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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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lorsqu’on annonça peu de temps après qu’une brigade de blindés venait d’arriver sur la Fehrbelliner Platz, qui refusait d’obéir aux ordres de Remer. Elle obéissait uniquement au général Guderian : « Celui qui n’obéit pas sera fusillé », tel était dans sa brièveté le seul renseignement militaire qui nous fut rapporté. La supériorité de cette unité était telle, que son attitude commandait plus que le destin de l’heure suivante.
    Un fait était symptomatique de l’incertitude de notre situation : personne ne pouvait nous dire si cette unité de blindés, à laquelle Goebbels ne pouvait opposer aucune force, se rangeait aux côtés du gouvernement ou était passée du côté des insurgés. Goebbels et Remer tenaient pour plausible la participation de Guderian au putsch  11  . La brigade était commandée par le colonel Bollbrinker. Le connaissant bien, je tentai d’entrer en communication téléphonique avec lui. Le renseignement qu’il me donna nous soulagea : les blindés étaient venus pour écraser le soulèvement.
    Pendant ce temps, environ cent cinquante soldats du bataillon berlinois de garde, la plupart des hommes d’un certain âge, avaient pris position dans le jardin de Goebbels. Avant d’aller les voir, le ministre déclara : « Si j’arrive à les convaincre, la partie sera gagnée. Regardez bien comme je vais les mettre dans ma poche ! » Entre-temps la nuit était tombée, la scène n’était éclairée que par une porte de jardin ouverte. Dès les premiers mots, les soldats écoutèrent avec attention le discours assez long et au fond assez creux de Goebbels. Mais celui-ci fit preuve d’une extraordinaire assurance, et il apparut comme le vrai vainqueur de cette journée. Il reprit des lieux communs éculés, mais d’une façon si personnelle, que son discours eut un effet à la fois envoûtant et excitant. L’impression qu’il produisit se lisait directement sur les visages des soldats rassemblés dans la pénombre : ils furent conquis non par des menaces ou des ordres, mais à force de persuasion.
    Vers onze heures du soir, le colonel Bollbrinker vint me voir dans la pièce qui m’avait été attribuée : Fromm voulait faire passer en conseil de guerre, dans la Bendlerstrasse, les conjurés qui avaient été arrêtés entre-temps. Cela devait accabler Fromm, ainsi que je le compris tout de suite. En outre, à mon avis, c’était à Hitler qu’il incombait de décider du sort qui devait être réservé aux conjurés. Peu après minuit, je partis en auto pour m’opposer à leur exécution. Bollbrinker et Remer étaient avec moi dans l’auto. Au milieu de Berlin plongé complètement dans les ténèbres, la Bendlerstrasse était illuminée par des projecteurs : tableau irréel et fantastique. Il faisait le même effet théâtral qu’un décor de cinéma illuminé au beau milieu d’un studio plongé dans l’obscurité. De longues ombres noires ajoutaient à la plasticité du décor.
    Lorsque je voulus tourner dans la Bendlerstrasse, un officier SS m’enjoignit de m’arrêter au bord du trottoir dans la Tiergartenstrasse. Dans l’obscurité, sous les arbres, se trouvaient, presque méconnaissables, Kaltenbrunner, le chef de la Gestapo, et Skorzeny, le libérateur de Mussolini, entourés par un grand nombre de sous-officiers SS. Ces silhouettes sombres semblaient aussi fantomatiques que leur comportement. Personne ne claqua des talons lorsque nous saluâmes, ils avaient perdu cette allure fringante qu’ils affichaient d’habitude, tout se passait en silence notre entretien se déroula à voix basse, comme lors de funérailles. J’expliquai à Kaltenbrunner que j’étais venu pour empêcher Fromm de tenir un conseil de guerre. Mais aussi bien Kaltenbrunner que Skorzeny, dont j’avais attendu plutôt des explosions de colère ou de triomphe devant la défaite morale de l’armée de terre concurrente, me répartirent sur un ton presque indifférent que les événements étaient en premier lieu l’affaire de l’armée de terre : « Nous ne voulons pas nous immiscer ni intervenir en aucun cas. Du reste, le conseil de guerre s’est probablement déjà tenu ! » Kaltenbrunner m’assura que la SS n’interviendrait pas pour écraser le soulèvement ou pour exécuter les jugements des cours martiales. Il avait même interdit à ses gens de pénétrer dans le bâtiment de la Bendlerstrasse. Toute intervention de la SS créerait

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