Au Coeur Du Troisième Reich
sous-marins et étudier tous les détails. La présidence de cette commission ne fut pas confiée, comme l’aurait voulu l’usage, à un ingénieur en chef, mais à l’amiral Topp, que Dönitz affecta spécialement à cette tâche : cela soulevait d’ailleurs des problèmes complexes de compétences que nous n’essayâmes pas de définir clairement. Entre Topp et Merker, la coopération fut aussi excellente qu’entre Dönitz et moi.
Le 11 novembre 1943, quatre mois exactement après la première séance de la commission des Constructions navales, tous les plans étaient terminés. Un mois plus tard nous pouvions, Dönitz et moi, inspecter un modèle réalisé en bois, visible même de l’intérieur, du nouveau sous-marin de 1 600 tonnes. Les plans de construction étaient encore en cours de réalisation que le comité principal pour les constructions navales avait déjà passé des commandes à l’industrie : nous avions déjà utilisé cette méthode avec succès pour la fabrication des nouveaux chars « Panthères ». C’est uniquement grâce à cette méthode que nous pûmes livrer à la marine, dès 1944, les premiers sous-marins nouveau modèle prêts à prendre l’eau, afin qu’elle puisse les essayer. Et nous aurions réalisé notre engagement de livrer 40 sous-marins par mois dès les premiers mois de l’année 1945 en dépit des circonstances devenues catastrophiques, si un tiers des bâtiments n’avait pas été détruit sur les chantiers navals par les raids aériens de l’ennemi 8 .
Dönitz et moi nous nous sommes souvent demandé à l’époque ce qui avait empêché l’Allemagne de réaliser ce nouveau type de sous-marins beaucoup plus tôt. Il ne comportait en effet aucune innovation technique, et les principes de construction étaient connus depuis des années. Les spécialistes ont assuré que ces nouveaux sous-marins avaient ouvert une nouvelle série de victoires dans la guerre sous-marine ; après la guerre, la marine de guerre américaine apporta une confirmation de ce point de vue, en adoptant ce nouveau type dans son programme de construction de sous-marins.
Le 26 juillet 1943, trois jours après avoir signé avec Dönitz le décret que nous avions élaboré ensemble sur le nouveau programme de la marine, j’obtins le consentement de Hitler pour que l’ensemble de la production soit placé sous la responsabilité de mon ministère. Pour des raisons de tactique, j’avais allégué, pour justifier ma revendication, les charges que faisaient peser sur la production le programme de la marine, ainsi que d’autres exigences formulées par Hitler. J’exposai à Hitler que, du fait que certaines grandes entreprises de l’industrie des biens de consommation s’étaient reconverties en entreprises d’armement, il fallait affecter à des programmes urgents non seulement 500 000 ouvriers allemands, mais aussi tout le personnel de direction et tout l’équipement des usines. La plupart des Gauleiter s’opposèrent toutefois à de telles reconversions. Le ministère de l’Économie s’était montré impuissant à faire prévaloir ses vues contre eux ; ce fut mon cas également, disons-le à l’avance, comme je n’allais pas tarder à m’en rendre compte.
Après une enquête interminable par voie de circulaire, invitant tous les ministres intéressés ainsi que les autorités compétentes du Plan de quatre ans à donner leur opinion, Lammers convoqua les ministres à une réunion qui eut lieu le 26 août dans la salle du cabinet du Reich. Grâce au désintéressement de Funk, qui ce jour-là « prononça avec esprit et humour sa propre oraison funèbre », l’assemblée unanime consentit à ce que mon ministère coiffe désormais l’ensemble de la production de guerre. Bon gré, mal gré, Lammers dut promettre de communiquer cette décision à Hitler par l’intermédiaire de Bormann. Quelques jours plus tard, nous nous rendions, Funk et moi, au quartier général, pour obtenir l’accord définitif de Hitler.
Je commençai à donner à Hitler des explications sur le décret à signer, lorsque ce dernier, à ma complète stupéfaction, me coupa la parole devant Funk et me déclara avec acrimonie qu’il se voyait obligé de refuser de continuer toute discussion à ce sujet. Quelques heures plus tôt, continua-t-il, Bormann l’avait averti que je voulais aujourd’hui l’engager à signer un texte que ni le ministre Lammers ni le Reichsmarschall
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