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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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d’atterrissage fixe. Il n’était pas rare que Hitler, le soir même qui suivait nos conférences, fasse étalage devant ses collaborateurs militaires des connaissances techniques qu’il venait d’acquérir. Il affectait d’en parler incidemment et il aimait les présenter comme son savoir personnel.
    Lorsque le char russe T 34 sortit des usines, Hitler triompha en faisant observer que ce char était pourvu d’un canon à tube long, chose qu’il avait déjà préconisée lui-même. Avant ma nomination au poste de ministre, j’appris qu’après la présentation du char IV dans les jardins de la Chancellerie, Hitler avait sévèrement critiqué l’entêtement des gens de la Direction des armements et du matériel de l’armée de terre qui montraient peu d’empressement à réaliser son idée d’augmenter la vitesse des obus au moyen d’un canon plus long. Or la Direction des armements avait à l’époque des arguments contre cette solution : le char n’était pas prévu pour un tube long et aurait été alourdi à l’avant ; une modification aussi importante aurait risqué de déséquilibrer l’engin.
    Hitler revenait toujours sur cet incident, quand il se heurtait à une opposition en exposant ses conceptions : « A l’époque, c’est moi qui avais raison, et on n’a pas voulu me croire ! aujourd’hui encore, c’est moi qui ai raison ! » Alors que l’armée voulait enfin disposer d’un char qui pût, grâce à une vitesse plus grande, faire échec au T 34 qui était relativement rapide, Hitler persistait dans son idée, selon laquelle il était plus avantageux pour un char de posséder, d’une part un canon dont les obus auraient une plus grande force de pénétration et, d’autre part, un blindage plus épais offrant une meilleure protection. Là encore, Hitler connaissait les chiffres nécessaires, la puissance de pénétration et la vitesse des obus. Il avait coutume de recourir à l’exemple des navires de guerre pour démontrer la justesse de ses conceptions : « Dans une bataille navale, celui qui a la plus grande portée de tir peut ouvrir le feu de plus loin, même si cette distance n’est que d’un kilomètre. Si en plus de cela il possède un blindage supérieur…, il est forcément le plus fort ! que voulez-vous ? Il ne reste au bateau plus rapide qu’une solution : utiliser sa vitesse supérieure pour déguerpir. Ou bien voulez-vous par hasard me démontrer que sa plus grande rapidité lui permettra de venir à bout d’un blindage supérieur et d’une artillerieplus puissante ? Avec les blindés, c’est exactement pareil. Le char le plus léger et le plus rapide doit reculer devant le plus lourd. »
    Mes experts de l’industrie ne participaient pas directement à ces discussions-là. Notre rôle était de construire des chars conformément aux normes établies par l’armée, que ce fût par Hitler lui-même, par l’état-major ou par la direction des armements de l’armée de terre. Les problèmes stratégiques ne nous concernaient pas. La plupart du temps, c’étaient les officiers qui menaient la discussion. En 1942, Hitler évitait encore de clore ces discussions en faisant acte d’autorité. A cette époque, il était encore capable d’écouter tranquillement les objections et d’exposer ses arguments tout aussi calmement. Ses arguments avaient tout de même beaucoup de poids.
    Le char « Tigre », qui initialement devait peser 50 tonnes, avait atteint un poids de 75 tonnes du fait des exigences de Hitler ; nous décidâmes donc de réaliser un nouveau char de 30 tonnes, dont le nom même de « Panthère » indiquait qu’il devait être plus maniable. Il devait être plus léger mais posséder le même moteur que le « Tigre », ce qui l’aurait rendu plus rapide. Mais en l’espace d’une année, et encore une fois à l’instigation de Hitler, son blindage fut renforcé, le calibre du canon augmenté, ce qui l’alourdit à un point tel que, pour finir, il pesait 48 tonnes et avait atteint le poids prévu initialement pour le « Tigre ».
    Pour compenser cette étrange métamorphose d’un « Panthère » rapide devenu un « Tigre » lent, nous lançâmes plus tard la fabrication en série d’un nouveau char plus petit, plus léger et encore une fois plus rapide  2  . Pour faire plaisir à Hitler et le tranquilliser, on demanda en même temps à Porsche de dessiner un char super-lourd, un mastodonte qui devait peser plus

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