Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
à un point tel, que non seulement les bombes atteignant leur but, mais davantage encore les ébranlements provoqués par les bombes explosant à proximité, causaient partout des fuites dans les installations. Il était presque impossible de procéder à des réparations. En août nous atteignîmes 10 %, en septembre 5 1/2 %, en octobre à nouveau 10 % de notre ancienne capacité de production. Ce n’est qu’en novembre 1944 que nous parvînmes, à notre grande surprise, à rattraper les 28 % (1 633 tonnes journalières  8  ). « Des rapports enjolivés émanant des services de la Wehrmacht font craindre au ministre que le caractère critique de la situation ne soit pas reconnu » : telle était la mention que portait la Chronique à la date du 22 juillet 1944. Ce qui entraîna six jours après la rédaction d’un mémoire à Hitler, mémoire consacré à la situation sur le plan des carburants et dont certains passages coïncidaient presque mot pour mot avec un premier mémoire daté du 30 juin 9  . Les deux études constataient à l’évidence que le manque de production attendu pour juillet et août entraînerait sans aucun doute la consommation de l’essentiel des réserves de carburant pour avions et des autres carburants, et qu’ainsi une pénurie insurmontable surviendrait, qui ne manquerait pas « d’avoir des conséquences tragiques 10   ».
    En même temps, je proposai à Hitler diverses solutions qui devaient nous mettre en état d’éviter ou simplement de différer ces conséquences. En vue d’obtenir le maximum d’efficacité, je priai Hitler de m’accorder les pleins pouvoirs pour mobiliser toutes les forces appropriées à remédier aux destructions résultant de ces bombardements. Je lui suggérai de donner à Edmund Geilenberg, qui avait réalisé des prodiges dans la production des munitions, toute latitude, pour saisir sans aucun ménagement tous les matériaux permettant de relancer notre production de carburants, limiter au besoin certaines fabrications, et faire appel à des spécialistes. Tout d’abors Hitler refusa : « Si j’accorde ces pleins pouvoirs, nous aurons immédiatement moins de chars d’assaut. Impossible ! En aucun cas, je ne permettrai cela. » Il n’avait manifestement pas saisi la gravité de la situation, bien que nous nous soyons entretenus à plusieurs reprises de l’évolution menaçante des événements. Je n’avais cessé de lui répéter que les chars d’assaut n’avaient pas de sens, si nous ne produisions pas suffisamment de carburant. Hitler ne donna sa signature que lorsque je lui eus promis d’augmenter le nombre des chars produits et que Saur eut confirmé cette promesse. Deux mois plus tard, 150 000 travailleurs étaient employés à reconstruire les usines d’hydrogénation et, parmi eux, un fort pourcentage des meilleurs ouvriers indispensables à l’armement. Ils étaient 350 000 à la fin de l’automne 1944.
    En dictant mon mémoire, j’étais épouvanté devant le manque de discernement du commandement. J’avais sous les yeux des rapports de mon service de planification donnant les pertes de production journalières, les déficits et les délais nécessaires à une reprise de la production : mais tout cela n’avait de raison d’être qu’à la condition expresse qu’on réussisse à empêcher les attaques ennemies ou à les réduire. J’adjurai Hitler, dans mon mémoire du 28 juillet 1944, « d’attribuer une part notablement plus importante de la production des avions de chasse à la défense du pays 11   ». Je lui réitérai mes objurgations en lui demandant s’il n’était pas plus rationnel « de protéger en priorité les usines d’hydrogénation situées sur le territoire de la patrie grâce à l’aviation de chasse, de telle sorte qu’en août et en septembre une partie au moins de la production soit préservée, au lieu de s’en tenir à la méthode actuelle et de savoir avec certitude qu’en septembre ou en octobre la Luftwaffe se trouverai à court de carburant au front comme sur la terre allemande  12   ».
    C’était déjà la deuxième fois que je soumettais ces questions à Hitler. Après la réunion de l’Obersalzberg à la fin mai, Hitler avait approuvé un plan de Galland qui prévoyait la création, à partir de notre production accrue d’avions de chasse, d’une flotte aérienne qui devait être réservée à la défense du territoire. A une conférence à

Weitere Kostenlose Bücher