Au Coeur Du Troisième Reich
éducation, Hitler faisait des efforts manifestes pour exposer ses idées avec le plus possible de talent 5 . De ce fait les conversations au quartier général du Führer se distinguaient avantageusement de celles de la Chancellerie du Reich.
Durant les premières semaines de l’offensive, l’atmosphère était à l’optimisme, quand nous commentions pendant les repas la progression rapide de nos troupes dans les plaines de la Russie du Sud ; huit semaines plus tard, en revanche, une inquiétude croissante commença à se lire sur les visages, et Hitler lui-même perdit peu à peu de son assurance.
Nos troupes s’étaient bien emparées des champs pétrolifères de Maikop, nos premiers blindés se battaient sur le Terek et s’enfonçaient déjà dans une région de steppes désertes jusqu’au sud de la Volga, vers Astrakhan. Mais au cours de cette marche en avant, le rythme des premières semaines s’était ralenti. L’approvisionnement ne suivait plus, les pièces de rechange qui avaient été emmenées étaient épuisées depuis longtemps, de sorte que notre avant-garde s’affaiblissait de plus en plus. De plus, notre production mensuelle d’armements ne répondait pas encore aux exigences d’une offensive menée sur des espaces aussi immenses : à l’époque nous fabriquions trois fois moins de blindés et quatre fois moins d’artillerie qu’en 1944. En plus de cela, l’usure du matériel était considérable, non à cause des combats, mais à cause des distances. Le centre d’essais de chars de Kummersdorf admettait que lorsqu’un char lourd avait parcouru 600 ou 800 kilomètres, son châssis ou son moteur devaient subir des réparations.
Hitler ne voulait rien entendre. Dans le but d’exploiter la faiblesse présumée de l’ennemi, il voulait contraindre ses troupes épuisées à avancer au sud du Caucase vers la Géorgie. En conséquence, il détacha de l’armée de tête, qui était déjà affaiblie, des forces importantes, qui, dépassant Maikop, avancèrent d’abord sur Sotchi et devaient ensuite emprunter l’étroite route côtière pour continuer vers le sud et atteindre Soukoum. Il ordonna impérieusement de faire porter l’effort principal dans cette direction ; il croyait en effet pouvoir s’emparer facilement des territoires situés au nord du Caucase.
Mais nos unités étaient à bout de forces. En dépit de tous les ordres de Hitler, elles ne purent avancer davantage. Au cours des conférences d’état-major furent montrées à Hitler des photos prises d’avion, sur lesquelles on voyait les impénétrables forêts de noyers situées devant Sotchi. Le général Halder, chef de l’état-major général, tenta de persuader Hitler que l’opération entreprise dans le sud ne pouvait pas être couronnée de succès ; les Russes pouvaient en effet dynamiter les pentes abruptes que longeait la route côtière et barrer celle-ci pour longtemps ; de toute façon elle était trop étroite pour le passage d’unités importantes. Mais ces arguments n’eurent aucun effet sur Hitler : « Ces difficultés peuvent être surmontées, comme toutes les difficultés ! Nous devons commencer par nous emparer de la route. Alors le chemin des plaines situées au sud du Caucase sera libre. Là nous pourrons reformer nos armées en toute tranquillité et installer des dépôts d’approvisionnement. Ensuite, dans un an ou deux, nous lancerons une offensive contre l’Empire britannique. Nous n’aurons pas besoin de grands moyens pour libérer l’Iran et l’Irak. Les peuples de l’Inde accueilleront nos divisions avec enthousiasme. »
En 1944, lorsqu’on fit la chasse aux commandes inutiles dans les maisons d’imprimerie, on s’aperçut qu’un imprimeur de Leipzig, pour satisfaire une commande de l’O.K.W., continuait à fabriquer en grandes quantités des cartes et des guides de conversation pour la Perse. Cette commande avait été oubliée.
Il ne fallait pas être grand clerc pour se rendre compte que la rapidité de l’offensive allait causer sa perte. C’est alors qu’arriva au quartier général la nouvelle qu’un détachement des troupes de montagne allemandes s’était emparé du mont Elbrouz, le plus haut sommet du Caucase ; sur cette montagne haute de 5 600 mètres, cernée d’immenses glaciers, nos soldats avaient planté le drapeau allemand. A l’évidence, il s’agissait d’une opération inutile, de faible envergure d’ailleurs 6 , qu’il
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