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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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n’avaient approuvé. Il ne pouvait tolérer d’être ainsi impliqué dans nos rivalités. Lorsque je voulus lui expliquer que Lammers, en sa qualité de ministre du Reich, et comme ses fonctions l’y autorisaient, avait obtenu l’accord du secrétaire d’État de Göring au Plan de quatre ans, Hitler me rabroua une nouvelle fois avec une brusquerie inaccoutumée : « Heureusement que je possède en Bormann un fidèle ange gardien ! » En clair, cela voulait dire qu’il me prêtait l’intention de vouloir le tromper.
    Funk informa Lammers de ce qui se passait. Puis nous partîmes à la rencontre de Göring qui avait quitté son territoire de chasse, la lande de Rominten, pour se rendre dans son wagon-salon au quartier général de Hitler. Tout d’abord Göring se montra très irrité ; il avait sans aucun doute été lui aussi renseigné de façon tendancieuse et mis en garde contre nous. Toutefois Funk finit par réussir à rompre la glace à force d’éloquence et d’amabilité, et notre décret fut examiné point par point. Göring approuva l’ensemble du texte une fois qu’on eut rajouté la clause suivante : « Les attributions du Reichsmarschall du grand Reich allemand, délégué au Plan de quatre ans, restent inchangées. » En pratique cette restriction était sans importance, d’autant plus que j’assurais déjà la direction de la plupart des secteurs importants du Plan de quatre ans par le truchement de l’Office central de planification.
    Pour marquer son approbation, Göring signa notre projet et Lammers nous informa par télex qu’il n’y avait plus d’obstacles. Hitler lui aussi se déclara prêt à signer le projet, qui fut présenté à sa signature quelques jours après, le 2 septembre. De ministre de l’Armement et des Munitions j’étais devenu « ministre de l’Armement et de la Production de guerre ».
    La machination de Bormann avait échoué. Je n’émis aucune protestation auprès de Hitler ; je préférais lui laisser le soin de juger si Bormann, en l’occurrence, avait bien agi en serviteur fidèle et dévoué. Me fiant à mes diverses expériences, je jugeai plus judicieux de ne pas dénoncer la manœuvre de Bormann et d’épargner à Hitler une situation embarrassante.
    Manifestement la cheville ouvrière de cette opposition, tantôt déclarée tantôt souterraine, à l’extension de mon ministère était Bormann, que l’inquiétude gagnait. Il était bien obligé de reconnaître que j’échappais à sa sphère d’influence et que j’accumulais des pouvoirs de plus en plus étendus. En outre, mon travail m’avait donné l’occasion de nouer des relations amicales avec les chefs militaires, avec Guderian, Zeitzler, Fromm, Milch et, depuis peu, avec Dönitz. Parmi les familiers de Hitler je m’étais également concilié l’amitié de ceux qui justement rejetaient Bormann : le général Engel, aide de camp de l’armée auprès de Hitler, le général von Below, aide de camp de la Luftwaffe, et surtout le général Schmundt, aide de camp pour la Wehrmacht. Enfin le D r  Karl Brandt, médecin au service de Hitler, que Bormann considérait également comme un ennemi personnel, était très lié avec moi.
    Un soir je me trouvais avec Schmundt, et nous avions bu ensemble quelques verres de genièvre, du Steinhäger, quand le général me déclara que j’étais le grand espoir de l’armée. Partout, selon lui, les généraux plaçaient en moi toute leur confiance, alors qu’ils n’avaient sur Göring que des opinions peu flatteuses. Il conclut sur un ton quelque peu pathétique : « L’armée est avec vous, monsieur Speer, vous pourrez toujourscompter sur elle. » Je n’ai jamais compris où Schmundt voulait en venir avec cette réflexion surprenante, mais je présume qu’il confondait l’armée et les généraux. Pourtant je pouvais logiquement supposer que Schmundt avait dû faire des déclarations de ce genre en présence d’autres personnes ; étant donné le monde cloîtré qu’était le quartier général, il est impossible qu’elles ne soient pas venues aux oreilles de Bormann.
    A la même époque, ce devait être vers l’automne 1943, et la conférence d’état-major allait commencer, Hitler nous accueillit, Himmler et moi, en nous traitant, en présence de quelques-uns de ses adjoints, d’« égaux et pairs », ce qui me laissa quelque peu perplexe. Quelle qu’ait été l’intention de Hitler, ce qualificatif pouvait

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