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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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dans lequel il décrivait l’état antérieur de cette résidence de la façon suivante : « Après la révolution de 1918, la maison connut une lente dégradation. La charpente était pourrie en bien des endroits. Les planchers eux aussi étaient complètement vermoulus. Comme mes prédécesseurs ne pouvaient, en général, compter rester en fonction que quatre ou cinq mois, ils ne voyaient pas l’utilité de faire enlever la saleté de ceux qui avaient habité dans cette maison avant eux, ni de faire en sorte que celui qui leur succéderait la trouve en meilleur état qu’eux-mêmes ne l’avaient trouvée. Ils ne se sentaient tenus à aucun frais de représentation vis-à-vis de l’étranger, puisque celui-ci les tenait en piètre considération. Aussi la maison était-elle en train de tomber en ruine. Sols et plafonds étaient vermoulus, tapis et tentures pourris, imprégnant les lieux d’une odeur à peine supportable  3  . »
    Hitler exagérait. Néanmoins, l’état dans lequel se trouvait cette maison était à peine croyable. La cuisine, presque sans lumière, avait des fourneaux d’un autre âge. Les occupants de la maison n’avaient à leur disposition qu’une seule et unique salle de bains, et encore son installation datait-elle du début du siècle. Il y avait aussi de nombreuses fautes de goût : des portes peintes en imitation bois, des bacs à fleurs qui n’étaient en réalité que des récipients en fer-blanc, peints façon marbre. Hitler triomphait : « Vous voyez la déchéance de la vieille république. C’en est au point qu’on ne peut même pas montrer à un étranger la maison du chancelier du Reich. J’aurais honte de recevoir ici ne serait-ce qu’un seul visiteur. »
    Au cours de cette inspection méticuleuse, qui dura bien trois heures, nous allâmes également au grenier. Le concierge expliqua : « Et ça, c’est la porte qui mène à la maison voisine. – Comment ? – Il y a un passage qui traverse les greniers de tous les ministères et aboutit à l’hôtel Adlon. – Pourquoi ? – Les troubles des débuts de la république de Weimar, ont montré que les émeutiers peuvent couper le chancelier du Reich du monde extérieur. Par ce chemin, une retraite est toujours possible. » Hitler se fit ouvrir la porte et, de fait, nous nous trouvâmes aux Affaires étrangères, contiguës à la Chancellerie. « Il faut faire murer cette porte, déclara Hitler, nous n’en avons pas besoin. »
    Dès le début des travaux, Hitler parut presque chaque jour sur le chantier, suivi d’un aide de camp, se réjouissant de voir les travaux progresser et les pièces prendre forme. Au bout de quelque temps, les ouvriers du chantier le saluaient sans contrainte. Malgré la présence discrète de deux SS en civil, tout cela avait l’intimité d’un tableau de genre. On remarquait à son attitude que Hitler se sentait comme chez lui sur un chantier.
    Le chef de chantier et moi-même l’accompagnions lors de ses visites d’inspection. Non sans aménité, mais sans phrases superflues non plus, il nous posait des questions précises : « Quand cette pièce sera-t-elle nettoyée ? – Quand les fenêtres seront-elles posées ? – Les plans des détails sont-ils déjà arrivés de Munich ? – Pas encore ? Je les demanderai moi-même au professeur », car c’est ainsi qu’il avait l’habitude d’appeler Troost. On inspectait une nouvelle pièce : « Mais cette pièce est déjà faite. Elle ne l’était pas hier encore ! Le profil de ce plafond est très beau. Le professeur les réussit merveilleusement. – Quand pensez-vous avoir terminé ? Je suis très pressé. Je ne dispose pour l’instant que du petit appartement du secrétaire d’État, sous les combles. Je ne peux y inviter personne. La République était économe jusqu’au ridicule. Avez-vous vu l’entrée, et l’ascenseur ? N’importe quel grand magasin en a de meilleurs. » De fait l’ascenseur tombait en panne de temps en temps et on ne pouvait y monter qu’à trois.
    On comprendra facilement que la simplicité de Hitler ait fait sur moi une grande impression. Après tout il était non seulement le chancelier, mais aussi l’homme qui avait revigoré l’Allemagne, procurait du travail aux chômeurs et lançait de grands programmes économiques. C’est seulement beaucoup plus tard que je commençai à entrevoir, en me fondant sur de multiples détails, qu’il y avait aussi dans tout cela une

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