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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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et ne manifestait plus aucune ardeur au travail. Adoptant toutes les idées qui se présentaient, il donnait l’impression très nette d’être instable, versatile, et de manquer très souvent de réalisme.
    Hitler n’aurait sans doute pas accepté la démission de Göring par crainte de répercussions politiques, il aurait plutôt trouvé un compromis. C’est ce qu’il fallait éviter, car les compromis de Hitler étaient des expédients redoutés de tout le monde ; loin de résoudre les difficultés, ils ne faisaient que rendre les problèmes plus complexes et plus inextricables.
    Je compris que je devais faire quelque chose pour renforcer le prestige quelque peu atteint de Göring ; en tout cas je lui donnai immédiatement l’assurance que les innovations voulues par Hitler et approuvées par ses subordonnés ne nuiraient en rien à sa position de directeur du Plan de quatre ans. Je me déclarai prêt à me placer sous son autorité et à exercer mon activité dans le cadre du Plan de quatre ans, et cette proposition le tranquillisa.
    Trois jours plus tard, j’eus avec Göring une nouvelle entrevue, pour lui soumettre un projet qui faisait de moi le « commissaire général du Plan de quatre ans chargé de l’armement ». Göring me donna son accord, tout en me faisant observer que j’avais eu les dents un peu trop longues et que j’agirais dans mon propre intérêt si je rabattais de mes prétentions. Deux jours après, le 1 er  mars 1942, il signait le décret, qui me conférait les pleins pouvoirs pour « donner à l’armement, dans l’ensemble de l’économie nationale, la priorité qui s’impose en temps de guerre 3   ». Ce décret m’apportait plus d’avantages que le document du 18 février que Göring avait tant contesté !
    Hitler, tout heureux de ne pas avoir à résoudre des difficultés d’ordre personnel avec Göring, donna lui aussi son accord ; peu de temps après, le 14 mars, je communiquai à la presse allemande ma nomination. Pour cela j’avais choisi une vieille photo, sur laquelle Göring, satisfait des plans que j’avais dessinés pour son palais de maréchal du Reich, me posait amicalement la main sur l’épaule. Je voulais montrer par là que la crise, dont on avait commencé à parler à Berlin, était terminée. Il est vrai que le bureau de presse de Göring m’envoya une protestation, me signalant qu’il appartenait uniquement à Göring de publier cette photo et le décret.
    Entre Göring et moi les frictions ne s’arrêtent pas là. Devenu ombrageux, Göring se plaignit à moi au sujet de certains commentaires de la presse étrangère, dont lui avait parlé l’ambassadeur d’Italie : il y était dit que le nouveau ministre avait supplanté Göring dans le Plan de quatre ans. Des nouvelles de ce genre n’allaient pas manquer de ternir la considération dont il jouissait dans les milieux industriels, protesta Göring. Or ce n’était un secret pour personne, que si Göring menait si grand train, c’était grâce aux subsides des milieux de l’économie ; j’eus le sentiment qu’il craignait fort qu’à un affaiblissement de son crédit ne corresponde une diminution de ces ressources. C’est pourquoi je lui proposai de convoquer les industriels les plus en vue à une conférence à Berlin, au cours de laquelle je reconnaîtrais expressément son autorité. Cette proposition l’enchanta au plus haut point ; il retrouva en un instant sa bonne humeur.
    Une cinquantaine d’industriels reçurent donc de Göring une invitation à se rendre à Berlin. J’ouvris la séance en prononçant une très brève allocution, qui me permit d’honorer ma promesse. Göring se lança ensuite dans un discours fleuve. Il s’étendit longuement sur l’importance des armements, engagea ses auditeurs à nous épauler de toutes les ressources dont ils disposaient et débita toute une série de lieux communs de ce genre. Quant à la mission qui m’était impartie, il n’en parla ni dans un sens positif ni dans un sens négatif. Dans les temps qui suivirent, l’apathie de Göring me permit de travailler librement, sans rencontrer d’obstacles. Sans doute fut-il plus d’une fois jaloux des succès que j’obtenais aux yeux de Hitler ; mais, dans les deux années qui suivirent, il ne tenta pratiquement rien pour modifier cet état de choses.
    Les pouvoirs que Göring m’avait délégués ne me semblaient pas, affaiblie comme l’était son autorité, être

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