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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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de 100 tonnes et que, de ce fait, nous n’aurions pu sortir qu’en nombre limité. Le nouveau monstre reçut le nom de « Souris », destiné à fourvoyer les espions. De toute façon Porsche avait fait sienne la prédilection de Hitler pour les engins lourds et il apportait de temps à autre des renseignements sur les engins analogues mis au point par nos ennemis. Un jour, Hitler fit venir le général Buhle et lui déclara : « Je viens d’apprendre que l’ennemi va sortir un char qui aura un blindage nettement supérieur à celui des nôtres. Avez-vous déjà des informations à ce sujet ? Si cela est exact il faut immédiatement… il faut fabriquer un nouveau canon antichar. La puissance de pénétration doit…, il faut augmenter le calibre ou la longueur du canon, bref il faut réagir immédiatement et sans délai 3   ! »
    L’erreur fondamentale de Hitler était qu’il exerçait non seulement le commandement suprême des Forces armées, mais aussi celui de l’armée de terre, et qu’à ce titre il dirigeait la mise au point des blindés qui était sa « passion favorite ». Normalement des questions de cet ordre auraient dû être réglées à la fois par les officiers de l’état-major général, par la Direction des armements et du matériel de l’armée de terre, et par le Comité de l’armement de l’industrie. Le commandant en chef de l’armée de terre n’aurait dû intervenir que dans les cas les plus urgents. Mais nos méthodes étaient différentes, qui consistaient à donner aux officiers spécialistes des instructions portant sur les moindre détails. Cette pratique était aussi anormale que nuisible : car Hitler ôtait ainsi à ses officiers toute responsabilité et il les éduquait à l’indifférence.
    Les décisions prises par Hitler furent à l’origine non seulement d’une foule de travaux parallèles, mais aussi de problèmes d’approvisionnement de plus en plus complexes. Hitler ne comprenait pas à quel point il était important de fournir à nos troupes une quantité suffisante de pièces de rechange, ce qui était particulièrement fâcheux  4  . L’inspecteur général des blindés, le général Guderian, me fit plus d’une fois observer qu’on pouvait, en effectuant des réparations rapides, maintenir un nombre plus élevé de chars en état de combattre, et cela à moindres frais, qu’en construisant de nouveaux chars au détriment de la fabrication de pièces de rechange. Soutenu par Saur, mon collaborateur, Hitler persista à donner la priorité à la production de chars neufs, que l’on aurait pu diminuer de 20 % si l’on avait remis en état les chars hors de combat mais réparables.
    Des erreurs de ce genre intéressaient le général Fromm, commandant en chef de l’armée de réserve et de l’intérieur, et je l’emmenai plusieurs fois chez Hitler, pour lui fournir l’occasion de présenter les arguments de l’armée. Fromm avait le don d’exposer les problèmes clairement, il savait faire preuve de fermeté et avait des qualités de tact et de diplomatie. Il s’asseyait, plantait son sabre entre ses genoux, posait sa main sur le pommeau, l’air énergique, et aujourd’hui encore je pense, étant donné ses grandes qualités, qu’avec lui bien des erreurs auraient été évitées au quartier général. De fait, son influence grandit à la suite de quelques-unes de ces conférences. Mais diverses oppositions ne tardèrent pas à se manifester, aussi bien de la part de Keitel, qui voyait sa position menacée, que de Goebbels qui, comme on se l’imagine, ne lui délivra pas auprès de Hitler un certificat de bonne conduite politique. Peu de temps après, Hitler et lui se heurtèrent à propos d’une question d’approvisionnement. Hitler me signifia sans ambages que je ne devais plus venir avec Fromm.
    Très souvent les conférences avec Hitler avaient pour principal objet d’établir des programmes d’armement pour l’armée de terre. Le point de vue de Hitler était le suivant : plus je demande plus j’obtiens ; et je fus étonné de constater que des programmes dont les spécialistes de l’industrie considéraient la réalisation comme impossible étaient finalement dépassés. L’autorité de Hitler libérait des forces en réserve dont nous n’avions pas soupçonné l’existence. A partir de 1944, cependant, il ordonna de lancer des programmes qui tenaient de l’utopie ; nos tentatives pour les réaliser au niveau

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