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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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résistance. Mes visites dans les usines d’armement et mes contacts avec l’homme de la rue me donnèrent au contraire l’impression que notre peuple était de plus en plus aguerri. Il est possible que la diminution de la production, évaluée à 9 %  1  , ait été largement compensée par l’intensification des efforts des Allemands.
    Les moyens considérables qui furent mis en œuvre pour la défense du territoire furent la principale cause de cette baisse de la production. En 1943, le territoire du Reich et les théâtres d’opérations situés à l’ouest étaient hérissés de 10 000 canons antiaériens lourds  2 qui auraient pu tout aussi bien être utilisés en Russie contre les chars ou d’autres objectifs terrestres. En outre, sans ce deuxième front, le front aérien déployé au-dessus du pays, la quantité de munitions nécessaires à notre défense antichar aurait pu être multipliée par deux, à peu de chose près. De surcroît, des centaines de milliers de jeunes soldats étaient employés à la défense antiaérienne. L’industrie de l’optique consacrait un tiers de sa production aux appareils de visée des batteries de D.C.A., l’électronique consacrait à peu près la moitié de sa production aux appareils de radiogoniométrie et de transmissions de la défense antiaérienne. C’est ce qui explique qu’en dépit du niveau élevé des industries électrique et optique de l’Allemagne, nos troupes combattant sur le front étaient beaucoup moins bien équipées en matériel moderne que les armées occidentales  3  .
     
    Nous eûmes dès 1942 une première idée des épreuves qui nous attendaient en 1943 : dans la nuit du 30 au 31 mai 1942, les Anglais, concentrant toutes leurs forces, lancèrent une attaque aérienne sur Cologne, à laquelle participèrent 1 046 bombardiers.
    Par une pure coïncidence, Milch et moi étions convoqués le lendemain matin du bombardement chez Göring, qui séjournait alors non pas à Karinhall, mais dans son château de Veldenstein, en Suisse franconienne. Le Reichsmarschall était de mauvaise humeur et ne voulait pas ajouter foi aux rapports qui lui parvenaient sur le bombardement de Cologne : « Impossible, on ne peut pas lancer autant de bombes en une nuit, criait-il, apostrophant son aide de camp. Passez-moi le Gauleiter de Cologne. » Une conversation grotesque se déroula devant nous au téléphone. « Le rapport de votre directeur de la Police n’est qu’un tissu de mensonges ! » Le Gauleiter sembla démentir ce point de vue. « Je vous dis, moi, Reichsmarchall, que les chiffres qu’il donne sont très exagérés. Comment pouvez-vous transmettre au Führer de telles inventions ! » Au bout du fil, le Gauleiter ne voulait manifestement pas démordre de ses chiffres : « Allez donc savoir combien de bombes incendiaires ont été lâchées ? continua Göring. Tout cela, ce ne sont que des approximations ! Je vous répète qu’elles sont beaucoup trop élevées. Tout cela est faux ! Rectifiez immédiatement les chiffres communiqués au Führer ! Ou bien voulez-vous dire par hasard que je suis un menteur ? j’ai fait parvenir au Führer un rapport avec des chiffres exacts. Un point c’est tout ! »
    Ensuite, comme si de rien n’était, Göring nous fit faire le tour du propriétaire et nous montra sa maison, qui avait été la demeure de ses parents. Comme si nous avions été en pleine période de paix, il fit apporter des plans et nous expliqua que la modeste maison « Biedermeier » de ses parents, bâtie dans la cour du vieux burg en ruine, allait être remplacée par un magnifique château. Pour commencer, il allait se faire construire un bunker pour sa sécurité : les plans en étaient déjà dessinés.
    Trois jours plus tard j’étais au quartier général. L’émotion suscitée par le bombardement de Cologne était encore vive. Je rapportai à Hitler l’étrange conversation qu’avait eue au téléphone Göring avec le Gauleiter Grohé. J’admis naturellement que les renseignements fournis par Göring devaient être plus véridiques que ceuxdu Gauleiter. Mais Hitler s’était déjà fait une opinion à ce sujet. Il présenta à Göring les comptes rendus de la presse ennemie sur le nombre considérable d’avions engagés et la quantité de bombes larguées ; ces chiffres étaient encore plus élevés que ceux du directeur de la police de Cologne  4  . La tactique de Göring, consistant à

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