail commença aussitôt. Le Feldmarschall Ehrard Milch, secrétaire d’État au ministère de l’Air, me pria d’assister à une conférence qui devait avoir lieu le vendredi 13 février dans la grande salle du ministère de l’Air et où l’on devait discuter avec les représentants des trois armes de la Wehrmacht et avec ceux de l’Économie, de problèmes communs concernant l’armement. Je demandai à Milch s’il n’était pas possible de reporter cette réunion, parce que je voulais me mettre au courant ; comme nous nous connaissions bien, il me répondit, dans le style plutôt libre qu’il affectionnait, par une question : les industriels les plus en vue de tout le Reich étaient déjà en route : est-ce que j’allais me dégonfler ? J’acceptai. La veille de la réunion je fus appelé chez Göring. C’était la première

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