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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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participer Meindl à des conversations avec Hitler en le présentant comme mon successeur 10  . Ley, Reischsleiter du parti, qui était déjà surchargé de fonctions, fit valoir ses prétentions : dans l’éventualité du départ de Speer, il déclara, sans avoir été consulté, qu’il se chargerait également de ce travail et qu’il en viendrait bien à bout !
    Bormann et Himmler tentèrent entre-temps de déconsidérer dans l’esprit de Hitler mes autres directeurs généraux en les chargeant de graves accusations. Ce n’est que par des voies détournées, Hitler n’estimant pas nécessaire de me faire informer, que j’appris qu’il était tellement furieux contre trois d’entre eux, Liebel, Waeger et Schieber, et qu’il fallait s’attendre à les voir congédier sous peu. Quelques semaines avaient suffi à Hitler pour oublier les jours de Klessheim. Hormis Fromm, Zeitzler, Guderian, Milch et Dönitz, seul Funk, le ministre de l’Économie, continua à faire partie du petit cercle de dirigeants du régime qui me témoignèrent de la sympathie pendant ces semaines de maladie.
    Depuis des semaines, pour parer aux conséquences des bombardements, Hitler avait exigé le transfert de l’industrie dans des souterrains ou dans de grands bunkers. Je lui répliquai que l’on ne pouvait pas combattre des bombardiers avec du béton, car un grand nombre d’années de travail ne suffiraient pas à enterrer les usines d’armement, ni à les installer sous du béton. En outre, nous avions la chance que l’ennemi, en s’attaquant à notre industrie d’armement, s’en prenait pour ainsi dire à un delta largement ramifié formé par un fleuve et ses nombreux affluents ; en protégeant ce delta, nous ne ferions que le contraindre à attaquer là où le cours du fleuve industriel était encore concentré dans un lit profond et étroit. En écrivant cela, je songeais à la chimie, au charbon, aux centrales hydrauliques et à un certain nombre de mes cauchemars. Il ne faisait pas de doute qu’il eût été possible à l’Angleterre et à l’Amérique d’éliminer totalement, en un bref laps de temps, une de ces branches de la production et de rendre ainsi illusoires tous les autres efforts que nous pourrions faire pour protéger la fabrication.
    Le 14 avril, Göring prit l’initiative et convoqua Dorsch : il ne pouvait envisager la construction des grands bunkers réclamés par Hitler, déclara-t-il l’air important, que grâce à l’organisation Todt. Dorsch répliqua que de telles installations, qui devraient être situées sur le territoire du Reich, ne relevaient pas de cette organisation, compétente seulement pour les territoires occupés. Il pouvait cependant présenter immédiatement un projet élaboré, mais prévu pour la France. Le soir même, Dorsch fut convoqué chez Hitler : « Je vais ordonner que les grandes constructions de cet ordre soient exécutées également sur le territoire du Reich exclusivement par vous. » Dès le lendemain, Dorsch put proposer un certain nombre d’emplacements favorables et expliquer quelles étaient les conditions nécessaires, sur les plans technique et administratif, à la réalisation de six ensembles de grands bunkers, chacun d’entre eux devant avoir 100 000 mètres carrés de surface. Dorsch promit que ces constructions seraient achevées en novembre 1944  11  . Dans un de ses décrets improvisés tant redoutés, Hitler plaça Dorsch immédiatement sous ses ordres et donna à tous les grands bunkers un caractère d’urgence tel que Dorsch pouvait intervenir à sa guise dans tous les projets de construction. Il ne fallait pourtant pas être grand clerc pour prédire que ces six bunkers géants ne pourraient pas être terminés dans le délai promis et qu’ils ne pourraient même plus être mis en service. Reconnaître le vrai, lorsque l’erreur était si manifeste, n’était pourtant pas tellement sorcier.
    Jusqu’alors Hitler n’avait pas estimé indispensable de me tenir au courant de toutes les mesures par lesquelles il avait continué, sans autre forme de procès, à limiter ma position. La blessure d’amour-propre, la vexation que je ressentais n’étaient pas sans jouer un rôle dans la lettre que je lui écrivis le 19 avril, où je mettais en doute ouvertement le bien-fondé des décisions prises, et qui fut la première d’une longue suite de lettres et de mémoires dans lesquels s’opéra, souvent sous le couvert de

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