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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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difficilement faire plaisir au Reichsführer-SS, dont la position de force était incontestée. Une autre fois, pendant ces semaines-là, Zeitzler, tout heureux, me raconta : « Le Führer est très content de vous ! Il a déclaré récemment qu’il mettait en vous les plus grands espoirs ! et qu’après Göring un nouvel astre était apparu  9   ! » Je demandai à Zeitzler de garder cette réflexion pour lui. Mais comme elle me fut rapportée par d’autres personnes de l’entourage immédiat de Hitler, Bormann avait dû en avoir connaissance, cela ne faisait aucun doute. Le très influent secrétaire de Hitler fut obligé de reconnaître qu’il n’avait pas réussi, cet été-là, à dresser Hitler contre moi ; c’était tout le contraire qui était arrivé.
    Comme Hitler était en général assez avare de tels éloges, Bormann avait dû prendre au sérieux la menace qu’ils impliquaient : pour lui, je représentais un danger croissant, car je n’étais pas issu des cadres du parti qui lui étaient dévoués. Dès lors il se mit à affirmer devant ses adjoints les plus proches que non seulement j’étais un adversaire du parti, mais que je n’ambitionnais rien de moins que la succession de Hitler  10  . Cette supposition n’était pas dénuée de fondement. Je me rappelle avoir eu à ce sujet plusieurs conversations avec Milch.
    A l’époque, Hitler était indiscutablement embarrassé pour savoir qui il pourrait choisir pour être son successeur. La réputation de Göring était ébranlée, Hess s’était éliminé de lui-même, les agissements de Bormann avaient eu raison de Schirach, quant à Bormann, Himmler et Goebbels ils ne correspondaient pas au « type de l’artiste » tel que Hitler se le représentait. Entre nous en revanche, Hitler avait sûrement découvert des affinités : pour lui, j’étais un artiste privilégié, qui avait conquis en peu de temps une place importante dans la hiérarchie politique et avait également révélé des capacités exceptionnelles dans le domaine militaire, à en croire les résultats que j’avais obtenus dans l’armement. La politique extérieure, quatrième spécialité de Hitler, était le seul domaine où je ne me sois pas distingué. Il est possible qu’il m’ait considéré comme un artiste de génie qui s’était fourvoyé dans la politique et y avait réussi, représentant indirectement une confirmation de sa propre carrière.
    Dans l’intimité, j’appelais toujours Bormann « l’homme à la cisaille ». En effet il mettait toute son énergie, sa ruse et sa brutalité à empêcher quiconque de s’élever. Dès ce moment, Bormann mit tout en œuvre pour saper mon autorité. A partir d’octobre 1943, les Gauleiter firent front contre moi et, un an plus tard, résigné, je songeai par moments à me démettre de mes fonctions. Jusqu’à la fin de la guerre cette lutte entre Bormann et moi resta indécise. Hitler ne cessa de retenir Bormann ; il ne m’abandonna pas, parfois même il m’honora de sa faveur pour me traiter ensuite grossièrement. Bormann ne pouvait m’enlever l’appareil industriel que je dirigeais avec succès. Ce système dépendait de moi si étroitement que ma chute en aurait entraîné la ruine, compromettant ainsi la conduite de la guerre.

20.
    Bombes
    La griserie où m’avaient plongé, les premiers mois, la création de notre nouvelle organisation, la réussite que je connaissais et la considération qu’elle me valait avaient rapidement fait place à de graves soucis devant les difficultés qui s’amoncelaient. Le problème de la main-d’œuvre, les questions de matériel restées sans solution et les intrigues de cour n’étaient pas les seules causes de mes préoccupations. Les attaques aériennes de l’aviation britannique et les premières répercussions qu’elles eurent sur notre production reléguèrent pour un temps Bormann, Sauckel et la planification à l’arrière-plan. Mais en même temps les bombardements contribuèrent à accroître mon prestige. En effet, malgré les préjudices qu’ils nous causèrent, la production, loin de diminuer, augmenta.
    Ces raids aériens portèrent la guerre au cœur de l’Allemagne. Dans les villes dévastées et ravagées par les flammes nous subissions la pression directe et quotidienne de la guerre, et cela nous stimulait et nous incitait à donner le maximum.
    Les souffrances imposées à la population ne brisèrent pas non plus sa

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