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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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encore attendre. Hitler me donnait, de-ci de-là, des travaux pressés et semblait surtout apprécier en moi mon aptitude à terminer rapidement les commandes qu’on me faisait. Les trois fenêtres du cabinet de travail de l’ancienne Chancellerie, situé au premier étage de l’immeuble, donnaient sur la Wilhelmplatz. Dans les premiers mois de l’année 1933, il y avait presque continuellement sur cette place de grands rassemblements de foule demandant en chœur à voir le Führer, aussi lui était-il devenu impossible de travailler dans cette pièce ; de plus, il ne l’aimait pas : « Beaucoup trop petite ! déclarait-il. Avec ses 60 mètres carrés elle est tout juste bonne pour un de mes collaborateurs. Où devrai-je m’asseoir, quand je recevrai une visite officielle ? dans ce recoin peut-être ? Quant à ce bureau, il est tout juste assez grand pour mon directeur de cabinet. »
    Hitler me chargea d’aménager en cabinet de travail une grande salle donnant sur le jardin. Pendant cinq ans il se contenta de cette pièce, en l’ayant toutefois dès le début considérée comme provisoire. Son cabinet de travail dans la nouvelle Chancellerie de 1938 devait d’ailleurs lui paraître très vite insuffisant. Aussi, dans la Chancellerie définitive, dont je devais faire les plans conformément à ses instructions et qui devait être terminée pour 1950, avait-on prévu, pour Hitler et ses successeurs des siècles à venir, une salle de travail qui, avec ses 960 mètres carrés, aurait été seize fois plus grande que celle de ses prédécesseurs. A cette immense salle, j’avais quand même ajouté, après en avoir discuté avec Hitler, un cabinet de travail particulier d’environ 60 mètres carrés.
    On ne devait plus utiliser à l’avenir l’ancien bureau. Hitler ne voulait plus y aller que pour paraître au « balcon historique », que je construisis en toute hâte devant une fenêtre pour qu’il puisse saluer la foule à son aise. « La fenêtre, déclara-t-il satisfait, ne me convenait pas du tout, on ne me voyait pas de partout. Je ne pouvais tout de même pas me pencher à l’extérieur. » L’architecte de l’ancienne Chancellerie, le professeur Eduard Jobst Siedler, de la Haute École technique de Berlin, protesta contre ce rajout, et Lammers, le chef de la Chancellerie du Reich, confirma que notre initiative était une atteinte à la loi protégeant la création artistique. Hitler écarta cette objection d’une remarque méprisante : « Siedler a défiguré toute la Wilhelmplatz, ce qu’il a construit fait penser à l’immeuble administratif d’un trust du savon, ce n’est pas digne d’être le centre du Reich ! que croit-il donc ? qu’il va aussi me construire le balcon ? » Il fut pourtant d’accord pour passer une commande au professeur, en guise de dédommagement.
    Quelques mois plus tard, je dus construire un baraquement pour les ouvriers du chantier de l’autoroute, qu’on venait de commencer. Mécontent de la façon dont les ouvriers étaient logés jusqu’alors, le Führer voulut que je dessine un modèle qui puisse servir sur tous les chantiers. Possédant une cuisine, une salle d’eau et de douche, une salle commune et des cabines à deux lits, ce modèle était à coup sûr plus confortable que tout ce qu’on avait vu jusqu’alors sur les chantiers. Ayant étudié avec soin tous les détails, Hitler me demanda de lui rendre compte de l’accueil que cette innovation avait rencontré auprès des ouvriers. Voilà comment je m’étais imaginé le Führer national-socialiste.
    En attendant que la transformation de la Chancellerie soit terminée, Hitler habitait dans l’appartement de son secrétaire d’État Lammers, au dernier étage de la résidence de fonction. C’est là que je prenais part à ses déjeuners ou à ses dîners. Le soir, on y retrouvait le plus souvent la suite habituelle de Hitler, c’est-à-dire Schreck, son chauffeur depuis de longues années, Sepp Dietrich, le commandant de sa garde du corps SS, le D r  Dietrich, chef du service de presse, Brückner et Schaub ses aides de camp, et Heinrich Hoffmann, son photographe. Comme la table ne pouvait contenir plus de dix personnes, elle était presque toujours complète. En revanche, le midi, c’étaient surtout ses vieux compagnons de lutte de Munich qui venaient, Amann, Schwarz, Esser, le Gauleiter Wagner, souvent aussi Werlin, le directeur de la filiale munichoise de Daimler-Benz,

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