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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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tentaient brusquement d’intervenir dans les entreprises « sans demander l’avis de personne ». Trois semaines plus tard, du fait de l’intervention du parti, « un double commandement s’était institué ». Les services de l’armement étaient soumis « en partie à la pression exercée par les Gauleiter ; leurs interventions arbitraires provoquaient une pagaille inouïe 1   ».
    Les Gauleiter étaient encouragés dans leur ambition et leur activité par Goebbels, qui se considérait soudain moins comme un ministre du Reich que comme un chef de parti : soutenu par Bormann et Keitel, il préparait des incorporations massives. Il fallait s’attendre à voir les interventions arbitraires aboutir à de graves ingérences dans la production d’armements. Le 30 août 1944, je fis part à mes directeurs généraux de mon intention de rendre les Gauleiter responsables de la production de l’armement 2  . J’étais décidé à capituler.
    D’autant que j’étais désarmé ; car pour moi, comme depuis un certain temps pour la majorité des ministres, c’est à peine s’il était encore possible d’exposer de telles situations à Hitler, surtout lorsqu’elles concernaient le parti. Dès que la conversation prenait un tour désagréable, il éludait. Il était maintenant plus indiqué de lui faire part de mes doléances par écrit.
    Mes griefs concernaient les immixtions du parti qui se multipliaient. Le 20 septembre j’écrivis à Hitler une lettre détaillée à ce sujet, dans laquelle je lui exposais en outre ouvertement les reproches du parti à mon égard, ses efforts pour m’éliminer ou me duper, ses soupçons et ses tracasseries.
    Le 20 juillet, écrivis-je dans ma lettre, a « renforcé la méfiance du parti vis-à-vis de mes nombreux collaborateurs qui viennent du monde de l’industrie ». Le parti est toujours convaincu que mon entourage immédiat est « réactionnaire, lié unilatéralement aux mêmes personnalités de l’économie et étranger au parti ». Goebbels et Bormann m’avaient déclaré ouvertement que mon organisation fondée sur le principe de l’autonomie de l’industrie et mon ministère pouvaient être qualifiés de « réservoir des dirigeants réactionnaires de l’économie » et d’ « hostiles au parti ». Je ne me sentais pas « en mesure de mener à bien, en toute liberté et avec des chances de succès, la mission technique dont nous étions chargés, mes collaborateurs et moi, si notre travail devait être apprécié en fonction des critères politiques du parti 3   ».
    « Je ne donnais mon assentiment, poursuivis-je dans ma lettre, à l’intervention du parti dans le travail de production d’armements qu’à deux conditions : les Gauleiter, de même que les fondés de pouvoir de Bormann dans les Gaue (les conseillers économiques régionaux) devaient m’être subordonnés directement dans les questions de production d’armements. On devait veiller à « définir des notions claires en matière de commandement et d’attributions  4   ». Allant plus loin, je demandais à nouveau à Hitler qu’il prenne parti en faveur des principes que j’appliquais pour diriger la production d’armements : « Il est indispensable de décider sans équivoque si l’on veut à l’avenir continuer à diriger l’industrie selon le système fondé sur l’autonomie de l’industrie en faisant confiance aux chefs d’entreprises, ou si l’on veut appliquer un autre système. A mon avis les chefs d’entreprises doivent conserver la responsabilité de leur entreprise et cette responsabilité doit être soulignée avec autant de force que possible. » Un système qui a fait ses preuves ne doit pas être modifié, écrivais-je en conclusion, mais je tenais pour nécessaire qu’une décision soit prise « qui indique clairement à tout le monde dans quelle sens s’orientera à l’avenir la direction de l’économie ».
     
    Le 21 septembre, je remis ma lettre à Hitler dans son quartier général. Il en prit connaissance sans dire un mot. Sans me donner de réponse, il appuya sur le bouton de la sonnette et donna ma lettre à un aide de camp en le priant de la transmettre à Bormann. En même temps, il chargea son secrétaire de prendre une décision au sujet du contenu de ce mémoire, en collaboration avec Goebbels qui était présent au quartier général. Ainsi j’avais définitivement perdu. Hitler en avait manifestement assez

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