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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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et qu’à l’ouest l’ennemi était maintenant trop loin, Hitler, malgré le souci qu’il avait de sa personne, n’exigea pas de bunkers spéciaux pour cette installation ; au lieu d’abris bétonnés, on construisit un groupe de maisons en rondins disséminées dans une forêt, ce qui était moins déprimant.
    Je profitais de mes visites au quartier général pour rayonner dans la région quand j’en avais le temps. Un jour je pus aller jusqu’à Kiev. Alors qu’immédiatement après la révolution d’Octobre des architectes d’avant-garde comme Le Corbusier, May ou El Lissitzky avaient influencé l’architecture moderne en Russie, on était revenu, sous le règne de Staline, à la fin des années 20, à un style néo-classique et conservateur. Le bâtiment des conférences de Kiev, par exemple, aurait très bien pu avoir été dessiné par un bon élève de l’École des beaux-arts. L’idée me vint de rechercher l’architecte, pour le faire travailler en Allemagne. Je découvris un stade bâti dans un style néo-classique, avec des statues d’athlètes à l’antique, qui toutefois étaient pudiquement revêtues de slips ou de maillots de bain.
    Cherchant l’une des plus célèbres églises de Kiev, je ne trouvai qu’un monceau de ruines. On me raconta qu’à cet endroit une poudrière soviétique avait explosé. Mais j’appris par la suite de la bouche de Goebbels que c’était Erich Koch, le « commissaire du Reich en Ukraine », qui avait donné l’ordre de faire sauter l’église, pour faire disparaître ce symbole du sentiment national des Ukrainiens. Goebbels ne cachait pas sa réprobation : il était effrayé de voir que l’occupation des territoires conquis en Russie prenait une tournure aussi sauvage. Defait, l’Ukraine était encore à cette époque si calme que je pouvais rouler sans escorte dans les immenses forêts, alors que six mois plus tard le territoire tout entier était infesté de résistants, résultat de la politique insensée des commissaires du Reich.
    Je me rendis plusieurs fois aussi dans la ville industrielle de Dniepropetrovsk. Ce qui m’impressionna le plus, ce fut le spectacle d’une ville universitaire qu’on était en train de construire, qui dépassait tout ce qu’on faisait en Allemagne et témoignait de façon éloquente de la volonté de l’Union soviétique de devenir une puissance industrielle de premier rang. Je visitai également la centrale hydroélectrique de Zaporojie, que les Russes avaient fait sauter ; la brèche faite dans le barrage avait été colmatée par un important commando d’ouvriers allemands et on avait monté des turbines allemandes. En battant en retraite, les Russes avaient coupé la circulation d’huile qui alimentait les machines ; tournant à plein rendement, celles-ci s’étaient mises à chauffer jusqu’à se détériorer complètement et ne plus former qu’un amas de pièces inutilisables : c’était là un procédé de destruction radical qu’un seul homme pouvait mettre en œuvre en actionnant une simple manette. Plus tard, lorsque Hitler manifesta l’intention de transformer l’Allemagne en un désert, le souvenir de cet incident me valut quelques heures d’insomnie.
     
    Au quartier général, Hitler conserva l’habitude de prendre ses repas en compagnie de ses collaborateurs les plus proches. Mais alors qu’autrefois, à la Chancellerie du Reich, les uniformes du parti constituaient la dominante du décor, Hitler était maintenant entouré des généraux et des officiers de son état-major. Contrastant avec la salle à manger de la Chancellerie, au mobilier fastueux, le mess du quartier général ressemblait plutôt au buffet d’une gare de petite ville. Les murs étaient recouverts de planches, les fenêtres étaient celles d’une baraque standard, la longue table, où pouvaient prendre place une vingtaine de convives, était entourée de chaises ordinaires. Hitler s’asseyait du côté de la fenêtre, au centre de la table ; Keitel se tenait en face de lui, les places d’honneur, de part et d’autre de Hitler, étaient réservées aux visiteurs occasionnels. Comme autrefois à Berlin, Hitler développait interminablement ses sempiternels sujets favoris, et ses convives se voyaient réduits au rang d’auditeurs muets. Il faut néanmoins reconnaître que, devant ces hommes, avec qui il avait peu d’affinités et qui par surcroît lui étaient supérieurs par leur origine et leur

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