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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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d’organisation sans le contester ; ils n’émirent pas non plus la moindre objection lorsque je leur lus une procuration que j’avais rédigée : faisant état des exigences exprimées à la conférence du 13 février, cette procuration plaçait les armements sous une autorité unique, la mienne. Je m’apprêtais donc à faire circuler ce document pour le faire signer. Si l’on songe au style de rapports qu’avaient entre elles les autorités du Reich, c’était là un procédé tout à fait insolite.
    Mais l’impression qu’avait laissée l’allocution de Hitler était encore suffisamment forte. Le premier à se déclarer entièrement d’accord avec ma proposition fut Milch, et il signa spontanément les pleins pouvoirs que je sollicitais. Les autres exprimèrent des réserves d’ordre formel, mais Milch employa son autorité à les écarter. Seul le représentant de la marine, l’amiral Witzell, résista jusqu’à la fin et ne donna son assentiment que sous toutes réserves.
    Le lendemain, 19 février donc, accompagné du Feldmarschall Milch, du général Thomas, et du général Olbricht qui représentait le général Fromm, je me rendis au quartier général du Führer pour exposer à Hitler l’organisation que je projetais de mettre en œuvre et l’informer que la séance avait abouti à un résultat positif. Hitler approuva tout ce qui avait été fait.
    J’étais à peine rentré, que Göring m’invita à lui rendre visite dans sa résidence de chasse de Karinhall, située à plus de soixante-dix kilomètres au nord de Berlin, dans une lande appelée la Schorfheide. En 1935, ayant vu le Berghof récemment terminé, Göring avait fait transformer le modeste pavillon de chasse qu’il possédait en une somptueuse résidence, qui dépassait celle de Hitler par ses dimensions. La salle de séjour, aussi vaste que celle du Berghof, possédait une fenêtre coulissante encore plus grande. A l’époque, Hitler s’était irrité de cette prodigalité. Mais sa propre résidence, qui ne servait plus maintenant que de quartier général, avait stimulé le goût du faste de Göring.
    Une entrevue avec Göring vous faisait régulièrement perdre une précieuse journée de travail. Cette fois encore, bien qu’arrivé, après un long voyage en voiture, comme convenu vers onze heures, j’eus tout le loisir de contempler une heure durant, les tableaux et les gobelins de son hall d’entrée. Göring était en effet, à la différence de Hitler, extrêmement libéral en matière de ponctualité. Il apparut enfin, venant des appartements privés à l’étage supérieur, vêtu d’une ample robe de chambre de velours vert, dans laquelle il prenait des poses romantiques, et descendit l’escalier. Il m’accueillit plutôt fraîchement. Marchant devant moi d’un pas mesuré, il me conduisit ensuite dans son cabinet de travail et s’installa à un immense bureau ; je m’assis humblement en face de lui. Il laissa alors éclater son indignation et se plaignit amèrement de n’avoir pas été invité à la conférence qui s’était tenue dans la salle du conseil ; puis il me tendit par-dessus le bureau un rapport de Erich Neumann, directeur ministériel au Plan de quatre ans, sur les conséquences juridiques que pourrait entraîner le document que j’avais fait signer. Avec une vivacité dont je ne l’aurais pas cru capable en raison de sa corpulence, il bondit de son siège, hors de lui, et se mit à arpenter la vaste pièce de long en large, ne se contenant plus de fureur. Ses commissaires généraux, vociférait-il, n’étaient que des fantoches et des lâches. En signant ils s’étaient définitivement placés sous mon autorité et, qui plus est, sans en référer. Je ne pouvais placer un mot, mais dans cette situation je trouvais cela plutôt avantageux. Cette avalanche de reproches me visait aussi, mais comme Göring n’osait pas me les adresser directement ni m’accuser de manœuvre déloyale, j’endéduisis que sa position s’était affaiblie. Il ne pouvait tolérer qu’on sape ainsi son autorité, déclara-t-il pour finir. Il allait se rendre immédiatement auprès de Hitler et donner sa démission de « délégué au Plan de quatre ans 2  . »
    A l’époque, cela n’aurait pas été une grande perte. En effet si, au début, Göring avait incontestablement déployé une grande énergie à promouvoir le Plan de quatre ans, il était, en 1942, de l’avis de tous, devenu apathique

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