Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
quelques questions dont je dois m’entretenir seul à seul avec le Reichsführer, mon cher monsieur Speer. Bonne nuit. »
     
    Le lendemain, le 21 juillet, les ministres les plus importants furent invités à venir au quartier général du Führer présenter leurs félicitations à Hitler. Mon invitation mentionnait que je devais être accompagné de Dorsch et de Saur, mes deux principaux collaborateurs : cette précision était d’autant plus singulière que tous les ministres arrivèrent sans leurs adjoints. Lors de la réception, Hitler les salua avec une cordialité ostentatoire, tandis qu’il passait devant moi en se contentant de me serrer négligemment la main. Les membres de l’entourage de Hitler me manifestèrent une froideur incompréhensible. Dès que j’entrais dans une pièce, les conversations cessaient, les personnes présentes s’éloignaient ou se détournaient. Schaub, l’aide de camp civil de Hitler, me dit d’un ton qui en disait long : « Maintenant nous savons qui était derrière l’attentat ! » Puis il me planta là, et je ne pus en apprendre davantage. Saur et Dorsch furent même invités sans moi à prendre le thé le soir avec le cercle des intimes. Tout cela était troublant et m’inquiétait beaucoup.
    Keitel, par contre, était définitivement sorti de la crise qui s’était préparée dans les dernières semaines à partir des conceptions en vogue dans l’entourage de Hitler. En se relevant immédiatement après l’attentat et en voyant Hitler sain et sauf, il s’était précipité vers lui, ainsi que le racontait maintenant Hitler, en criant : « Mon Führer, vous êtes en vie, vous vivez ! » et, passant outre à toutes les conventions, il l’avait embrassé fougueusement. Il était évident qu’après cela Hitler ne le laisserait plus tomber et cela d’autant moins que Keitel lui semblait être l’homme qu’il fallait pour exercer les représailles contre les putschistes : « Un peu plus, et Keitel aurait perdu la vie. Il sera impitoyable », déclara-t-il.
    Le lendemain, Hitler était redevenu presque aimable à mon égard et son entourage adopta la même attitude. Sous sa présidence, une conférence eut lieu dans le pavillon de thé à laquelle je participai aux côtés de Keitel, Himmler, Bormann et Goebbels. Hitler avait repris à son compte les idées que je lui avais communiquées par écrit quinze jours auparavant et conféra à Goebbels le titre de « commissaire du Reich à la guerre totale  14   ». Le fait d’avoir échappé à la mort lui avait rendu son esprit de décision ; en quelques minutes furent obtenus des résultats pour lesquels nous nous battions, Goebbels et moi, depuis plus d’un an.
    Immédiatement après, Hitler aborda les événements de ces derniers jours : il triomphait, affirmant que désormais le grand tournant positif de la guerre était venu. Le temps de la trahison était maintenant passé, de nouveaux généraux plus capables assumeraient le commandement. Aujourd’hui il comprenait qu’en organisant un procès pour éliminer Toukhatchevski, Staline avait fait un pas décisif lui permettant de mettre sur pied un commandement efficace. En liquidant l’état-major général, il avait fait place nette pour des hommes nouveaux qui n’avaient pas été formés pendant l’époque tsariste. Jadis il avait toujours vu dans les accusations portées pendant les procès de Moscou de 1937 des falsifications ; mais maintenant, après l’expérience du 20 juillet, il se demandait s’il n’y avait pas eu une part de vérité dans ces accusations. Certes, il n’avait pas aujourd’hui plus de preuves qu’hier, poursuivit Hitler, mais il ne pouvait plus exclure la possibilité d’une trahison des deux états-majors collaborant ensemble.
    Tous les participants à la conférence approuvèrent. Goebbels se mit particulièrement en évidence en accablant de son mépris et de ses railleries les généraux de l’état-major. Comme je faisais des réserves, il me rabroua aussitôt brutalement. Hitler écoutait en silence 15  .
    Le fait que le général Fellgiebel, le chef des services de transmission, ait fait partie lui aussi du groupe des conjurés provoqua chez Hitler une explosion où la satisfaction, la colère et le triomphe se mêlaient à la conscience d’être justifié : « Maintenant, je sais pourquoi tous mes grands plans étaient condamnés à échouer en Russie pendant ces dernières années. Tout

Weitere Kostenlose Bücher