Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
d’une telle mesure.
    Pour finir, Funk, le ministre de l’Économie du Reich, se leva et s’adressa immédiatement à Milch : nous étions tous d’accord, déclara-t-il ; le déroulement de cette séance l’avait prouvé, la seule question qui se posait encore était de savoir qui devait assumer cette responsabilité : « Qui donc pourrait être mieux qualifié que vous, mon cher Milch, qui jouissez de la confiance de notre Reichsmarschall vénéré ? Je crois exprimer le souhait de chacun d’entre nous, en vous priant d’accepter cette charge », s’écria-t-il d’un ton quelque peu emphatique pour une telle assemblée.
    A n’en pas douter, tout cela avait été convenu d’avance. Avant que Funk ait achevé, je glissai à l’oreille de Milch : « Nous continuons la séance dans la salle du conseil. Le Führer veut parler de mes attributions. » Milch vit clair immédiatement et, à la proposition de Funk, il répondit que la confiance qu’on lui témoignait l’honorait beaucoup mais qu’il ne pouvait accepter  8  .
    Je pris alors la parole pour la première fois : j’annonçai que le Führer voulait nous parler et je proposai en même temps que l’on poursuive cette discussion le jeudi 18 février à mon ministère, car toutes ces questions entreraient probablement dans mes attributions. Milch leva la séance.
    Ultérieurement, Funk a reconnu devant moi que, la veille de cette conférence, Billy Körner, qui était le secrétaire d’État de Göring et son homme de confiance au Plan de quatre ans, l’avait pressé de proposer que Milch reçoive tous pouvoirs de décision. Pour Funk, il était évident que Körner ne pouvait lui avoir demandé cela sans que Göring le sache.
    Mais l’intervention de Hitler allait révéler à ces initiés que le rapport des forces changeait et que ma position était d’entrée de jeu plus forte que ne l’avait jamais été celle de mon prédécesseur.
     
    C’était maintenant à Hitler de tenir parole. Il me demanda de venir dans son bureau et de le mettre brièvement au courant de ce qui s’était passé ; ensuite il me pria de le laisser seul quelques instants, car il voulait jeter quelques notes sur le papier. Après quoi nous nous rendîmes tous deux dans la salle du conseil, où il prit la parole aussitôt.
    Son allocution dura environ une heure. Il s’étendit longuement sur le rôle de l’économie de guerre, insista sur le fait que l’augmentation de la production d’armements était d’une importance capitale, expliqua que l’industrie offrait des ressources décisives qu’il s’agissait de mobiliser et ne mâcha pas ses mots lorsqu’il aborda le conflit avec Göring : « Cet homme-là ne peut pas assumer la responsabilité de l’armement dans le cadre du Plan de quatre ans. » Il était nécessaire, continua Hitler, de dissocier cette charge du Plan de quatre ans et de me la confier. Reprendre à quelqu’un une responsabilité qu’on lui avait confiée était une chose qui pouvait arriver. Les conditions requises pour une augmentation de la production existaient, mais il y avait trop de laisser-aller sur bien des points. Funk me raconta en prison que, pendant le procès de Nuremberg, Göring s’était fait remettre le texte de ce verdict de Hitler, qui équivalait à une destitution, pour se décharger de l’accusation d’être l’instigateur du travail obligatoire.
    Hitler éluda la question de savoir s’il convenait de placer l’ensemble de l’armement sous une autorité unique ; d’autre part il ne parla que de l’armement de l’armée de terre et de la marine, évitant ainsi volontairement de traiter de l’armée de l’air. Je me serais d’ailleurs bien gardé de lui signaler qu’il subsistait là un point litigieux, car il s’agissait d’une décision politique et, étant donné les habitudes du régime, il y aurait toujours des points équivoques. Hitler conclut son allocution en lançant un appel aux participants : il souligna tout d’abord les qualités d’organisateur dont j’avais fait preuve dans le domaine de la construction – ce qui n’était pas forcément un argument probant –, ensuite il déclara qu’accepter ces nouvelles fonctions représentait pour moi un grand sacrifice personnel – ce qui, dans la situation critique où nous nous trouvions, parut probablement tout naturel aux auditeurs – et exprima l’espoir que je serais non seulement soutenu dans ma mission, mais

Weitere Kostenlose Bücher