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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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sentinelles avaient reçus, mais nous n’apprîmes pas grand-chose. Les soldats en faction près du mur se montrèrent peu loquaces et finirent par répondre sans aménité : « Ici, personne n’entre ni ne sort. »
    Les coups de téléphone que Goebbels passait inlassablement et dans tous les azimuts apportèrent des nouvelles inquiétantes. Des unités de Potsdam semblaient déjà en route vers Berlin, des garnisons de la province approchaient également, disait-on. Pour ma part, tout en réprouvant spontanément le soulèvement, j’éprouvais le sentiment étrange d’être simplement présent sans participer aux événements, comme si tout cela, l’activité fiévreuse d’un Goebbels nerveux et décidé, ne me concernait pas. Pour le moment la situation paraissait plutôt désespérée et Goebbels se montrait extrêmement préoccupé. De la constatation que le téléphone fonctionnait toujours et que la radio ne transmettait pas encore de proclamation des insurgés, il conclut toutefois que la partie adverse hésitait encore. De fait, il est incompréhensible que les conjurés aient négligé de neutraliser les moyens d’information ou de s’en servir à leurs propres fins bien qu’ils eussent prévu, dans un plan établi plusieurs semaines à l’avance, non seulement d’arrêter Goebbels, mais aussi de s’emparer du central téléphonique interurbain, du bureau télégraphique central, du centre de transmission de la SS, du bureau central de la Reichspost, des émetteurs les plus importants situés autour de Berlin et de la Maison de la Radio 10  . Il aurait suffi de quelques soldats pour pénétrer chez Goebbels sans rencontrer de résistance et arrêter le ministre ; en effet nous n’avions pour toutes armes et pour toute protection que quelques revolvers. Goebbels aurait probablement tenté d’échapper à la captivité en absorbant le cyanure de potassium qu’il tenait prêt à toute éventualité. Ainsi aurait été éliminé l’adversaire le plus talentueux des conjurés.
    Pendant ces heures critiques, Himmler, le seul à disposer de troupes sûres capables d’écraser le putsch, resta bizarrement introuvable. Il se tenait manifestement à l’écart, et cela inquiétait d’autant plus Goebbels qu’il essayait en vain de trouver un motif plausible à cette attitude. Il exprima devant moi à plusieurs reprises sa méfiance à l’égard du Reichsführer et ministre de l’Intérieur, et les doutes de Goebbels quant à la loyauté de Himmler lui-même m’ont toujours paru être l’indice par excellence de l’incertitude qui régna en ces heures-là.
    Était-ce par méfiance à mon égard qu’il me demanda de sortir pendant qu’il téléphonait ? Assez ouvertement, il me faisait sentir son scepticisme. Plus tard, j’ai supposé qu’il avait peut-être eu le sentiment de s’assurer de ma personne en me retenant à ses côtés ; d’autant que les premiers soupçons s’étaient portés sur Stauffenberg et donc nécessairement sur Fromm. Après tout, Goebbels connaissait mon amitié pour Fromm qu’il affectait depuis longtemps de traiter ouvertement d’ « ennemi du parti ».
    Moi aussi je pensai immédiatement à Fromm. Congédié par Goebbels, je me fis mettre en communication avec le central téléphonique de la Bendlerstrasse et demandai à parler à Fromm, car c’est de lui que j’avais le plus de chances d’obtenir des détails. « Le général Fromm est introuvable », fut la seule réponse que j’obtins. J’ignorais qu’à ce moment-là il était enfermé dans une pièce de la Bendlerstrasse. « Mettez-moi en communication avec son aide de camp. » On me répondit alors que personne ne répondait au numéro demandé. « S’il vous plaît, passez-moi le général Olbricht. » Il fut tout de suite à l’appareil : « Que se passe-t-il, mon général ? lui demandai-je sur le ton de plaisanterie qui nous était familier et qui permettait de surmonter des situations difficiles, je dois travailler et je suis retenu ici chez Goebbels par des soldats. » Olbricht s’excusa. « Pardonnez-moi, dans votre cas, il s’agit d’une erreur. Je vais arranger cela. » Il avait raccroché avant que je puisse lui poser d’autres questions. J’évitai de rapporter intégralement à Goebbels ma conversation avecOlbricht. Car le ton et le contenu de nos paroles indiquaient plutôt une entente entre nous et pouvaient éveiller la méfiance de

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