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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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supérieurs était en mesure de régler les questions de personnel. Or l’armée n’ignorait pas, continua Guderian, que Hitler laissait le commandant en chef de la Luftwaffe, celui de la marine, ainsi que Himmler mener leur politique du personnel pratiquement comme ils l’entendaient. Seule l’armée de terre n’avait pas cette liberté.
    Chacun d’entre nous allait tenter d’intervenir auprès de Hitler pour qu’il nomme un nouveau commandant en chef de l’armée. Mais les premières allusions que Guderian et moi-même, chacun de notre côté, fîmes à ce sujet se heurtèrent à un refus extrêmement brutal de Hitler, qui parut manifestement offensé. Je ne savais pas que les maréchaux von Kluge et von Manstein venaient de faire, juste avant nous, une tentative dans le même sens. Hitler avait dû supposer que nous avions partie liée.
     
    Il y avait beau temps que Hitler n’accédait plus comme avant de bonne grâce à tous mes désirs concernant les questions de personnel et d’organisation. Le triumvirat formé par Bormann, Lammers et Keitel essaya de s’opposer à toute extension de mes pouvoirs, même si cela avait été justifié par la nécessité d’augmenter la production. Toutefois ils ne purent trouver aucun argument convaincant pour contrecarrer l’action que j’entrepris conjointement avec Dönitz pour prendre en main l’armement de la marine.
    J’avais fait la connaissance de Dönitz après mon entrée en fonctions, en juin 1942. Il était à l’époque commandant en chef des sous-marins et me reçut à Paris dans un immeuble qui, pour l’époque, était ultra-moderne. La simplicité des lieux me parut d’autant plus agréable que je venais de prendre part à un banquet plantureux, avec quantité de plats accompagnés de grands vins, qu’avait donné le maréchal Sperrle, commandant en chef des forces aériennes stationnées en France. Ce dernier avait installé son quartier général au palais du Luxembourg, dans l’ancien château de Marie de Médicis. Par son goût du luxe et son souci de mener grand train, le maréchal le cédait aussi peu à Göring, son commandant en chef, que par sa corpulence.
    Pendant les mois qui suivirent, nous eûmes, Dönitz et moi, à effectuer en commun certains travaux intéressant la construction sur l’Atlantique des grands abris bétonnés pour les sous-marins : ce fut pour nous l’occasion de fréquentes rencontres. Raeder, le commandant en chef de la marine, ne semblait pas voir cela d’un bon œil ; il ne tarda pas à interdire tout bonnement à Dönitz de discuter les problèmes techniques directement avec moi.
    A la fin décembre 1942, le commandant de sous-marins Schütze, qui comptait de nombreuses victoires, m’avertit qu’il existait de sérieuses dissensions entre Dönitz et le haut commandement de la marine à Berlin. Selon lui, certains indices laissaient prévoir que le commandant en chef de la flotte sous-marine allait être prochainement relevé de son commandement. Quelques jours plus tard, j’appris par le secrétaire d’État Naumann qu’au ministère de la Propagande, le censeur pour les questions de la marine avait barré le nom de Dönitz sur toutes les légendes des photos de presse prises à l’occasion d’un voyage d’inspection que Raeder et Dönitz avaient effectué ensemble.
    Dans les premiers jours de janvier, alors que je me trouvais au quartier général, Hitler entra en fureur à la lecture de certains comptes rendus de la presse étrangère qui relataient un combat naval dont le haut commandement de la marine ne l’avait pas informé dans tous les détails  6  . Au cours de la discussion que nous eûmes ensuite, il amena comme par hasard la conversation sur la question de savoir s’il était possible de rationaliser la construction des sous-marins. J’en vins ensuite rapidement à parler de ma difficile collaboration avec Raeder, et ce sujet l’intéressa davantage. Je lui fis part de l’interdiction de discuter les problèmes techniques avec Dönitz, des craintes des officiers de la flotte sous-marine quant à leur commandant en chef et de la façon dont avaient été censurées les légendes des photos dans la presse. Après tout, j’avais constaté, en observant la manière de faire de Bormann, qu’on n’arrivait à obtenir quelque chose de Hitler qu’en éveillant prudemment sa méfiance. Toute tentative pour l’influencer directement était au contraire vouée à l’échec, car

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