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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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c’est-à-dire d’un homme pourvu de pouvoirs exceptionnels qui, sans se préoccuper des questions de prestige, serait chargé de supprimer l’organisation confuse de la Wehrmacht en trois ou quatre armes et de créer enfin des structures aussi claires qu’efficaces. Si ce mémoire portait la date du 20 juillet, c’était un simple hasard, mais il contenait un certain nombre d’idées que nous avions discutées au cours de conversations avec les militaires qui avaient participé au putsch 7  .
    L’idée de téléphoner entre-temps au quartier général du Führer pour obtenir des détails ne m’effleura pas. Je supposai vraisemblablement qu’étant donné l’agitation qu’un tel événement ne pouvait manquer d’avoir déclenchée, un appel téléphonique ne ferait qu’ajouter à la perturbation. En outre, j’étais accablé à l’idée que le responsable de l’attentat pouvait venir de mon organisation. Après le déjeuner, je reçus comme prévu l’ambassadeur Clodius, du ministère des Affaires étrangères, qui me fit son rapport au sujet de fa « préservation du pétrole roumain ». Mais avant la fin de l’entretien, je reçus un coup de téléphone de Goebbels  8  .
    Depuis la matinée, sa voix apparaissait étonnamment transformée ; elle était rauque et traduisait une grande agitation : « Pouvez-vous interrompre immédiatement votre travail ? Venez vite ! C’est absolument urgent ! Non, je ne peux rien vous dire au téléphone. » L’entretien fut interrompu sur-le-champ, je me rendis chez Goebbels vers dix-sept heures. Il me reçut dans son bureau, au premier étage de son palais résidentiel qui était situé au sud de la porte de Brandebourg. Il me dit avec précipitation : « Je viens de recevoir du quartier général l’information selon laquelle un putsch militaire est déclenché dans tout le Reich. Je voudrais que vous soyez à mes côtés dans cette situation. Il m’arrive parfois de décider trop vite. Vous pouvez tempérer cette précipitation par votre calme. Nous devons agir avec circonspection. »
    De fait, cette nouvelle me plongea dans un état d’agitation qui n’avait rien à envier à celui de Goebbels. D’un seul coup je me souvins de toutes les conversations que j’avais eues avec Fromm, Zeitzler et Guderian,avec Wagner, Stieff, Fellgiebel, Olbricht ou Lindenmann. Je pensai à notre situation sans issue sur tous les fronts, à la réussite de l’invasion, à la suprématie de l’Armée rouge et aussi à la faillite imminente de notre approvisionnement en carburant, et me remémorai la manière souvent virulente dont nous avions critiqué le dilettantisme de Hitler, ses décisions absurdes, les affronts perpétuels, les humiliations et les mortifications incessantes qu’il réservait aux officiers supérieurs. Certes je ne pensais pas que Stauffenberg, Olbricht, Stieff et leur cercle fussent mêlés au putsch. J’aurais plutôt cru capable d’un tel acte un homme de tempérement colérique comme Guderian. Goebbels devait déjà avoir été informé à cette heure, ainsi que je le découvris plus tard, des soupçons qui pesaient sur Stauffenberg. Mais il ne m’en parla pas. Pas plus qu’il ne m’informa de la conversation téléphonique qu’il venait d’avoir avec Hitler juste avant mon arrivée 9  .
    Sans avoir connaissance de ces faits, je m’étais déjà décidé. De fait, je pensais qu’un putsch tenté dans notre situation était catastrophique ; d’autre part, je ne discernais pas son éthique. Goebbels pouvait compter sur mon aide.
    Les fenêtres du bureau de Goebbels donnaient sur la rue. Quelques minutes après mon arrivée, je vis des soldats en tenue de combat, casqués, les grenades passées dans la ceinture et le pistolet mitrailleur à la main se diriger, en petites formations, vers la porte de Brandebourg. Arrivés là-bas, ils mirent en place leurs mitrailleuses et interdirent toute circulation, tandis que deux d’entre eux, armés jusqu’aux dents, se dirigeaient vers la porte d’entrée aménagée dans le mur du parc pour monter la garde. Je demandai à Goebbels de venir, il comprit tout de suite ce que cela signifiait et disparut dans sa chambre à coucher attenante où il prit quelques pilules dans une petite boîte qu’il mit dans la poche de sa veste : « Voilà, on ne sait jamais ! » dit-il, visiblement tendu.
    Nous cherchâmes à savoir par un aide de camp quels étaient les ordres que ces

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