Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
Vom Netzwerk:
d’une avalanche de chiffres montrant les succès que nous avions jusqu’alors remportés au cours de notre travail et concernant les nouveaux programmes que Hitler nous avait confiés. Les progrès dans la production exigés par Hitler devaient montrer aux dirigeants du parti que nous étions, moi et mon appareil ministériel, irremplaçables pour le moment. Je réussis à détendre l’atmosphère en démontrant, à l’aide de nombreux exemples, que la Wehrmacht possédait des stocks de matériel qui n’étaient pas exploités. Goebbels s’écria à voix haute : « Sabotage ! sabotage ! » et montra par là que les dirigeants voyaient partout, depuis le 20 juillet, la trahison, la conspiration et la perfidie à l’œuvre. Quoi qu’il en soit, les Gauleiter furent impressionnés par mon rapport sur la production.
    Depuis Posen, les participants au congrès se rendirent au quartier général du Führer où Hitler s’adressa à eux le lendemain dans la salle de cinéma. Bien que mon rang dans le parti ne m’eût pas habilité à siéger parmi eux 19  , Hitler m’avait demandé expressément de participer à cette réunion. Je m’assis au dernier rang.
    Hitler parla des conséquences du 20 juillet, expliqua ses échecs passés par la trahison des officiers de l’armée de terre et se montra rempli d’espoir pour l’avenir : il avait acquis une confiance « comme il n’en avait jamais connu dans [sa] vie 20   ». Car jusqu’à présent tous ses efforts avaient été sabotés, mais maintenant la clique de criminels était démasquée et éliminée, et finalement ce putsch avait peut-être constitué un événement extrêmement bénéfique pour notre avenir. Hitler répétait presque mot pour mot ce qu’il avait déjà déclaré immédiatement après le putsch, devant un cercle plus restreint. Il était précisément en train de faire impression sur moi, malgré tout ce que son attitude pouvait avoir d’absurde, avec ses paroles dénuées de passion, mais qui reflétaient l’émotion qu’il éprouvait en évoquant son sort, lorsqu’une phrase tomba, qui me tira d’un seul coup de toutes mes illusions : « Mais si maintenant le peuple allemand succombe dans ce combat, dit-il, c’est qu’il aura été trop faible. Il n’aura pas triomphé de l’épreuve devant l’histoire et il n’était destiné à rien d’autre qu’à périr 21  . »
    Fait surprenant et tout à fait contraire à son habitude de ne pas mettre en valeur ses collaborateurs, Hitler attira l’attention de son auditoire sur mon travail et sur mes mérites. Il savait ou pressentait sans doute qu’il était nécessaire, compte tenu de l’attitude hostile des Gauleiter, de me réhabiliter à leurs yeux, pour me permettre à l’avenir de continuer à travailler avec succès. Il montra ostensiblement et publiquement aux dirigeants du parti que ses rapports avec moi ne s’étaient pas refroidis depuis le 20 juillet.
    Je profitai de ma position à nouveau renforcée pour venir en aide à des amis et à des collaborateurs qui avaient été atteints par la vague de persécutions déclenchée le 20 juillet 22  . Par contre, Saur dénonça deux officiers de la direction de l’armement et du matériel de l’armée de terre, le général Schneider et le colonel Fichtner, dont l’arrestation fut décrétée aussitôt par Hitler. Saur s’était contenté de rapporter une déclaration présumée de Schneider qui aurait prétendu que Hitler était incapable de comprendre les problèmes techniques ; quant à Fichtner, on prétexta le fait qu’il n’avait pas encouragé avec toute l’énergie possible la production des nouveaux types de blindés réclamés par Hitler dès le début de la guerre, pour l’accuser de sabotage conscient. Typique du manque d’assurance de Hitler fut cependant le fait qu’il fut immédiatement d’accord pour que soient libérés les deux officiers en faveur desquels j’étais intervenu 23  , à la condition toutefois qu’ils ne seraient plus affectés à la direction de l’armement de l’armée de terre.
    Un événement dont je fus témoin le 18 août au quartier général était très révélateur de l’inquiétude qui s’était emparée de Hitler, depuis que les généraux passaient pour peu sûrs. Trois jours plus tôt, alors qu’il se rendait auprès de la VII e armée, le maréchal Kluge, commandant en chef du front ouest, n’avait pu être joint pendant plusieurs heures.

Weitere Kostenlose Bücher